Hé oh ! Tu sais comment je m’appelle ? Mon nom est Gathborrow et mon prénom est Skyler Noëlia. Tu aimerais en savoir plus sur moi ? Alors continue à lire. Je suis née en 1989 le 21 mars à Cambridge, j’ai 25 ans. Je suis de nationalité anglaise. J’adoooore les hommes, je suis donc hétérosexuelle et je suis célibataire. Cela fait vingt ans que je suis dans cette ville. J'ai choisi Olivia Wilde parce que elle est magnifiiiique *-*

Je suis quelqu'un de plutôt impulsif, et il ne faut pas m'embêter. Ni me contredire d'ailleurs, personne n'aime ça c'est clair, mais moi ça me met hors de moi. De plus, j'ai une très bonne mémoire, je n'oublie jamais un visage, et encore moi si la personne à qui il appartient m'a causé du tort. En amour comme en amitié je suis jalouse et possessive, mais plutôt sélective sur mon cercle d'ami. Pas si nombreux que cela. J'ai encore beaucoup de défauts, vous avez sans doute deviné, parmi lesquels: antipathique. Ce n'est pas naturel, au départ je suis quelqu'un de très sociable, mais la perte de mon fils m'a rendu ainsi. 

Moi je n'ai plus de parents. Pas qu'ils soient morts, malheureusement ils sont bien vivants, mais parce que je les hais. Je vous entend déjà dire que c'est impossible, qu'on ne peut pas détester ses parents. C'est parce que les vôtres ne vous ont jamais mis à la porte après une ultimatum cruel: « tu avortes ou tu ne reviens jamais ». Je les adorai, comme tout le monde aime ses géniteurs, mais quand je me suis retrouvée, adolescente de 17 ans, enceinte et seule pour élever mon bébé, ils m'ont tourné le dos. J'aurai pu les écouter, mais c'était mon bébé et je l'aimais. J'ai laissé passer les mois, pesant le pour et le contre, jusqu'au jour où il a été bientôt trop tard pour faire marche arrière. J'étais fixée, j'allais le garder ce bébé. Je savais déjà comment je l’appellerai, mon fiston -oui, j'étais persuadée que ce serait un petit gars, et ce fut confirmé peu après- : Maël. Je vivais chez la seule personne qui me comprenait : ma grand-mère s'étant également retrouvée seule pour élever mon père et n'ayant jamais baissé les bras. Je commençais à me dire que c'était une histoire génétique.  Et, enceinte de sept mois, j'ai fais une chute dans les escaliers qui a été fatale à Maël. J'avais perdu ma seule perspective d'avenir, mon bébé, mon univers tout entier se désagrégeait. Je ne me représentais pas la vie sans lui. Désespérée, je me replongeai dans les études, cherchant vainement -vous avez deviné- à oublier ma peine. Toujours occupée, entre les études, un travail de serveuse le soir et les week-ends, la préparation des reps ainsi que le ménage, je n'avais plus le temps de pleurer la disparition de mon bébé. Ou seulement durant la petite heure se sommeil que je trouvais dans mon programme chargé. Lorsque je parvenais à dormir, je rêvais que ma grossesse était arrivée à terme et qu'on vivait heureux, Maël et moi. Puis il disparaissait tout à coup, et toutes mes recherches, remuant ciel et terre, ne menaient à rien. C'est ce moment là que je choisissais pour tomber du lit, ou que ma grand-mère surgissait en courant pour me réveiller, alertée par les appels désespérés lancés durant mon sommeil. J'étais totalement dévastée. Pour tout dire, je n'étais plus que l'ombre de moi-même, malheureuse comme personne, foncièrement antipathique. Et paumée. Tellement....

« Je sors ! » Ton enjoué qui ne trompait personne : je n'avais rien surmonté du tout. En dépit des conseils de mon psychologue, je cachais mon mal. Ce mal qui me rongeait de l'intérieur, cette douleur déchirante, ces pointes de tristesse transperçant régulièrement ma cage thoracique : rien n'avait disparu, c'était exactement comme au premier jour. Mais pour ceux qui ne savaient pas, j'étais seulement naturellement nostalgique. Certains posaient des questions, et je les envoyais balader, la plupart des gens avaient compris qu'il fallait garder sa curiosité pour soi si on voulait me tenir une conversation. J'étais tombée dans quelque chose de bien triste, un cocktail plutôt désolant vu de l'extérieur -et de l’intérieur aussi , en fin de compte- : l'alcool et le sexe. C'est ainsi que j’oubliais mes problèmes. Parfois, ça  fonctionnait. Une règle : je ne donnais jamais mon prénom et ne revoyais jamais mes conquêtes. L'amour ce n'était pas pour moi, le père de Maël m'avait larguée en apprenant qu'il m'avait mise enceint et  suite à cette histoire d'amour j'avais perdu mon bébé. Je pense qu'inconsciemment j’essayais de retomber enceinte, bien que je prenne toutes les précautions pour ne pas que cela arrive je devais espérer qu'un miracle se produise, me redonnant foi si pas en l'amour, du moins en la possibilité d'être heureuse. Et maman. Ce serait comme un signe. Il faut croire que je ne suis pas faite pour avoir un enfant, parce que je n'en ai toujours pas. Je n'en aurai sûrement jamais, tant mieux pour lui, ça lui évitera d'avoir une mère incroyablement incompétente. Et, puisqu'on en parle, je n'ai jamais revu mes parents. J'ai essayé de leur pardonner mais, indirectement, c'est de leur faute si j'ai perdu Maël. S'ils l'avaient accepté, rien de tout cela ne serait arrivé. Je les déteste. Autant que j'aime Maël. Et que je m'en veux de ne pas avoir été suffisamment vigilante. J'aurai plutôt dû me rompre le cou dans cette chute. Et moi qui m'étais promis de ne jamais devenir si larmoyante... J'ai toujours trouvé ça incroyablement stupide. Tout ces films pleins de bons sentiments me donnaient presque la nausée à une époque. Ce temps-là est bien révolu, je comprend maintenant ce qu'est un coeur brisé. Ces histoires qui me laissaient de marbre me font fondre en larmes. Il y a ces mots : Lorsqu'un verre, ou une assiette, tombe par terre, il s'écrase avec un fracas à réveiller les morts. Lorsqu'une vitre éclate, qu'un cadre se décroche d'un mur, cela produit un bruit horrible. Mais lorsque votre coeur se brise, il le fait dans un silence complet. On pourrait penser, vu la portée de l’événement, qu'il produirait un vacarme stupéfiant ou même un son bien à lui, un timbre grandiose comme un gong ou un petit bip. Bien au contraire : le silence est assourdissant, et rien ne vient vous distraire de la douleur. Si bruit il y a, il reste enseveli au plus profond de vous. Votre coeur hurle mais personne ne l'entend, personne à part son propriétaire. Il hurle si fort qu'il vous perce les tympans, vous vrille le crâne. Il se débat dans votre poitrine, cogne de toutes ses forces, rugit de colère. voilà ce qu'évoque un coeur brisé : un animal pris au piège, épouvanté, ligoté, prisonnier de ses émotions. L'amour, ce sentiment qui n'épargne personne, peut se révéler aussi douloureux qu'une plaie à vif rongée par l'eau de mer. A l'intérieur, le chaos ; tout autour, le calme trompeur. Qui conviennent plutôt bien pour décrire ce que je ressens. J'ai mal, encore et toujours, même après des années. Un rire d'enfant et mon coeur se serre. Je peux dire n'importe quoi, j'ai toujours mal. Si certains sont dupes, d'autres se rendent bien compte que quelque chose ne va pas. Ils ont le bon sens, ou la lâcheté, de ne pas poser de question.

Je pense parfois à lui. «Lui» c'est je ne sais pas trop qui. Une conquête. La dernière, en fait, mais ça fait un petit moment. C'est lui qui m'a ouvert les yeux, sans le savoir j'imagine. J'ai lu dans ses yeux une douleur tellement semblable à celle que la perte de Maël me fait ressentir qu'elle a fait écho à la mienne. A la différence prêt qu'il ne la laissait pas le détruire. Alors que moi, je ne faisais que l'aider à m'enfoncer. Quand je l'ai quitté, au beau milieu de la nuit, je n'ai pas pu m'empêcher de me retourner. Pas que je sois soudain devenue romantique, mais pour contempler l'expression de paix sur son visage endormi, lors que lorsque je ferme les yeux, ma douleur ne se fait que plus apparente encore. C'est ça qui m'a convaincue d'arrêter mes conneries et de me reprendre en mains. Mais bon, je ne sais plus trop son nom alors... Bon, d'accord : Caiden. Caiden Riverside, et je pourrais même vous citer sa date de naissance, son âge, son deuxième prénom et sa boisson alcoolisée préférée. Oui, ça aide d'avoir regardé dans son portefeuille durant son sommeil -par simple curiosité je vous jure. Tandis que pour la boisson il a suffit d'être observatrice. J'ai une bonne mémoire, d'accord, rien avoir avec une quelconque nostalgie et encore moins des sentiments. Oh et puis allez voir ailleurs si j'y suis !

Après avoir compris que j'avais totalement déraillé, j'ai décidé de quitter -enfin- ma vieille grand-mère, m'installant seule dans une grande maison qui -nostalgie- aurait pu être un terrain de jeu parfait pour une enfant. Vous allez me prendre pour une folle, mais j'ai parfois l'impression d'entendre le rire d'un petit garçon. Ça fait maintenant sept ns et la douleur n' que peu diminué. Je n'ai toujours pas réussi à me débarrasser de mes cauchemars. Je travaille comme photographe depuis un moment, disons que mes études ont porté leurs fruits. Vous savez ce qui est le pire ? Arriver en août et ne pas avoir de fête d'anniversaire à préparer. Si Maël avait été là, il aurait huit ans dans huit mois.