Il n'était pas très tard, je déteste me rendre au cimetière la nuit, j'ai bien trop peur pour le faire. C'est pourquoi j'y vais toujours en pleine journée, ou avant que le soleil se couche. Ce soir, il n'allait pas tarder à laisser place à la nuit mais j'avais déjà presque terminé. "Tu me manques tellement tu sais... J'en ai assez de devoir affronter chaque journée sans toi. Tiara me demande sans cesse pourquoi son papa n'est plus là. Elle est forte, enfin elle veut le paraître mais je l'entends pleurer le soir, dans sa chambre. Elle n'a que trois ans mais sait déjà se comporter comme une vraie petite femme. Je donnerais mon coeur pour que tu sois avec nous..." Des larmes coulèrent le long de mes joues. Je ne peux m'empêcher de pleurer lorsque je lui parle. Harold était mon mari, mon âme-soeur. Jamais je ne retrouverai l'amour après lui... "Je vais te laisser. Tu sais comme j'ai peur de la nuit..." Après mon accident, la nuit a pris une autre dimension à mes yeux. Je ne suis plus assez vaillante pour braver le noir et l'obscurité. "Je t'aime plus que tout. Je reviendrai demain après les cours. Je t'aimerai toujours..." Je termine toujours mes visites par ces mots. Harold était ma vie avant que Tiara n'apparaisse. Eux deux sont mes anges.

Je me suis levée lentement, ne pouvant entendre ce qui se passait derrière moi. Ma surdité partielle m'empêchait de le faire. J'ai essuyé mes joues et j'ai envoyé tous les baisers du monde à mon amour du passé. Lorsque je me suis retournée, Matthew était là. Il m'a fait sursauter. Malgré tout, je me suis forgé un sourire, hors de question qu'il me voit pleurer, même s'il avait probablement tout entendu de ce que j'ai pu dire à Harold. "Salut." Lui dis-je faiblement. Je me suis rapprochée de lui, ne pouvant pas lire sur ses lèvres autrement. "Tu arrives ou tu rentres ?" J'espérais qu'il parte, il pourrait alors me raccompagner, la nuit approchant à grands pas...

Matthew avait raison, on ne savait pas qui on pouvait croiser à une heure aussi tardive. Je ne pouvais pas le nier, j'en étais la première concernée. Je n'ai rien répondu à cela, je ne voulais pas reparler de "l'accident". "Je compatis, franchement, je suis à pour toi." Je voulais absolument qu'il le sache. "Oui, si tu me raccompagnes après." Autant être franche, je ne voulais pas rentrer chez moi toute seule, surtout pas à l'heure à laquelle nous sortirions de ce verre. J'avais bien trop peur de me retrouver seule face à la pénombre.