Il était dans les alentours d’une heure du matin quand je me promenais dans les rues de Los Angeles. J’avais fini tard le boulot et je n’avais pas envie de rentrer tout de suite chez moi. Je m’étais dit qu’une promenade me ferait du bien. Les rues étaient calmes et quasiment désertes. C’était assez étrange, les rues semblaient immenses alors que c’est tout l’inverse la journée où c’était inondé de monde. On avait même parfois du mal à se frayer un chemin.

Tout était calme quand un cri vient briser le silence. Une femme était en train de se faire agresser dans la ruelle tout près de là où j’étais. Par instinct, j'avais tout de suite décidé d’intervenir. Évidemment, on s’échangeait des coups, mais ce que je n’avais pas vu venir, c'était un coup de couteau en plein dans l’abdomen. Je m’effondrais par terre et l’homme s’en allait en courant. La jeune femme affolait appeler les secours, je m’étais redressé m’asseyant contre le mur. De ce que je voyais de ma plaie ce n’était pas du joli. J’entendais les sirènes de l’ambulance retentir.

Parfois, il était préférable de ne pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Cette fois, ça m’aurait évité d’être au sol en train de me vider de mon sang. Mais si je n’avais pas intervenu ça aurait pu être la jeune femme, près de moi dans cette situation. Puis il n’y aurait eu personne pour appeler les secours comme elle l’avait fait pour moi. Je supposais que les secours étaient arrivés rapidement, mais pour moi ça avait semblé être une éternité. J’étais assis contre le mur mon regard sur ma blessure sur laquelle je tentais d’appuyer péniblement pour tenter de ralentir le saignement. Mais je savais que ça ne servait à rien. Je n’appuyais pas assez fort, mais ma perte de sang me rendait faible. Je sentais la fatigue m’envahir, j’avais froid, mais je devais rester parfaitement éveillé. Je m’adressais à la jeune femme. « Ne me laissez pas m’endormir parlez-moi. » Je ne pouvais pas mourir bêtement de cette façon dans cette ruelle. J’avais encore des tonnes de choses arrivant.

Manque de chance pour moi l’ambulance qui arrivait comportée Nahla dans son équipe. Elle se précipitait vers moi, mais elle eut un temps d’arrêt en me reconnaissant avant de me demander de m’allonger. Je me laissais glisser pour m’allonger en grimaçant et en disant. « Là, tu venais d’hésiter en me reconnaissant. Je le sauve ou je le laisse pour mort comme la dernière fois ? » Bizarrement quand ça concernait mon ex petite amie, la faiblesse disparaissait, je me sentais mieux. J’avais gardé mes mains sur ma blessure pendant que Nahla découpait mon t-shirt.

Voir Nahla hésitait même un quart de seconde m’avait fait un pincement au cœur. Est-ce qu’elle me détestait autant ? Est-ce que tout ce que l’on a vécu ensemble, ces quatre ans n’avait plus la moindre importance pour elle ? Voulait-elle que je disparaisse définitivement de sa vie ? Apparemment oui pour avoir quitté Orlando sans savoir si je me réveillerais un jour ou non de mon coma Elle n’avait pas perdu de temps pour refaire sa vie à l’autre bout du pays. J’obéis à Nahla lorsqu’elle me disait de m’allonger, mais il me fallut un certain temps avant de retirer mes mains de ma plaie. Retirer mes mains signifiait que je lui faisais confiance et que je remettais ma vie entre ses mains. C’est simplement parce que je n’avais plus la force de lui tenir tête que je laissais tomber mes mains. J’essayais de voir un peu près ce qu’elle faisait. Je n’avais aucun doute sur sa capacité à faire son travail, mais elle n’était pas médecin. On me plaçait dans l’ambulance à partir de ce moment-là tout été très faux. Je sentais Nahla qui tentait de me maintenir éveillé en me parlant en me mettant même des claques au visage. Elle avait dû s’en donner à cœur joie. Mais je perdais tout de même connaissance.

C’est dans une chambre d’hôpital blanche et froide que je me réveillais. J’étais un peu perdu. Pourquoi j’étais ici ? C’est la douleur à mon abdomen qui me fit retrouver la mémoire. Le coup de poignard dans la ruelle sombre. Je cru être seul dans la chambre avant de remarquer la jeune femme qui avait appelé les secours assises sur une chaise à mon chevet. « Salut ... » dis-je tout simplement. « Ah vous êtes réveillé … Je suis tellement soulagé. Je ne vous remercierez jamais assez. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? » Je me redressai doucement avec difficulté, fichu blessure. « Vous pourriez commencer par me donner un verre d’eau s’il vous plait. » Dis-je j’avais la bouche totalement sèche et c’était en partie pour cela que j’avais de la difficulté à parler. La jeune femme me donnait à boire avant de dire quelques choses qui me surpris. « Je vais prévenir l’ambulancière que vous vous êtes réveillez. Elle a attendu avec moi. » Mes yeux ont dû souffrir grand. « Nahla est resté ? Vous pouvez lui demandé de venir s’il vous plait. » Je voulais savoir pourquoi elle était restée. Je trouvais cela étrange de la part d’une femme qui dit qu’elle ne voulait plus rien, à avoir, à faire avec moi.

Mes souvenirs de la soirée s’étaient stoppés à mon entrée dans l’ambulance. Tout le reste jusqu’à mon réveil était un réel trou noir. Je verrais mon dossier médical plus tard pour voir à quel point ce coup de couteau avait été important. J’étais sure d’une chose, c'était très douloureux et assez important pour que cette jeune inconnue et Nahla attendent mon réveil. La jeune inconnue ne me surprenait pas, elle voulait sans doute me remerciait et s’assurait qu’elle n’avait pas causé ma mort. Après tout, c'était à cause d’elle, si je me trouvais dans cette situation. Mais la jeune Valentine, je ne comprenais pas. Elle voulait que je me tienne éloigné de sa vie. Elle me détestait là et voilà qu’on m’apprend qu’elle était restée à mon chevet. J’avais demandé à la jeune inconnue de me laisser seul avec Nahla. Celle-ci entrait dans la chambre en disant directement qu’elle n’avait pas beaucoup de temps. « Nahla, tu as eu le temps de rester à toute la nuit et maintenant, tu n’as plus le temps. Vu l’heure, tu as fini ta garde et tu n’as rien de mieux à faire que de rentrer chez toi et dormir. Donc tu as bien quelques instants à m’accorder, même plus. » Je me redressais doucement en grimaçant à cause de ma blessure. « Rentres, je ne vais pas te manger. Pourquoi tu es restée toute la nuit ? Je pensais que tu ne voulais plus rien n’avoir à faire avec moi. » Cette femme était parfois incompréhensible. Elle avait le don de me rendre dingue dans tous les sens possibles du terme. Je n’avais tellement aimé malgré ce que l’on pouvait penser. On ne pouvait pas nier que lorsqu’elle était partie, j'avais été totalement perdu et détruit.