Les débuts de semaine sont toujours difficiles. ▬ FT. APRIL

APRIL & CALVIN

« une si belle rencontre... »

Les débuts de semaine sont toujours très difficile et le fameux lundi matin là où l’on se dit, on prend les même et on recommence. Tous les lundi matin sont les même pour moi, alors que je m’avance devant le miroir de la salle de bain, ce visage qui en dit long sur le week-end passé. Un week-end qui fut de nouveau très mouvementé, vendredi fut une soirée dès plus normal pour moi dans la boite de nuit dont j’ai l’habitude d’aller où j’y retrouve mes amis ou pas à faire les fête jusqu’au lendemain matin. Mais le pire fut le samedi, un anniversaire d’un très bon ami à moi qui a finis dans des bains de vodka et de whisky, c’est cette soirée qui m’avait achevé malgré que j’ai passé mon dimanche au lit avec ma gueule de bois et mon mal de crane que j’essayais de faire passer avec des médicaments pour. En ce lundi matin, j’avais toujours cette tête comme si j’avais fait une nouvelle bringue la veille. Je n’avais qu’une envie c’était refermer les volets et de me remettre sous la couette pour y dormir jusqu’au lendemain. Je n’allais pas une nouvelle fois faire le coup, mon père n’était d’ailleurs pas dupe, il me connaissait et savait où je passais mes week-end même si je me moquais royalement de ce qu’il pouvait penser. Mais j’avais certaines responsabilités et il fallait bien que j’aille bosser coûte que coûte. Juste le temps de me préparer, costard classe comme à mon habitude et de me prendre un café bien serré que me voilà partie dans ma belle décapotable lunette sur les yeux en direction de l’agence. Comme à chacune de mes arrivées, il y a la standardiste me léchant les bottes, ce n’est plus nouveau maintenant cette fille est complètement dingue de moi et cela devient lassant à force… Enfin… C’était donc partie pour une nouvelle matinée : réunions, rendez-vous et tout ce qu’il s’en suit…

La matinée était vraiment passée rapidement, malgré mon premier client me parlant de sa prochaine campagne de publicité complètement barbante… Ma pause déjeuné était enfin arrivée me dirigeant vers l’ascenseur, je fis signe à ma secrétaire. « Je prends mon après-midi, si il y a un problème urgent vous avez mon numéro de portable. » J’étais à jour dans mes dossiers, je n’avais pas de rendez-vous dans l’après-midi donc je ne voyais pas ce que j’allais foutre dans mon bureau à attendre gentiment que l’heure passe. Il me fallait toujours mon café avant d’aller dans un restaurant ou fast-food, c’est donc au starbuck coffe que j’allais comme à mon habitude…

Les débuts de semaine sont toujours difficiles. ▬ FT. APRIL Sanstitre1-6

Ce matin je m'étais levé aux aurores, comme à mon habitude. Toujours prête pour aller travailler et il faut dire que je n'avais pas vraiment le choix pour vivre. Il était 8h et je commençais mon service à 11h. J'avais alors largement le temps de filer sous la douche, de me préparer, d'avaler quelque chose et de passer à la bibliothèque chercher quelques livres avant de me rendre au Starbuck's Coffee. J'y travaillais depuis que j'étais à l'université, donc depuis trois ans. Pas que j'aimais réellement ce travail mais j'en avais besoin. Et puis il faut dire que c'est la seule fois où je me permets de parler à des inconnus sans partir en courant. J'ai réellement du mal à aller vers les autres, ce qui est un comble pour une élève en psychologie, et le fait d'être serveuse me pousse à dépasser cette frayeur. Le Starbucks était aussi un coin convivial, plus qu'un qu'un bar, les gens venaient à toute heure de la journée, que ce soit pour petit-déjeuner ou prendre un simple café entre amis. On ne retrouvait pas tous les alcooliques que l'on peut croiser dans les bars et qu'il faut en plus ramener chez eux lors de la fermeture. Au fond j'aimais vraiment cet endroit. La bonne odeur de café, de chocolat ou de viennoiseries, la bonne humeur sur le visage des gens. J'aime observer les gens et je pense que c'est ce que j'aime le plus dans ce travail, être entourée de personnes avec leurs émotions et expressions qui fusent et les observer longuement, les détailler et essayer de comprendre ce qu'ils sont.

Il était donc 9h lorsque je sortis de chez moi dix minutes plus tard je garais ma voiture sur le parking de l'université, direction la bibliothèque. Une heure et quelques minutes après j'étais dehors, le timing était parfait. J'arrivai donc sur mon lieu de travail avec même quelques légères minutes d'avance, de quoi me débarrasser de mes affaires, enfiler mon tablier, m'attacher les cheveux et vérifier la caisse, c'était parti, mon service avait commencé.

Il faut dire par contre qu'il n'y avait pas foule en cette fin de matinée. Moins d'une dizaine de personnes attablées autour d'un café, lisant leur journal ou pianotant leur clavier d'ordinateur. Ma pause arriva plus vite que je ne l'avais prévu, étant emporté dans l'observation des clients dans le café, je n'avais pas vu l'heure passée et il était temps pour moi d'aller manger. Je repris le service à 14h avec cette fois beaucoup plus de clients assoiffés de café après leur déjeuner. La salle était bondée, j'étais en activité constante, n'ayant pas un moment à moi, mais il faut dire que c'était ça mon boulot aussi. Plus tard dans l'après midi, les gens reprenaient leur travail pendant que moi je continuais le mien, et le café se vida petit à petit.

Aux alentours des 15h30, un jeune homme qui m'avait l'air légèrement plus âgé que moi fit son entrée dans le café alors désert. Son visage me rappelait quelque chose. Peut-être l'avais-je croisé à UCLA ou peut-être était-ce un habitué du café. Je ne sais pas mais ce qui était sûr est que son visage m'était étrangement familier – et il faut dire que j'ai une bonne mémoire. Il alla s'installer à une table et j'ai accouru pour lui demander ce qu'il souhaitait. Il commanda un café serré que je lui amena presque aussitôt puis il me remercia. Je fila derrière la caisse et ma petite occupation reprenait alors, je pouvais commencer mon observation et une chose me frappa soudain. Il avait les traits marqués par la fatigue, comme après un week end trop chargé ou trop mouvementé. Il n'avait également pas l'air très heureux, le visage maussade et assez pâle. Il n'arrêtait pas de se prendre la tête entre les mains. Je me suis soudain inquiétée, je n'aurais pas aimé voir un client s'effondrer au milieu du café et j'ai alors pris la décision d'aller le voir :

- Excusez-moi, est-ce que tout va bien ? Parce qu'on ne dirait pas trop...

J’avais laissé ma voiture garée au parking de l’agence, le Starbuck Coffe était à quelques dizaines de minutes de mon boulot, ce qui me faisait un peu marcher. J’avais une sacoche sur une épaule où se trouver mon ordinateur, je l’avais toujours sur moi histoire d’avancer un peu mes dossiers en cours où planifier des rendez-vous, cet ordinateur ne me quitte jamais ou presque jamais. J’arrivais donc à l’endroit voulu, le Starbuck Coffee, il n’y avait pas de monde pour ne pas dire personne, pas étonnant vu l’heure et puis cela m’arranger beaucoup ; pas de bruit de fond insupportable de gamins ou de ses femmes qui ont un micro dans la gorge… Je m’installai donc à une table, celle où je me mets très souvent à vrai dire, une habitude parmi tant d’autre. Une demoiselle, une belle petite blonde qui était employé ici vint me prendre ma commande, un café serré comme à chaque fois que je viens au Starbuck Coffee. Cette jeune femme je la vois très souvent lorsque je viens, cela doit surement faire un petit moment qu’elle travaille dans ce café… Alors qu’elle m’apporta mon café, c’est accompagné d’un sourire que je la remerciai, cette demoiselle avait une magnifique sourire et elle était très agréable, en même temps elle se doit de l’être avec les clients, mais elle le faisait si naturellement… J’avais maintenant mon café et je sortie mon ordinateur, la wifi qu’elle belle invention tous les cafés en était équipée maintenant et c’était parfait pour que je puisse consulter mes e-mails. Dont un, qui me plomba le moral ; un e-mail de mon père, en même temps il n’y a qu’une seule personne qui puisse m’énerver. Je refermai donc mon ordinateur tout en soupirant et buvant par la suite une gorgée de mon café, j’étais complètement lessivé avec le week-end chargé que j’avais eu et en plus de ça mon père qui me tombe dessus. Alors que je baissai ma tête la mettant dans mes mains, une douce voix m’interpella, ce qui me fit immédiatement relever la tête, c’était cette charmante et souriante serveuse qui me demandait si j’allais bien. Un sourire s’afficha sur mon visage. « Tout va bien juste un peu fatigué du week-end… Merci… » Je regardais alors son badge où était inscrit son prénom avant de reprendre. « April… » Je posai mon regard sur elle pour ajouter. « Vous avez bien le droit à une petite pause ? » Cette jeune femme était tellement gracieuse et d’une gentillesse si naturelle. « Prenez-vous ce que vous voulez, je vous l’offre et venez vous asseoir avec moi... Et je vous assure ce n'est pas une technique de drague... » Dit-je amusé.

Apparemment il avait eu un dur week-end, je comprenais donc mieux sa mine fatiguée. Cet homme était la description physique qu'une femme peut se faire de l'homme idéal, il avait tout pour plaire, un beau visage, un beau sourire, de très beaux yeux et une voix des plus rassurantes. Quand il me parlait j'avais comme l'impression que je le connaissais depuis toujours alors que c'était en réalité la première fois que je croisais cet homme. Quand je l'interpella pour lui demander si tout allait bien, son large sourire me réconforta et me soulagea. A voir l'email ouvert sur son ordinateur, il n'y avait pas que le week-end qui avait été dur apparemment... Bien que je n'aime pas fouiller, mes yeux se sont à peine posé sur l'écran d'ordinateur et j'ai compris que le long email affiché était sans doute également la cause de cette fatigue. Je dévia vite mon regard afin qu'il ne me croît pas trop intrusive, chose que je n'étais pas du tout et que je n'aimais pas. Il me proposa une pause en sa compagnie, chose que je n'avais généralement pas le droit de faire avec un client. Ce n'était soit disant pas dans l'éthique de la maison. En revanche, le café était désert et il y avait déjà du monde derrière le comptoir, je me demandais en quoi j'aurais pu être plus utile. Surtout que j'avais largement mérité une pause après 2h de service – tout compte fait pas vraiment mais je faisais comme si. Il me proposa même de m'offrir ce que je voulais, chose très galante de sa part. On voit rarement des hommes comme cela de nos jours, il ne courent plus vraiment les rues, ou alors c'est qu'ils se font discrets. Cet homme et ses manières me faisait rire, je décida donc de prendre cette pause et de discuter avec ce jeune homme - dont je ne connaissais encore même pas le nom - qui ne m'avait en réalité pas l'air bien, même si il voulait me prouver le contraire. Je lui répondis donc :

- Avec plaisir mais ne vous inquiétez pas, pour ce qui est du café c'est la maison qui paye pour les employés. Je lui rendis un large sourire.

Ce qu'il ne savait pas encore c'est que j'étudiais en psychologie et que je savais quand quelque chose n'allait pas. Je repris donc, histoire de l'impressionner mais aussi avec la ferme intention de l'aider :

- Je sais que quelque chose ne va pas, que ce n'est pas seulement ce week-end qui vous met dans cet état. Quelqu'un vous épuise et cela se voit comme un nez au milieu de la figure, alors si voulez en parler vous savez que je suis là pour vous écouter. Et puis ça ne sortira pas d'ici je vous le jure, secret professionnel. Par contre si vous préférez ne pas m'en parler, je comprendrais amplement et on peut tout aussi bien boire notre café en se regardant dans le blanc des yeux. Je gardais toujours mon grand sourire au visage car ce que je venais de dire était assez drôle et surprenant.

Il semblait tout à coup intrigué par ce que je lui racontais là et étonné que je paraisse aussi sûre de moi dans mes affirmations. Je rigola en voyant sa tête.

- Ne faites pas cette tête là, c'est pire que tout à l'heure maintenant. Puis j'enchaînai. Au fait, vous connaissez mon nom mais je ne connais pas le vôtre...

Mon père avait toujours eu le don de reprocher les moindres choses que je faisais, il n’était jamais content des initiatives que je prenais, à croire qu’un petit « je suis fier de toi » pouvait que lui écorcher la bouche car il ne me l’avait jamais dit. Je sais pertinemment que je suis loin d’être le fils parfait, enchaînant les fêtes alcoolisés, les histoires d’un soir… Mais en ce qui concerne le boulot, malgré mes retards, je faisais tout de même de l’excellent travail mais il trouvait toujours le moyen de me reprocher la moindre petite chose. Ce qui commençai sérieusement à me saouler, parfois je me demande si ce n’est pas de la jalousie de sa part, de voir ma réputation grandir de jour en jour, peut-être a t’il peur qu’un jour je le devance ? Mon père est le genre d’homme que l’on a du mal à cerner, même j’ai du mal à le comprendre parfois… Et une nouvelle fois, ses reproches me plomba le moral, ce que la serveuse remarqua très rapidement car elle venue vers moi me demander ce qu’il n’allait pas. C’était accompagner d’un sourire que je la rassurai lui disant que j’avais eu un dur week-end. Puis sa gentillesse et son beau sourire me donna l’envie de l’inviter à ma table, elle pouvait refuser, après tout elle ne me connaissait pas du tout… Mais la jeune femme accepta ce qui me fit sourire d’avantage et je lui fis signe de s’assoir.

J’arquai ensuite un sourcil lorsque celle-ci, me dit que ce n’était pas seulement le week-end la cause de mon état, elle avait d’ailleurs tout à fait raison, tout ce qu’elle venait de dire était vrai, elle avait lu en moi tel un livre ouvert. « Vous êtes assez surprenante, je dois dire… Vous êtes vraiment serveuse ? Parce que j’ai l’impression d’être en fasse d’un psy… » Dit-je en souriant pour ensuite ajouter. « Mais vous avez raison, il y a bien autre chose qui me rend pas aussi bien que je voudrais l’être. Un problème d’ordre familial à vrai dire… » Je levai les yeux au ciel pour ensuite reposer mon regard sur cette belle jeune femme qui semblait me comprendre alors que l’on ne se connaissait depuis quelques minutes. D’ailleurs c’est vrai que je ne mettais pas présenter. « Effectivement… Calvin… Calvin Price. » Je lui souris pour ensuite dire. « Si on mettait les vous de côtés ? »

Je lui avais donc sortie ma petite analyse de lui en quelques secondes, lui prétextant que ce n'était pas seulement le week-end la cause de son état aujourd'hui. Et en effet, il se trouve que j'avais raison. En revanche, quand il me dit que c'était également à cause de problèmes familiaux j'étais très gênée et je ne savais plus où me mettre. Je sais pertinemment qu'il faut que j'arrête de toujours vouloir analyser les gens, qu'un jour je serais prise à mon propre piège, mais cette manie obsédante ne voulait pas me lâcher, j'avais besoin de comprendre ce qu'il se passait à l'intérieur des personnes avant même qu'ils m'en parlent. Il me demanda si j'étais vraiment serveuse et pas plutôt une psychologue. Sa remarque me fit sourire mais me flatta également. Ça prouvait bien que toutes ces années en psychologie ne m'ont pas servies à rien et que je dois vraisemblablement être faite pour ce métier. Il se présenta à son tour. Il s'appelait Calcin Price. Je me fit la réflexion que son nom allait bien avec son physique. Il me demanda de mettre les « vous » de côté, de se tutoyer. Cela ne me dérangeait absolument pas, même si en temps normal je n'étais pas autorisée à le faire avec des clients. Je jeta alors un regard autour de moi et me retourna vers lui le sourire aux lèvres :

- Va pour le tutoiement Calvin. Tu n'as pas vraiment tord pour ce qui est du psy. Je suis en 3ème année de psychologie à UCLA du coup je suis assez douée pour ce qui est de lire dans les gens et j'avoue que ça doit être un peu perturbant, surtout quand on ne me connaît pas. Enfin...je suis désolée d'avoir essayé de lire en toi, surtout si tu as des problèmes familiaux, je ne le savais pas, je m'en excuse...et je ne voulais en aucun cas te forcer à me le dire.

Ça y est, j'étais de nouveau gênée, comme d'habitude, dès que je dois m'excuser de quelque chose je sens mes joues chauffer et mon regard se baisser. On dirait une petite fille qui vient de se faire disputer, c'est ridicule. J'essayai de me ressaisir, de relever la tête et de le regarder dans les yeux mais je crois que le mal était fait. Lui n'avait pas vraiment l'air plus perturbé que cela de m'avouer qu'il avait des problèmes familiaux. Enfin je voyais bien que ça le touchait, que ça l'agaçait même, mais il essayait de ne rien montrer, de donner l'impression qu'il s'en fichait.

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