Qui a dit qu’avoir un enfant est de tout repos ? Non parce que je pense que cette personne a dû oublier ce qu’est de vivre avec un nouveau bébé de quinze jours. Cela fait quelques jours que mon médecin nous a donné l’autorisation de rentrer tous les trois, à la maison : Théa a pris un peu de poids, quand à mon état de santé, il s’est stabilisé. Le marché est simple ; je dois me rendre à l’hôpital une fois par semaine pendant deux mois afin que le Docteur Stevenson s’assure que la reprise de mon traitement fasse bien effet et Théa, une fois toutes les deux semaines pour voir si sa prématuré se déroule bien. C’était le « prix » pour que nous puissions rentrer chez nous tous les trois. Depuis, c’est un peu le champ de bataille à la maison ; entre les couches, les biberons et tout le reste, je n’ai jamais vu la villa dans un tel état. A croire qu’un ouragan est passé par ici. Un ouragan nommé Théa. Heureusement, nos parents respectifs sont là pour nous venir en aide : entre les conseils de ma mère et de ma belle-mère, j’essaie de faire pour le mieux et être une bonne mère. Ce qui n’est pas facile tous les jours. J’ai l’impression d’être dépassée par les événements, de ne pas être capable de reconnaître les pleures de ma fille et de paniquer à rire. En tout cas, les premiers jours furent ainsi ; je me mettais à paniquer dès que bébé pleurait car j’étais incapable de savoir si elle voulait manger, être changée ou juste être dans les bras de maman. Un sentiment de frustration s’est emparé de moi, pendant plusieurs jours et encore aujourd’hui, il est là de temps à autre. Je me sens rassurée dans le sens où Ezrà l’est tout autant que moi ; cela doit être normal pour des jeunes parents de ne pas être des experts tout de suite, mais c’est frustrant. Très frustrant. Selon ma mère, je dois me faire confiance et être moins stressée car la petite ressent cela, ce qui provoque ses pleurs. Facile à dire. Comment suis-je censée me faire confiance, alors que j’ai tout sauf confiance en moi ? Pour ma belle-mère, je suis juste une jeune maman qui apprend comme toutes les autres et qui a besoin d’un peu plus de confiance en elle. Sur ce point, elle a entièrement raison…

Bref. Essayant de mettre en pratique tous les conseils qu’elles ont pu me donner jusqu’alors, je me montre chaque jour, un peu plus confiante dans ce que je fais. Même si cela, n’est pas encore parfait. Comme toutes les nuits depuis notre retour, Théa s’est réveillée toutes les trois heures afin de réclamer son biberon. Jusqu’alors, nous avions pris l’habitude d’alterner chacun notre tour, afin que ce ne soit pas toujours le même qui se lève pour la nourrir, mais cette nuit, mon futur mari a sauté son tour plus d’une fois, me faisant lever toutes les trois heures. J’espère pour lui, qu’il était vraiment dans un rêve merveilleux pour ne pas entendre les pleures de sa fille. Il est à nouveau six heures lorsque le clairon sonne l’alerte. C’est fou, cette petite est réglée comme du papier à musique. Trois heures, c’est trois heures ! Pas une minute de plus ! A moitié endormie, j’essaie de secouer le jeune papa afin qu’il se lève, mais pas moyen. Ez’ dort comme une marmotte. Soupirant, je lève les yeux vers le radio réveil, tandis que Théa continue de se faire entendre dans la pièce voisine. Tel un robot, je finis par me lever du lit, traînant les pieds jusqu’à la chambre de bébé, qui gémit au milieu de son berceau. « Maman est là ma chérie. Qu’est-ce qu’il se passe ? Tu as faim ? » Lui caressant le sommet de son crâne, j’émerge peu à peu, la prenant dans mes bras avant de descendre à la cuisine pour lui préparer son biberon. Préparer un biberon est devenu un jeu d’enfant. Au moins une chose que je sais faire correctement. En attendant que celui-ci chauffe, je marche dans la pièce afin de calmer et de faire patienter bébé, tout en lui souriant tendrement. « Tu voudrais pas faire comme papa ? Un gros dodo ? » Oh oui, pourquoi ne prend-t-elle pas exemple sur son père ? Dormir une nuit entière sans se réveiller. Lui parler à le don de calmer la miss, qui suçote son petit poing, en attendant d’avoir mieux dans l’estomac. Quelques minutes plus tard, le biberon est enfin chaud. L’attrapant dans le chauffe biberon, je retourne dans la chambre de melle Anderson, m’installant dans le fauteuil à bascule avant de la nourrir. « A table petite gloutonne. » Oui, c’est son nouveau surnom. Vu à la vitesse où elle boit ses biberons, ce surnom lui va comme un gant. La regardant téter, je sens la fatigue s’emparer de moi, mes paupières devenant lourdes et difficiles à laisser ouvertes. En quelques minutes, le biberon est vide ; souriant à cette vue, Théa ne met pas longtemps à bailler et à se rendormir à nouveau. Maintenant qu’elle a le ventre plein, plus rien ne l’empêche de finir sa nuit. La regardant dormir un moment, je finis par retourner dans le lit, tentant de finir à mon tour cette nuit très courte.

Il est presque huit heures trente lorsque j’ouvre à nouveau les yeux. A mes côtés, mon fiancé est toujours profondément endormi. Une vraie belle au bois dormant aujourd’hui. Le regardant dormir tout en souriant, je finis par me lever, direction la cuisine afin de prendre mes médicaments et surtout, de boire une tasse de café. Hm, plutôt deux vu la nuit que je viens de passer. Me rendant dans la chambre de Théa afin de voir si elle dort toujours à point fermé, je constate que mademoiselle gesticule au milieu de son berceau, bien éveillée. « Tu es déjà réveillée ma chérie ? » Lui souriant, je la prends dans mes bras afin de plisser le nez sous l’odeur qui émane de sa couche. « Papa me payera le biberon et la couche. Promis. » dis-je toujours en souriant afin de la faire rire. La posant sur sa table à langer, je commence à la changer, retenant ma respiration le temps de jeter sa couche à la poubelle et de lui en mettre une propre. « Et voilà. » Lui caressant son petit ventre, je regarde furtivement l’horloge avant de me rappeler que mes beaux-parents doivent passer nous voir en fin de matinée. Ecarquillant les yeux, je regarde les alentours, constatant que c’est la troisième guerre mondiale dans la maison. Attrapant bébé, je file dans notre chambre afin de réveiller Ezrà. Toujours au pays de Morphée, je décide d’employer les grands moyens pour le faire sortir du lit. « I’a le feu !! » Au grand mot, les grands remèdes.