Il suffit parfois d'un regard, d'une présence, d'un geste, pour que naisse l'amitié, par delà les différences qui nous retiennent et nous effraient ; il suffit d'une main tendue pour que s'imprime la mémoire d'un visage que jamais le temps n'effacera.

Le destin fait bien les choses.

Journée sportive aujourd’hui ! Depuis quelques temps, j’ai décidé de me remettre au sport. Après mon accident et les contusions qui ont suivi, je n’ai pas forcément pu reprendre une activité sportive tout de suite. Hors, depuis le début des vacances, je me suis remise à tout ça. Rien de mieux pour être bien dans son corps et dans sa tête, qu’une séance de sport. J’ai passé la matinée avec Giulia au centre de fitness de LA ; entre séance de cardio, abdos et le reste, nous avons passé plus de deux heures à nous dépenser. N’ayant pas vu le temps passé, c’est seulement vers midi que nous sortons de la salle de sport, nos sac à dos à l’épaule. Comme après chaque séance, nous décidons de déjeuner ensemble à la terrasse d’un petit restaurant du coin : deux salades et le tour est joué. Autant ne pas reprendre les kilos que l’on vient de perdre avec un plat trop copieux. De toute façon, après une matinée comme celle-là, je n’ai pas spécialement faim.  Continuant à discuter de tout et de rien autour de nos assiettes, c’est seulement en début d’après-midi que l’on se quitte. J’ai juste le temps de rentrer à l’appart’ prendre une douche avant de rejoindre mes sœurs ; une vieille tradition de famille qui n’a pas changé même après tant d’années….

Avec la chaleur qu’il fait en ce moment à Los Angeles, j’opte pour une robe d’été aux couleurs chaude. Prête, j’attrape mon sac à l’entrée et part en direction du café où elles m’attendent. Comme toujours, je passe par le parc afin de gagner un peu de temps. Autant prendre les raccourcis lorsque l’on en a la possibilité. Depuis mon accident, j’évite au maximum de prendre la voiture… Je ne suis plus réellement rassurée lorsque je suis déroulée un volant ou du côté passager ; je m’en utilise en cas de nécessité ou pour des longs trajets, ni plus, ni moins. Bref. Marchant tranquillement dans les allées du parc, je tombe nez à nez avec une petite fille qui semble perdue. Regardant autour de nous, je ne remarque aucun parent qui cherche un enfant. « Coucou toi. Tu t’es perdue ? » La petite me regarde avec ses grands-yeux, sans pour autant m’adresser la parole. Suis-je bête… La règle numéro une que l’on dit à son enfant est de ne jamais parler à un inconnu… Sortant mon téléphone, j’envoie un message à Louna pour la prévenir de ne pas m’attendre. J’ai mieux à faire que de me retrouver entre sœurs. Rangeant mon téléphone, je m’agenouille afin de me mettre à la hauteur de la fillette. « Moi c’est Micah, tu n’as pas à avoir peur, je vais t’aider à retrouver tes parents. D’accord ? » lui dis-je en lui adressant un large sourire rassurant. J’imagine dans l’état que doit être ses parents : morts d’inquiétude de ne pas la trouver. Lui prenant la main, j’avance dans les allées du parc à la recherche des parents de la petite.

Il suffit parfois d'un regard, d'une présence, d'un geste, pour que naisse l'amitié, par delà les différences qui nous retiennent et nous effraient ; il suffit d'une main tendue pour que s'imprime la mémoire d'un visage que jamais le temps n'effacera.

Le destin fait bien les choses.

Cette petite fille semble totalement perdue et terrorisée à l’idée d’être loin de ses parents : à mon avis, elle s’est mise à marcher, jusqu’à ne plus les avoir en ligne de mire. Cela arrive tellement souvent à cet âge-là. A première vue, je dirai que la fillette a entre quatre et cinq ans, sans doute pas beaucoup plus. Les yeux embués de larmes, j’essaie de me montrer rassurant, lui offrant mon plus beau sourire. Regardant autour de nous, personne ne semble à la recherche d’une enfant, ni paniqué à l’idée d’avoir perdu sa petite progéniture ; cela signifie que les parents de la petite sont un peu plus loin. Muette, la miss ne décroche pas une parole, fixant juste le sol. Impossible de savoir son prénom. « Dis-moi, tu es venue de quel côté ? » Levant à peine la tête, la petite fille montre du doigt l’allée par laquelle, elle est venue jusqu’ici : c’est déjà mieux que rien. « D’accord, c’est partie alors. » Lui prenant la main, j’avance dans les allées du parc, commençant par l’allée qu’elle m’a indiqué. Le parc est grand, mais à cet âge-là, c’est impossible de faire des kilomètres à pied. J’imagine, qu’elle a dû s’arrêté après s’être rendue compte que ses parents n’étaient plus là. Il y a de multiples raisons de partir à l’aventure lorsque l’on est enfant : se rendre jusqu’au lac pour voir les canards, jouer à l’air de jeu, faire du toboggan ou de la balançoire… Bref, la liste est longue.

« Tu ne veux pas me dire ton prénom ? » Continuant à fixer le sol, la miss secoue négativement la tête. J’aurai essayé… Soupirant doucement, je lui adresse un petit sourire. « C’est pas grave. » dis-je, en continuant d’avancer. Finalement, je sens sa main quitter la mienne et je la vois se mettre à courir. Écarquillant les yeux, j’essaie de la rattraper, me demandant bien où elle fuit comme ça. « Attends.. » Tu parles, je suis persuadée qu’elle ne m’entend déjà plus. Rapidement, je la vois sauter au cou d’un jeune homme ; de là où je suis, je n’arrive pas à reconnaître l’homme en question, mais après avoir avancé de quelques mètres, je constate qu’il s’agit en réalité de Logan. Regardant le père et la fille, l’un après l’autre, je fais le lien avec Gabrielle. Bien que je l’ai déjà vu en photo sur facebook, je n’ai pas fait le lien avec elle. Comme le monde est petit. Je vois sur son visage, que le jeune Dawson s’est fait un sang d’encre pour sa fille ; j’imagine l’état dans lequel il a dû être en ne la voyant plus dans son champ de vision. Marchant vers eux, je reste un peu en retrait, lui adressant un large sourire lorsqu’il relève la tête pour me regarder. Il semble assez étonné de me voir ici. « Salut Logan. » dis-je en souriant de plus belle. Rapidement, il se justifie : peut-être a-t-il peur que je le juge pour avoir « perdu » sa fille ? Cela n’est absolument pas dans mon intention. Le regardant, je secoue doucement la tête, lui faisant comprendre que cela n’est pas grave. « Ne t’inquiète pas, ça file vite à cet âge-là. Je l’ai retrouvé un peu plus loin toute perdue, alors je l’ai aidé à retrouver ses parents. » ou plutôt son père. « En tout cas, tu peux être fier d’elle, ta fille ne parle pas aux inconnus. Impossible de savoir son prénom ou d’entendre le son de sa voix. » ajoutais-je, en souriant à nouveau. M’accroupissant face à Gaby, je lui souris doucement. « En tout cas, je suis contente de faire ta connaissance Gabrielle. Ton papa m’a beaucoup parlé de toi. »

Il suffit parfois d'un regard, d'une présence, d'un geste, pour que naisse l'amitié, par delà les différences qui nous retiennent et nous effraient ; il suffit d'une main tendue pour que s'imprime la mémoire d'un visage que jamais le temps n'effacera.

Le destin fait bien les choses.

La petite fille semble bien avoir retenu la leçon de ses parents : ne jamais parler à un inconnu. Je suis incapable de savoir son prénom ou d’entendre le son de sa voix. La seule chose qu’elle accepta de faire est de me montrer du doigt, la direction par laquelle, elle est arrivée jusqu’ici. Me direz-vous, cela est toujours mieux que rien. Bien, je vais tenter de faire ce que je peux avec cette information. Hors de question que je parte d’ici, sans que cette fillette soit en compagnie de son papa et sa maman. Déjà à dix ans, perdre ses parents est une situation angoissante, mais je ne veux pas imaginer à cinq ans ; intérieurement elle doit être paniquée. Les petites larmes qui perlent au niveau de ses yeux en sont la preuve. Lui tenant la main, je marche en regardant toute autour de nous, à la recherche de parents affolés. Je pense qu’ils se sont rendu compte de l’absence de leur fille depuis quelques minutes maintenant. Je n’ai pas besoin de chercher bien longtemps. D’un coup, je sens la main de la petite quitter la mienne et je la vois courir en direction d’un homme, s’agrippant à son cou comme à une bouée de sauvetage. Cette image me fait sourire. La fillette doit être rassurée et ce papa aussi. Dès que l’on perd son enfant de vue, tout un tas d’idées doit vous traversez l’esprit ; que vous êtes un parent horrible, que l’on vous l’a kidnappé, que vous ne la retrouverez pas… Toutes ces pensées vous arrivent en tête en une fraction de seconde. A présent, ce père peut oublier tout ça et se concentrer sur son petit bout de chou.

Lorsque l’homme relève quelque peu la tête, je remarque alors qu’en réalité ce jeune papa, n’est autre que Logan. J’aurai dû faire le lien en voyant Gabrielle avec les photos qu’il a pu mettre sur facebook et celle qu’il m’a montré lors de notre rencontre. Trop occupé à retrouver ses parents, je n’avais même pas fait attention à ça… Enfin, le plus important est qu’ils soient réunis. Le futur avocat semble gêné que je sois celle qui est récupérée Gabrielle ; il se justifie rapidement, m’assurant que c’est la première fois qu’il perd sa fille comme ça. Qu’il se rassure, je ne compte pas le juger, ni dire quoi que ce soit. Cela peut arriver à tout le monde. Même au plus vigilent. Une seule seconde d’inattention suffit à les perde de vue lorsqu’ils sont petits. Apparemment, la fillette avait souhaité une glace et c’est durant le temps où il était parti lui cherché, qu’elle s’était aventurée dans le parc. Tout timide et encore apeurée de cette situation, Gaby s’accroche à la jambe de son père, ne voulant plus le lâcher d’une semelle. « Elle avait envie de se balader un peu… Enfin vu dans l’état où je les retrouvais, elle a vraiment eu la peur de sa vie. J’pense pas qu’elle bougera à nouveau la prochaine fois. » répondis-je en regardant la petite. Pour le rassurer, je lui assure que Gabrielle a bien respectée ses consignes sur les inconnus, celle-ci ne m’ayant pas adressé un mot depuis toute à l’heure. Selon Logan, cela est dû à toutes les morales qu’il a pu lui faire à ce sujet. Il a bien raison de dire tout ça à sa fille : on ne sait jamais sur qui l’on peut tomber. Surtout de nos jours. « Ne t’inquiète plus, c’est du passé. Maintenant elle est avec toi et ne risque plus rien. » dis-je en lui adressant un sourire rassurant. C’est légitime qu’il est songé à une chose comme celle-ci, le principal est que sa progéniture aille bien et qu’il l’est retrouvé rapidement. Me mettant à la hauteur de Gaby, je lui dis être contente de faire sa connaissance après avoir beaucoup entendu parler d’elle. Encore assez timide, elle reste derrière son père, sans bouger. « Ne me remercie pas, c’est tout à fait normal. » Je les fais avec plaisir et de bon cœur. Me redressant, Logan prend Gabrielle dans ses bras afin de faire les présentations. La regardant avec un grand sourire, la petite dévoile enfin le son de sa voix afin de dire bonjour. « Oh, tu as une très jolie voix ! J’ai enfin eu la chance de l’entendre. Tu es encore plus jolie en vrai que sur les photos. »

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Le destin fait bien les choses.

Les voir ainsi fait plaisir. Je suis heureuse d’avoir pu aider Gabrielle à retrouver son papa et d’avoir pu soulager Logan de ses angoisses. Après tout, je pense que tout le monde aurait fait la même chose : il faut être sans cœur pour laisser une petite fille seule et perdue en plein cœur d’un parc. Les regardants, je les laisse se retrouver et partager ce moment de soulagement. Je n’avais encore jamais eu l’occasion de rencontrer la fille du jeune homme et j’étais ravie que cela arrive enfin. Apparemment, ils étaient au parc pour que Gaby puisse jouer à l’air de jeux avec ses copains ; rien de mieux pour qu’elle se change les idées que la laisser en compagnie de ses amis d’école. A cet âge-là, on est ami avec tout le monde et on a des « amoureux » tous les deux jours ! J’ai perdu mes derniers souvenirs, mais je me souviens parfaitement qu’à cinq ans, j’avais quatre amoureux et était ami avec toute ma classe. C’est à cette époque-là que j’ai rencontré Jack et depuis, on est devenu inséparable. « Oui, elle va pouvoir oublier toute cette histoire en jouant au toboggan et à la balançoire ! » dis-je en souriant largement. La fillette se montre toute timide derrière les jambes de son père ; elle reste cachée derrière-lui, passant seulement sa tête de temps à autres. Je comprends tout à fait qu’elle se méfie de moi ; après tout, c’est la toute première fois qu’elle me voit et une s’il y a bien une chose que je sais, c’est qu’une fille est toujours très possessive envers son père. A la maison, nous étions trois… J’vous laisse imaginer ce que cela a pu donner pendant des années. Le jeune Dawson me remercie de lui avoir ramené son enfant ; gentiment que je lui dis que cela n’est pas la peine et que c’est tout à fait normal. « Je l’ai fait avec plaisir. » ajoutais-je doucement. Rapidement, Logan fait les présentations entre sa fille et moi. Toujours quelque peu hésitante, je finis par entendre le son de la voix de Gabrielle lorsqu’elle me dit bonjour : il n’en faut pas plus pour que mon sourire s’élargisse. La petite est le portrait craché de son papa. Relevant la tête pour regarder le futur avocat, il me propose de manger une glace en leur compagnie afin de me remercier ; j’ai envoyé un message à ma sœur afin de lui dire de ne pas m’attendre, j’ai donc tout mon temps. « J’veux bien, c’est très gentil de ta part. Enfin, j’veux pas vous déranger.. vous aviez peut-être décidé de passer un moment père/fille ? » La petite famille m’assure que je ne dérange absolument pas : dans ce cas, c’est avec plaisir ! « J’peux pas refuser une glace alors. » répondis-je alors que l’on avance jusqu’au marchand de glace.

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Le destin fait bien les choses.

J’aimerai bien retrouver l’innocence que j’avais à cinq ans, où ma seule préoccupation était de savoir ce que j’allais gouter à seize heures et jouer avec mes amis. Rien ne peut les atteindre à cet âge-là ; ils boudent pendant deux minutes et oublier aussi vite tout ce qu’il s’est passé avant. Oui, j’aimerai faire la même chose qu’eux, mais malheureusement plus on mûrit et plus et il nous est impossible de faire ça… Logan semble du même avis car il m’ôte les mots de la bouche. Le regardant, je confirme ses propos par un hochement positif de la tête. « Ça serait tellement mieux. » Je ne prêterai pas attention à cette histoire d’amnésie et continuerai à vivre ma vie comme si de rien n’était. Hors là, c’est presque mission impossible d’oublier même cinq minutes cette page blanche qui reste en plein cœur de ma mémoire. Je suis persuadée que dans dix minutes, Gabrielle aura déjà mis de côté ce qu’il vient de se produire et retournera jouer auprès de ses amis comme si de rien n’était.

Gentiment, le jeune Dawson me propose de manger une glace avec eux ; ne voulant tout d’abord pas déranger, je finis par accepter son invitation lorsqu’il m’assure que cela ne leur pose pas de problème. Je voulais être sure de ne pas m’imposer dans une après-midi père/fille avant de répondre à son invitation. Me répondant même qu’il est content de me voir, je le regarde avec un large sourire sur le visage ; qu’il se rassure, cela est réciproque. Je ne pensais pas le croiser aujourd’hui, mais le hasard fait parfois bien les choses ! « Moi aussi je suis contente de te voir. Comme quoi, le destin fait bien les choses. » dis-je en souriant de plus belle. Parfois il faut laisser celui-ci faire son travail : la preuve cette après-midi cela nous a plutôt réussi, même si pour se voir, il a fallu que Gaby se perde. Ces derniers temps, il faut avouer que l’on passe énormément de temps ensemble, ce qui n’est pas pour me déplaire : on s’entend bien, on aime rigoler ensemble et on discute de tout et de rien. On s’entend tellement bien que les langues commencent à délier par ci, par là. Dans le fond, cela m’amuse et ce n’est pas pour autant que je vais arrêter de voir Logan. Finalement c’est avec plaisir que j’accepte de manger une glace avec eux. Avançant en direction du marchand de glace, je me mets de l’autre côté de Gabrielle, tandis qu’elle tient fermement la main de son papa, ne voulant plus le lâcher après ce qu’il vient de se passer. Avant de passer au marchand de glace, le jeune papa me dit que nous devons faire un petit détour par le banc où ils étaient, ses affaires étant toujours là-bas. J’imagine qu’elles étaient le cadet de ses soucis lorsqu’il a crû avoir perdu son enfant. « D’accord. Je suppose que tu les as laissés là-bas quand tu n’as plus vu Gaby ? » demandais-je en baissant le regard sur la petite. Je pense tous les parents du monde feraient la même chose : je préfère que l’on me vole mes affaires et que je retrouve mon enfant plutôt que l’inverse. Cette fois, hors de question que Logan laisse sa fillette seule, elle l’accompagne acheter sa glace ; apparemment, elle est d’accord avec ça, hochant doucement sa petite tête brune. Relevant la tête, je continue de marche aux côtés de la miss, tandis que son père me demande comment je vais. « Très bien et toi ? Tu es remis de tes émotions ? » Tout en marchant, on arrive près du banc où les affaires de Logan sont toujours là. Attrapant tout ce dont il a besoin, la petite Dawson semble pressée de manger sa glace, tirant sur le bras de son papa afin qu’il accélère la cadence. « Je crois qu’elle a faim. » dis-je amusée.

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Le destin fait bien les choses.

Ayant prévenu mes sœurs de ne pas m'attendre et de faire cette soirée sans moi, je suis à présent libre pour la soirée. Ne sachant pas combien de temps j'en aurai eu pour retrouver les parents de cette petite, j'avais préféré prendre les devants, en envoyant un message à Louna. Mes sœurs aînées ne m'en voudront pas pour leur avoir fait faux bond, lorsque je leur aurai expliqué la raison. Maintenant, je peux avoir plaisir manger une glace en leur compagnie; je suis ravie de pouvoir enfin voir Gabrielle en chair et en os, et non plus par photo. Le jeune papa m'a tellement parlé d'elle, que j'étais très impatiente de la connaitre. Pour l'instant, la petite se montre timide, mais je suis persuadée que cela va vite passer. Je parle du destin; en temps normal, je ne crois pas trop à ces choses-là: au destin, au hasard ou même au karma. Mais depuis que j'ai fait la rencontre du jeune Dawson, j'avoue y croire de plus en plus. J'aurai pu renverser mon café sur n'importe quel homme de Los Angeles et c'est sur lui, qu'il a atterri. Depuis, nous sommes très proches, à tel point que tous nos amis, nous voient déjà en couple. Oui, c'est leur credo du moment: nous mettre ensemble. Cela m'amuse assez. Tout comme nos amis, le destin semble apprécier que l'on se voit. Le futur avocat est du même avis et ne manque pas de le souligner. « Oui et il n'est pas le seul. » répondis-je amusée. Je ne serai pas vous expliquer pourquoi, mais j'aime passer du temps avec lui. On ne se connait que depuis peu, mais j'ai l'impression que cela fait des années. Qu'importe ce que peuvent dire les autres.

Avant d'aller jusqu'au marchand de glace, nous devons d'abord passer par le banc où il a laissé leurs affaires. Je me doute que cela a été le cadet de ses soucis lorsqu'il a crû avoir perdu sa petite fille. L'écoutant, j'acquiesce d'un hochement de la tête, comprenant parfaitement son choix. « C'est tout à fait normal, tout le monde aurait fait la même chose. » Me demandant comment j'allais, je lui dis que tout va bien, lui retournant la question. A présent, la tension est retombée et le jeune homme peut se sentir soulagé d'avoir retrouvé Gabrielle. Tout en marchant, je le regarde avec un sourire compatissant, posant ma main sur son épaule. « C’est fini maintenant. Gaby va bien et c’est le principal. » C’est la seule chose qu’il faut retenir : la petite Dawson va bien et c’est uniquement ce qui compte. Je ne peux pas comprendre ce qu’il a ressenti à ce moment-là, n’ayant pas d’enfant, mais j’imagine ce que cela fait de revenir et de ne plus voir sa progéniture dans son champ de vision. Arrivée au niveau du banc, je remarque que Gabrielle commence à s’impatienter, tirant sur le bras de son père afin d’avancer plus vite : cette vision me fait sourire. Je suppose que la fillette commence à avoir faim, son estomac réclame sa glace. Cela n’étonne pas le papa, qui qualifie sa fille « d’estomac sur pattes ». Je me souviens très bien de l’appétit du jeune homme ; si la miss est pire, je n’ose pas imaginer ce que cela donne. En même temps, qui n’est pas gourmand ? « J’imagine ce que ça peut donner. » dis-je en riant doucement. Après avoir récupérer ses affaires, nous nous dirigeons jusqu’au marchant de glace. Se mettant à la fin de la file d’attente, je regarde par-dessus l’épaule de la personne devant nous, les parfums que l’on peut trouver ici. Réfléchissant quelques instants, je regarde par la suite Logan. « Une glace vanille pour moi, s’il te plait. » Lui souriant, Gaby donne à son tour le parfum qu’elle désire pour sa glace. Avec une chaleur comme celle-ci, rien de mieux qu’une glace pour se rafraîchir.

Il suffit parfois d'un regard, d'une présence, d'un geste, pour que naisse l'amitié, par delà les différences qui nous retiennent et nous effraient ; il suffit d'une main tendue pour que s'imprime la mémoire d'un visage que jamais le temps n'effacera.

Le destin fait bien les choses.

Rien de mieux qu’une glace pour oublier définitivement ce qu’il vient de se passer, surtout ces temps-ci où la chaleur et le soleil ont élu domicile à Los Angeles. Regardant les parfums que propose le marchand, je reste sur ma première idée : la vanille. Bien que j’aime tous les parfums qui sont ici, je reste toujours sur celle que je préfère : la vanille. Pourquoi changer lorsque l’on adore quelque chose. Gabrielle est à l’exacte opposée : la petite se met à citer toutes les glaces qu’il y a ici. Je ne peux m’empêcher d’étouffer un rire, en l’entendant débiter tous les noms de parfums qu’elle souhaite. A cet âge-là, c’est vrai qu’il est tentant de tout goûter ! Dommage qu’il n’existe pas une glace qui réunit tous les goûts possible et inimaginable. Finalement, c’est sur le chocolat que son choix s’arrête. Souriant amusée, je regarde Logan avant d’acquiescer d’un hochement de la tête. « En faite… euh… j’vais peut-être changer… hm… rooo, il y a trop de choix… bon non, j’vais garder vanille. » dis-je d’un air amusé. C’est fou comme le feeling est tout de suite passé entre nous ; on adore se parler, se taquiner et j’ai l’impression de le connaitre depuis des années. Il n’y a pas de doute, je suis ravie d’avoir pu faire sa connaissance. En attendant notre tour, le jeune papa me demande, si je n’avais rien de prévu malgré ce beau temps ; le regardant, j’hausse les épaules en souriant doucement. « Je devais voir mes sœurs, mais lorsque j’ai vu cette petite puce toute seule, j’ai préféré leurs envoyer un message afin d’annuler. Je ne savais pas combien de temps cela allait prendre, donc j’ai reporté. » répondis-je en avançant un peu dans la file. « Et finalement, j’ai bien fait ! Je préfère manger une glace avec vous, plutôt que de parler de tous et de rien avec mes sœurs. » J’adore Louna et Riley, mais parfois elles sont… chiantes. Et encore, le mot est faible.

Notre tour arriva auprès du marchand : commandant les trois glaces, l’homme nous les prépara rapidement avant de nous les donner une à une. Gaby s’empressa pour commencer la sienne, se mettant du chocolat tout autour de la bouche. Retournant près des bancs en mangeant nos glaces, on s’installe sur l’un d’eux, mangeant notre crème glacée avec envie. « Délicieuse ! » dis-je en continuant à manger. Regardant les enfants dans l’air de jeux, je m’approche de l’oreille de la petite Dawson. « Alors dis-moi, il y a ton amoureux là-bas ? » D’abord timide, la fillette me montre un petit garçon du doigt qui est en train de descendre au toboggan. C’est adorable d’avoir un « amoureux » à cinq ans. Relevant la tête, je regarde son papa. « Tu te rends compte ? Elle a un amoureux à cinq ans et nous, on est célibataire. Cherche l’erreur. » répondis-je en riant doucement.

Il suffit parfois d'un regard, d'une présence, d'un geste, pour que naisse l'amitié, par delà les différences qui nous retiennent et nous effraient ; il suffit d'une main tendue pour que s'imprime la mémoire d'un visage que jamais le temps n'effacera.

Le destin fait bien les choses.

Nos choix de parfums fait, on discute de toute autre chose, Logan me demandant si je n’avais pas prévu de faire quelque chose avec ce beau soleil. Normalement, j’étais censée passer la soirée avec mes deux sœurs, mais je préférais de loin rester en compagnie de la petite famille Dawson. Cette soirée, on la fait presque toutes les semaines et j’avoue que cela ne fait pas de mal de changer les plans. Enfin, tout ceci n’est que partie remise ! « Ne le sois pas, elles ont l’habitude. » dis-je en souriant largement. Ce n’est pas la première fois que je leur fait faux bond à la dernière minute : j’ai toujours une bonne excuse, mais avec le temps, elles ont fini par s’y habituer. D’ailleurs pour le rassurer, je lui fais part de ma préférence à être avec eux, plutôt qu’autour d’un verre à l’autre bout de Los Angeles. Ceci est la stricte vérité. Je me sens bien mieux là. Je ne sais pas pourquoi, mais j’aime bien être en sa compagnie et sa petite fille est adorable. Le regardant, je hausse doucement les épaules tout en me pinçant les lèvres. « Si, si.. mais bon.. parler potins et garçons, ça va bien cinq minutes. » répondis-je en levant les yeux au ciel. Pour ça, Riley et Louna m’exaspèrent : elles me parlent soit mode, soit mec. Impossible d’avoir une conversation dite « d’adulte ». Le pire, c’est que je suis la cadette et qu’elles sont censées être plus mature que moi.

Nos glaces à la main, nous regagnons le banc près de l’air de jeux, commençant à déguster celle-ci en chemin. Je lui souris doucement tout en hochant la tête affirmativement. J’adore la vanille. C’est un parfum basique, mais c’est celui que je préfère. « Oui, c’est pas très original comme parfum, mais j’adore. » Continuant à manger ma glace, je regarde autour de nous, avant de demander à Gabrielle si son petit copain se trouve parmi les enfants face à nous. Timidement, elle me montre un petit garçon, ce qui me fait sourire. C’est mignon. Dire qu’à cinq ans, il suffit de claquer des doigts pour avoir un amoureux. A notre âge, cela est nettement plus compliqué. « C’est dommage, c’est bien plus facile à cet âge-là et on se pose beaucoup moins de questions. » A vingt-trois ans, on se pose un tas de questions, voir même trop de question, surtout sur l’amour. Regardant le petit Louca, je souris en apprenant que cela fait deux semaines que ça dure. « Deux semaines ? C’est le début d’une grande histoire ! » Léchant ma glace, je regarde Logan qui savoure la sienne. « Tu aimes la pistache ? » J’avoue que c’est un gout que je n’ai jamais goûté, sans doute parce que la couleur ne m’inspire pas confiance. Vous aimeriez manger un truc vert vous ? Pas moi… Bref. Levant la tête, je regarde les enfants non loin de nous et plus précisément ceux sur la balançoire. « Je me souviens que j’ai passé des après-midi entière sur ces balançoires quand j’avais l’âge de Gaby. »

Il suffit parfois d'un regard, d'une présence, d'un geste, pour que naisse l'amitié, par delà les différences qui nous retiennent et nous effraient ; il suffit d'une main tendue pour que s'imprime la mémoire d'un visage que jamais le temps n'effacera.

Le destin fait bien les choses.

Le regardant, je secoue la tête ; en effet, ce n’est pas la première fois et j’imagine que cela ne sera pas la dernière. A l’heure actuelle, je suppose que Riley et Louna sont en train de chercher la raison de mon annulation. Lorsque je leur expliquerai celle-ci, je sais qu’elles comprendront parfaitement ; de toute façon, peu importe ce qu’elles pensent, cela m’est égale. « Oui, elles sont habituées. » répondis-je amusée. Il y a quand même plus intéressant dans la vie que se réunir autour d’un verre pour parler ragots, mecs et autre ; je suis une femme, mais je ne suis pas une fan de tout ça. De temps en temps oui, toutes les semaines non. Mes sœurs et moi avons toujours été très différentes ; Loun’ et Ley’ sont bien plus matérialistes et capricieuses que je ne serai jamais. Parfois, je me demande réellement si elles sont matures pour leurs âges. Dire que Louna va avoir un enfant dans quelques mois… ça me fait peur.

Bref, arrêtons de parler des sœurs Keller. Assise sur le banc aux côtés de Logan et Gabrielle, je savoure ma glace à la vanille tout en regardant autour de nous. Je me souviens avoir passé des heures dans ce parc, à jouer dans l’air de jeux ou à me balader autour du lac en nourrissant les canards. Oui, j’étais l’une de celle à ramener le vieux pain de la veille pour les nourrir ; à l’époque, j’étais persuadée qu’ils n’avaient rien d’autre à manger et je m’étais donnée comme mission de leur apporter à manger. C’est fou ce que peut s’imaginer une gamine de six ans. Je lui confirme que la vanille est mon parfum préférée, avant de parler avec Gaby de son amoureux. C’est adorable à cet âge-là. Regardant le jeune papa, je lui parle de l’injustice d’être célibataire à notre âge : contrairement à eux, on se pose beaucoup trop de questions inutiles avant de se mettre en couple avec quelqu’un. Sans doute parce que l’on sait tous que l’amour peut faire souffrir. Avec mon amnésie, je ne me souviens absolument pas de me première histoire d’amour sérieuse, ce qui est encore plus frustrant… Apparemment entre les deux enfants, c’est l’amour fou grâce à des bonbons : le petit garçon lui en apporte tous les jours afin de satisfaire les beaux yeux de la fillette. Il a tout comprit ce petit ! « Très intelligent ce petit ! Impossible de résister à des bonbons. » répondis-je en souriant. L’écoutant, j’acquiesce d’un hochement de la tête. Je comprends que sa fille passe avant tout et qu’il est normal pour lui de trouver une personne qui l’acceptera elle-aussi. « C’est normal. Je trouverai ça vraiment abusé qu’une femme te demande de mettre ta fille de côté. » Cela ne me viendrai même pas à l’esprit de lui poser un ultimatum pareil. Il faudrait vraiment être tordu pour penser une seule seconde à ça. Continuant à parler de ce petit couple, je découvre que cela fait deux semaines qu’ils sont « amoureux » : à cinq ans, deux semaines est un record ! En général, ils aiment changer d’amoureux et d’amoureuses, comme de chemises. Pourtant le futur avocat pense qu’une fois que Louca aura fini de lui offrir des bonbons, cela ne sera plus la même chose. « Elle va e ruiner le pauvre. » ajoutais-je en riant à mon tour.

Parlant glace, je demande au jeune homme si la pistache est son goût préféré ; chose qu’il confirme, me parlant aussi de la glace chocolat/menthe. Jamais gouté ! « Je ne connais pas du tout la chocolat/menthe. » Finissant pratiquement ma glace, je remarque que la petite fille a déjà terminé la sienne et est prête à retourner jouer avec ses amis. Nous retrouvant en tête à tête, je lui parle de mes après-midis sur ces balançoires lorsque j’avais l’âge de sa fille. J’ai toujours été une adepte de la balançoire. Bien plus que du toboggan. Terminant ma crème glacée, j’écoute Logan tout en souriant amusée. « Oui, c’est lui qui me poussais. Si j’ai bonne mémoire il s’appelait… Kylian. Mais ça n’a pas duré, il ne voulait plus me pousser à la fin. » répondis-je tout en gardant mon sourire. « Et toi ? Tu avais une amoureuse ? »

Il suffit parfois d'un regard, d'une présence, d'un geste, pour que naisse l'amitié, par delà les différences qui nous retiennent et nous effraient ; il suffit d'une main tendue pour que s'imprime la mémoire d'un visage que jamais le temps n'effacera.

Le destin fait bien les choses.

J’aimerai bien retrouver l’insouciance de mes cinq ans. Ne rien attendre d’un homme, mise à part des bonbons et qu’il me prête ses jouets. Malheureusement adulte, cela ne se résume pas qu’à ça ; il y a tout un tas de questions qui entrent en jeu et même si parfois, ces questions sont inutiles, c’est ainsi. Gabrielle est loin de toute cette prise de tête, pour l’instant, elle se contente de manger les bonbons que lui offrent son amoureux et de lui tenir la main devant les autres enfants. « Tu sais une glace, c’est aussi bien que des bonbons. » dis-je en faisant un signe de tête vers la glace que je suis en train de manger. Oui, avec la glace on évite les carries et les crises de foie ! Continuant de parler d’histoire de cœur, Logan me dit qu’il fait aussi très attention aux personnes qu’il fréquente par rapport à sa fille, ne voulant pas d’une femme qui la laisse de côté. Après tout en se mettant en couple avec lui, on sait qu’il a une fille : je ne vois pas comment des femmes peuvent lui demander de la mettre de côté. J’écarquille les yeux en l’écoutant dire que certaines de ses précédentes copines avaient été capables de se montrer désagréable avec la fillette lorsqu’il avait le dos tourné. C’est hallucinant qu’une femme puisse agir de la sorte. Cela m’écœure, surtout que Gabrielle est vraiment une petite fille très agréable, avec qui on s’attache très vite. Le coup de la fille qui prend ses jambes à son cou et trouve une excuse pour partir, ne m’étonne qu’à moitié. Certaines ne se sentent pas capable d’assumer une histoire d’amour avec un homme, sachant qu’il a déjà un enfant à charge ; personnellement, je ne vois pas où est le souci. Je lui souris doucement lorsqu’il ajoute que tout le monde n’est pas comme ça. J’espère bien être différentes des femmes dont il parle. « J’comprends pas ces femmes qui s’intéressent à toi et font du mal à ta fille dans ton dos ou s’enfuient dès qu’elles connaissent son existence. On a tous un passé et Gabrielle est une petite fille adorable, il faut être difficile pour ne pas s’attacher à elle. En tout cas, j’espère être différentes de toutes ces femmes.. » Je ne suis pas parfaite, loin de là, mais j’espère ne pas être semblable à toutes ces idiotes. Continuant à savourer ma glace, je hausse un peu les épaules à sa question. « Oui assez… Le plus frustrant, c’est que je ne me souviens même pas de ma première vraie histoire avec un homme. C’est comme si, je devais tout redécouvrir. »

Rapidement, on reparle de Louca et Gaby mais aussi de tous les bonbons que le petit garçon lui a offerts depuis deux semaines. Je ne sais pas comment il fait à cinq ans pour venir tous les jours avec des bonbons à l’école, sans se ruiner. Le jeune papa suppose que sa mère doit l’aider pour satisfaire les envies de son amoureuse ou alors, qu’il « emprunte » l’argent de sa mère directement. J’espère pour lui que c’est la première hypothèse car je n’ose pas imaginer comment sa mère réagira si réellement il lui prend de l’argent. « J’espère pour lui que sa mère l’aide car si c’est l’autre idée, il va passer un sale quart d’heure lorsqu’elle le découvrira. » La fillette décide de retourner jouer avec ses amis à l’air de jeux. Apparemment, elle semble déjà avoir oublié ce qu’il s’est passé il y a plusieurs minutes. Tant mieux, je préfère la voir aussi radieuse, qu’avec les larmes aux yeux comme j’ai pu la voir en la trouvant. Reparlant glace, j’hoche doucement la tête quand le futur avocat me propose de gouter le parfum menthe/chocolat. « Oui, ça me changerai de la vanille. » répondis-je en souriant à nouveau. Se replongeant dans nos souvenirs d’enfance, on parle de nos « amoureux » de l’époque. « Oh non, il est vite passé à autre chose. Le lendemain, s’était l’amoureux de Sarah. » Je n’ai pas eu le temps de lui briser son petit cœur, qu’il en avait déjà une autre à l’époque. Retournant la question au jeune homme, il me raconte qui était sa petite amie à cinq ans. Maya. Petite fille trop jalouse à son gout. « Jalouse à cinq ans ? J’imagine pas à vingt ans alors. » dis-je en riant doucement. « En tout cas, je suis contente d’avoir pu faire la connaissance de ta fille, elle est adorable. »