Il dansait avec moi. Serrer. Sa main autour de ma taille. J’ai fermé les yeux, j’ai passé une main sur sa nuque. Et j’ai imaginé l’espace d’un instant dansé avec mon homme. Mon fiancé. Et pas avec un enfant. Droite, gauche, droite. Se laisser envouter par la musique. Puis le regarder dans les yeux. Sourire. Revivre dans ses bras. J’ai collé un peu plus mon bassin au sien, me laissant aller. J’ai souris. Encore. Des étoiles pleines les yeux. L’accident n’avait jamais eu lieu. J’étais avec lui, de nouveau, comme si rien ne s’était passé. J’ai ris même. Peut-être avais-je trop bu. Peut-être allais-je le regretter. Mais qu’importe. Il était là. J’étais là. Et je voulais croire que nous étions de nouveau deux amants. Deux amours. Deux âmes. Une seule et unique personne. Juste. Lui et moi. Nous. A nouveau réunis. Sur cette piste de danse. J’ai laissé mes cheveux se balancer, à droite, à gauche, au rythme de mes pas. Et puis, il m’a entraîné au bar. M’a offert une Vodka. Je l’ai avalé cul sec. Ce n’était pas vraiment bien. J’étais ivre. Ivre d’amour perdu. Ivre de bonheur gâché. Ivre de lui. J’ai fermé les yeux, la tête en arrière. Et j’ai entendu ses paroles. Sa proposition de sortir. Et sa main dans la mienne. Oui, comme avant. Rien n’avait changé. Ivre. Saoul. Souriante. L’haleine qui puait la Vodka. Peu importe. Besoin d’oublier l’espace d’un instant cet accident : et moi la coupable. Et dehors, j’ai ouvert les yeux, j’ai vu qu’il m’emmenait dans sa voiture. J’ai pris place. Je savais qu’il ne fallait pas, et pourtant : je voulais tellement y croire. Tellement croire que tout était redevenu comme avant, qu’il se souvenait. 5 minutes après, nous étions arrivés. Et je suis descendue de la voiture. Je ne devrais pas entrer. Je ne devrais pas le suivre. Et pourtant. Arrivée dedans, j’ai retiré mes chaussures. Ivre. J’ai entendu mon prénom. J’ai tourné la tête, je l’ai regardé. Dans ses yeux, un désir sans nom. Comme si rien n’avait existé. Et il s’est jeté sur moi.

Je l’ai embrassé à perdre haleine. Je l’ai embrassé au péril de ma vie. J’ai senti ses mains agrippées mes cuisses. Je me suis laissée portée. J’ai embrassé ses lèvres. Laissant ma langue aller jouer avec la sienne. Il ne fallait pas. On ne devait pas. Pas dans cet état. Pas … Comme ça. Et pourtant. Je voulais tellement y croire. Je voulais tellement que ça soit redevenu réel. Qu’il ne m’a jamais quitté. Il m’embrassa le cou, mes mains agrippant sa nuque. Je suis redescendue. Je l’ai embrassé encore. Je l’ai poussé. Jusqu’à ce qu’il se retrouve assis dans le canapé. Je le voulais. Je voulais faire l’amour à mon mari. Je l’ai embrassé encore, me mettant à califourchon sur lui. Mais il n’était pas mon mari. Il était … L’ancien Sean. Celui que je n’ai jamais connu. Je ne voulais pas être un jouet pour lui. Moment de conscience. J’ai posé mon front sur le sien, j’ai posé un doigt sur ses lèvres. « Non. » Je me suis reculée, j’ai passé mes mains sur mon visage. « On ne peut pas. Je ne peux pas » J’ai penché ma tête en arrière. Elle tournait. Un peu trop d’alcool. Un peu trop de ci, de ça. Un peu trop de tracas. Et je ne sais pas. J’ai encore voulus y croire. Et la conscience s’en est allée. Je l’ai embrassé encore. Avec passion. Destruction. Meurtre. Je voulais y croire. Croire dur que faire. A cet amour. Je voulais croire qu’il restait cette flamme entre nous. Et je l’ai embrassé, me collant à lui. Encore et encore ; sans jamais le lâcher. Embrasse-moi, aime-moi. Dis moi je t'aime une dernière fois.

La fièvre du désir me prit. Je chauffais, au fur et à mesure qu’il continuait à m’embrasser. M’embrassant avec ardeur. Il m’emmena là-haut, dans notre chambre. Enfin sa chambre. Enfin je ne savais plus vraiment. Je me retrouvais nue face à lui. En une minute de temps. Et il finit nu devant moi aussi. Sauf que… Je n’ai pas vraiment compris. Je tombais en léthargie totale lorsqu’il partit décrocher son téléphone. Et je m’endormis, complètement saoul. Et je le senti s’écraser à côté de moi. Nous avions trop bu. Beaucoup trop. Et les songes m’emportant, quelque chose me disait que j’allais le regretter. La nuit fut agitée. Trop de cauchemars. Trop de choses dansantes dans ma tête. Des images. Lui, notre danse. Son odeur me parvint. Me calma instantanément. Ses yeux, amoureux. Et puis transporter, on atterrit à ce soir-là, le fameux soir où il m’a demandé en mariage. Et la bague. Sauf qu’il me poussa à l’eau. J’avais du mal à respirer, je suffoquais. Je ne savais plus comment nager.

Et je me suis réveillée en sursaut. « Aie » Ma tête me faisait un mal de chien. Je l’ai prise entre mes mains. Et j’ai vu… Je l’ai vu nu à côté de moi. Et je me suis regardée. J’étais nue aussi. Mais non. Mais … J’ai écarquillé les yeux, essayant de me rappeler de la soirée d’hier. Mais rien, le trou noir. Le néant. Je me suis relevée, je me suis habillée en vitesse tandis qu’il se réveillait. Alors, il se redressa, se prenant la tête entre les mains. Habiller, j’ai plissé les yeux et je lui ai foutu une claque sur la tête. « Ordure ! J’étais ivre ! T’en as profité ! » J’ai serré la mâchoire : mais la vache ! Comment il avait fait pour me trainer jusqu’ici. Je ne me souvenais de rien. Je me suis laissé tomber sur le lit. Je me suis allongée, j’ai fermé les yeux, mais c’était le noir. J’ai posé mes mains sur mon visage, et j’ai commencé à baragouiner des trucs sans queue ni tête, insultant le monde entier. « C’est pas vrai, c’est un cauchemar. Je vous en supplie, dîtes moi qu’on n’a pas couché ensemble… Pas comme ça. »

Et j’étais bloquée vers la sortie. Lorsqu’il me demanda si j’en étais sûre, je me mise à froncer les sourcils. Si je n’étais pas sûre, je ne lui aurais pas dit tout ça hein. Je me suis retournée alors, et je l’ai regardé. Pourquoi me demandait-il ça ? Pensait-il que je mentais ? Et puis, il me posa des dizaines de questions. Et je fus incapable de soutenir son regard : et s’il disait vrai ? Après tout, j’espérais tellement que ça ne se soit pas passé comme ça, que mon esprit aurait pu … Tout inventer. J’ai regardé le sol, et je l’ai senti s’approcher. Alors j’ai levé la tête, et je l’ai regardé. Et il approcha sa tête. Un peu trop. Trop de tentation, trop de désir, trop d’amour émanait de moi. J’ai reculé. Cette proximité était dangereuse. Dangereuse pour nous. Parce que je savais pertinemment que même si je … même si je faisais la fille forte, j’étais accroc à nos souvenirs. A cette personne en face de moi. A l’homme de ma vie. J’ai reculé. Mais il a encore approché. Alors j’ai encore reculé. Je n’aimais pas ça, pas ça du tout. Bientôt, mon dos rencontra la porte, et son visage s’approcha du mien. Je sentais son souffle. Son odeur. La chaleur de son corps. Je l’ai regardé droit dans les yeux. « Je … Ne veux pas … » Incapable de reprendre mes esprits, il était trop proche.

Il aurait pourtant seulement suffit que je le pousse. Et que je lui dise que non, ça ne me déplait pas, mais pas dans l’état que nous étions. Mais j’étais incapable de faire autre chose que de le regarder dans les yeux. J’étais tétanisée par ses yeux, son regard. Et son souffle. Sur ma peau. Je sentais alors sa main frôlée ma cuisse, et un frisson intense me parcouru. Il commençait à jouer avec moi. Il fallait que je l’arrête. Tout de suite. Avant que ce qui ne s’est pas passé hier –ou bien qui s’est passé- ne se produise. J’ai déglutis difficilement. J’avais du mal à me dire qu’il … N’était plus le même. Et pourtant. Et alors, sa main se nicha au-dessus de mon boxer. Et ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Je me suis carrément jetée sur lui, l’embrassant à en perdre haleine. J’attrapais sa nuque, et je l’embrassais, encore et encore, jusqu’à ne plus avoir de souffle. Et alors, je l’ai poussé. Je l’ai poussé loin de moi. « S’il te plait, non. » J’ai levé les mains devant moi. J’ai baissé la tête, et j’ai fermé les yeux. Ok. Reprends-toi Mira. Il n’est pas celui que tu penses. J’ai respiré, calmement. Il ne fallait pas qu’il m’approche. Cela devenait dangereux. Et je ne voulais pas faire quelque chose que … Non. En fait, je n’allais pas regretter, je le savais. Et pourtant. Quelque chose me disait de ne pas lui faire l’amour. De ne pas tenter le diable.