Un jour. Deux jours. Trois. Quatre. Sept.. Les journées passaient encore et toujours inlassablement, indéniablement longues et ennuyeuses. Depuis cette dispute stupide avec Skyler qui nous avait valu une bonne prise de tête et la perte de tout contact, je n’avais plus la tête à rien. En fait, je tournais en rond constamment, comme un con. Même mon boulot – pourtant passionné – ne suffisait pas à me remettre sur les rails. J’étais comme un oiseau perdu depuis cette stupide prise de tête. En même temps, si l’autre débile avait clapé son bec, on n’en serait surement pas là. Confiant de nature, je m’étais découvert un nouveau trait de caractère aux cotés de Skyler. La jalousie, chose que je n’avais jamais éprouvée auparavant. Mais Skyler n’étant pas à moi, la voir se laisser ploter par d’autres mecs me rendait fou. En fait, j’avais la vague impression que nous nous étions respectivement rendus jaloux, comme deux idiots qui se cherchaient. Les prétextes de Sky étaient débiles et sans fond. Comme si elle pouvait me décevoir, encore faudrait-il qu’elle me laisse entrer dans sa vie pour en avoir le cœur net. Mais en abordant le sujet, la jeune femme se braquait littéralement, comme si elle se refusait le moindre sentiment envers un homme. Au début, je réussissais à passer au-dessus, à m’intéresser à d’autres que Sky, mais depuis quelques jours je voyais une multitude de rousses en ville, comme si toute espèce humaine avait disparu au profit des sosies de Skyler. Hallucinations ? Je n’en savais rien. J’étais pourtant clean et hormis mon âge, rien ne pouvait avoir raison de mes neurones. Il fallait que je lui parle. Il fallait vraiment qu’on discute, j’avais l’impression de devenir complètement fou sans elle. Alors s’il fallait qu’on soit amis, on le serait, mais au moins les choses auraient été mises au clair. Le regard rivé dans le vide sur le plateau, un de mes hommes me parlait, sans que je daigne répondre. Finalement fatigué de ne rien faire, je préféra m’occuper à faire quelque chose qui en valait la peine. Aller voir Skyler. Sans même prendre le temps de rentrer me changer, je partis en voiture et m’arrêta devant son allée avant de toquer à sa porte. Ouvrant cette dernière, la jeune femme visiblement fatiguée me la referma vivement au nez avant de que je l’en empêche en bloquant la porte de mon pied. « Sky. Ne fais pas ça.. S’il te plait.. » Dis-je en la regardant. «  Je crois qu’on doit discuter. Enfin non,  je ne crois pas mais j’en ai besoin. Ca fait une semaine que je suis comme un zombie depuis qu’on parle plus. Je voulais pas que ça prenne ces proportions-là. J’ai mal réagis, je sais. Je suis un pauvre con, ça aussi je le sais. Mais quand je tiens à quelqu’un, je ne peux pas m’en séparer. Et je tiens à toi. J’ai pas envie de te perdre pour ces conneries.. » dis-je à nouveau avant de soupirer et d’ajouter « Ecoute.. Quand je t’ai vu, j’étais heureux, je pensais passer la soirée avec toi, après qu’on ai dormis ensemble je pensais qu’on pourrait se rapprocher. Mais quand j’ai vu ce gars et le regard que tu posais sur lui comme si c’était normal qu’il te touche, ça m’a rendu fou.. Je supporte pas de voir que tu t’intéresses à un autre que moi, même si tu en as le droit.. Tu m’as foutu les boules Sky.. J’étais juste jaloux. Et que cette fouines foute encore son nez dans nos affaires ca a été le coup de grâce. Je veux pas que tu te confies à lui en lui disant que je suis un con.. Je préfèrerais mille fois que tu lui dises que tu m’aimes mais que tu n’oses rien dire.. Ca fait trois ans que je suis seul depuis la mort de Riley.. Trois ans que je refuse de la remplacer mais là je sais que je suis dépassé. J’en peux plus. Je déteste la solitude et j’ai besoin de quelqu’un. De quelqu’un d’aussi perdu que moi. De quelqu’un comme toi.. Je veux pas forcément que tu te jettes à mon cou en me disant tous les je t’aime du monde, je veux juste qu’on soit au moins amis.. Qu’on arrête de se prendre la tête pour rien.. J'suis nul.. Je sais. Mais t'es pas une nana facile.. Mais j'aime ce qui est compliqué.. »

Va te faire voir Riverside !, l'une des dernières choses que Skyler lui ait dit. C'était du joli, en effet. Elle en était sincèrement désolée, de plus il n'avait rien fait. Rien de plus qu'être lui-même. Il lui avait souri, avait plongé son regard clair et hypnotique dans le sien, il avait été là quand elle avait pour seule envie de se jeter par la fenêtre, il avait compris mieux que n'importe qui. Il n'avait rien fait, du moins rien de mal. C'était ça le problème: il était trop bien pour elle. Trop généreux, attentif, protecteur, amical, compréhensif,... Elle ne comprenait pas pourquoi il s'intéressait à elle, sans doute ne comprendrait-elle jamais. Il pourrait toujours lui expliquer, elle ne comprendrait pas. Il semblait se ficher de ses nombreux, très nombreux, défauts. Et pourtant il en avait beaucoup fait les frais. Ce n'est pas tous les jours qu'on se fait traiter de tous les noms et gifler par quelqu'un à qui la seule chose qu'on à fait c'est l'empêcher de faire une bêtise. Elle était du genre compliquée, ce qui lui paraissait logique ne l'était ps pour les autres. Et, parfois, elle en se comprenait plus elle-même. Comme en ce moment. Cela faisait une semaine qu'elle se sentait comme un animal pris au piège, enchaîné et effrayé. Elle avait toute la liberté qu'elle pensait nécessaire, aucune attache, rien. Mais elle se sentait comme enfermée. Prisonnière de sa souffrance, sans aucun doute. Occupée à développer ses dernières photos dans sa chambre noire, elle leva les yeux au ciel lorsqu'on frappa à la porte. Toujours au mauvais moment. Peut-être serais-ce quelqu'un qu'elle serait contente de voir, même si elle en doutait fort. Elle n'était d'humeur à voir personne. Tout comme lors de la perte de Maël, elle se tuait à la tâche pour se changer les idées. Passant une main dans ses cheveux pour se recoiffer un peu, la rouquine ouvrit la porte sur... Caiden. Elle voulut instantanément la lui claquer au nez, un peu comme si une alerte rouge c'était déclenchée dans sa tête, l'avertissant du danger que représentait le simple fait de lui parler. Mais il l'en empêcha. Elle fit un pas en arrière et ouvrit la porte, demeurant platée dans l'encadrement pour qu'il n'ait pas l'idée stupidissime de vouloir entrer. Elle voulut le remballer dès la première phrase, genre "je n'en ai ni besoin ni envie", bien que c'eut été un mensonge. Du moins pour la première partie, car l'envie n'y était pas. Elle déglutit difficilement, les yeux humides mais, par chance, sans aucune larme à l'horizon. « Arrête... Fais pas ça. Vraiment, fais pas ça. Je veux juste t'oublier, j'en ai assez de souffrir, d'être jalouse et de jouer au chat et la souris. Je veux pas de sentiments, je veux pas qu'on s'attache à moi. Je veux seulement qu'on m'oublie, qu'on me laisse dans mon coin pour vieillir seule avec une centaine d'animaux différents dans ma grande maison. Parce que j'en peux plus de me justifier, de toujours chercher à être parfaite. Je le suis pas. Je suis bourrée de défauts, la pire qu'on puisse trouver en matière de casse-couilles c'est moi. Je t'ai giflé et traité de tous les noms et tu reviens vers moi comme si c'était toi le fautif... » Elle détourna le regard et se passa une main devant le visage. « Je peux pas être ton amie. C'est au dessus de me forces de te voir avec une autre. Et je veux pas te faire de mal en te promettant de t'aimer toujours avant de te décevoir et de te faire fuir. Pourquoi tu crois que je me suis retrouvée seule avec Maël !? Je veux pas être seule à nouveau, je préfère rester comme ça plutôt que de finir abandonnée à nouveau. T'auras beau dire ce que tu veux je sais que je suis pas une fille pour toi, bien au contraire. Je suis l'opposé de Riley, une vraie chieuse, je veux pas t'imposer ça. » Elle secoua la tête et un vague sourire triste passa brièvement sur ses lèvres fines. « Va t'en, tu mérites mieux que ça. » assura-t-elle, son regard plongé dans le sien.

Vide.. C’est un peu ce qui me définirait le mieux depuis quelques jours. L’absence de Skyler, de sa façon de repousser mes avances clairement compréhensibles, de m’envoyer sur les roses, de me la boucler. Cette femme avait ce caractère hors du commun que j’adorais et détestais à la fois. D’un coté, la défier était un véritable plaisir, ce petit jeu de chat et de souris m’amusait autant que d’essayer de lui glisser mes sentiments dans des sous-entendus afin de voir sa réaction. De l’autre, son caractère était difficile à gérer puisque l’un comme l’autre nous étions rancuniers, sans doute elle plus que moi d’ailleurs. La jeune femme ne donnait vraiment plus signe de vie depuis cette stupide dispute. Même plus au bar où je passais régulièrement pour la voir et lui parler. Elle était comme disparue, ce qui ne faisait qu’augmenter mon angoisse de la perdre réellement. La jeune femme restait profondément blessée de la perte de son fils et je ne savais pas vraiment ce qu’elle était capable de faire.. Laissant finalement ma fierté de côté et mon boulot par la même occasion, je me rendis chez Skyler, un peu nerveux, voir même très tendu à l’idée que cette conversation ne nous mêne nulle part et ne nous apporte rien de plus qu’une séparation bel et bien définitive. Hésitant une dernière fois de toquer ou non, cherchant les mots que je devais lui dire sans l’effrayer ou la braquer, je finis par toquer oubliant tout ce que j’avais pu avoir en tête quelques secondes avant. « Non, Skyler. Là-dessus je lâcherai pas l’affaire. Je veux pas que tu m’oublies Sky, justement. Si tu fais ça, ça va me faire plus de mal qu’autre chose. Je veux pas non plus jouer au jeu du chat et de la souris, mais je veux pas qu’on se sépare ainsi, qu’on en reste là. J’ai développé des sentiments trop forts pour abandonner là. Mais si c’est réciproque, laisse-nous au moins une chance. Je suis persuadé que je serai heureux, surement plus qu’aujourd’hui. J’arrive plus à bosser, ni à dormir. Je pense qu’à toi, je me traite de con chaque soir de ne pas m’être excusé plus tôt..  Et pis arrête de dire que t’es bourrée de défauts, t’en es tellement persuadée que t’arrives même pas à voir tes qualités Sky. Tu crois que je serai sous le charme d’une des pires femmes du monde ? Sérieux, t’es parfaite. Il suffit que tu regardes plus loin que le bout de ton nez et que tu fasses un peu plus confiance aux gens. Laisse leur te montrer à quel point t’es géniale et laisse une bonne fois pour toute ton passé et des aprioris de cotés, merde. Cette gifle je l’ai mérité. Ca m’apprendra à te parler comme de la merde. Je suis le fautif comme l’autre débilos. T’avais rien fais oké ? Imprime ça dans ton crâne. Et maintenant que j’ai compris que je comptais mais que tu te refusais quoi que ce soit envers moi, crois moi que je vais encore moins te lâcher, jusqu’à ce que tu cèdes, que tu défailles, juste pour te faire oublier une seconde tout ce que tu racontes.. » dis-je en me rapprochant d’elle. L’embrasser ? Je le ferai si j’étais pas certains que ces paroles ne suffiraient pas et qu’elle me collerait un pain au moment ou mon visage approcherait trop le sien. Attrapant plutôt sa main, je la forca à me regarder dans les yeux d’un geste doux. « Si t’es jalouse à ce point c’est qu’il y’a quelque chose entre nous. De toute façon c’est indéniable, il y’a quelque chose entre nous. Accepte le. Me faire du mal ? Mais bon sang Skyler, arrête tu veux. Là oui tu me fais mal parce que tu m’aimes mais que tu te refuses de l’avouer. Tu crois qu’en mettant un terme à tout ça, tu vas arranger les choses ? Tu crois que j’en souffrirai moins ? Tu te plantes. Faut que t’arrête d’imaginer que je suis un gars parfait Skyler. Je suis chiant, collant et susceptible au possible. Je suis pas en sucre non plus. Mais je suis un mec fidèle et quand j’aime quelqu’un je ne l’aime pas que pour un mois, un an ou deux. Je l’aime vraiment. Tu crois que je suis ce genre de mec ? Le genre de gars à t’abandonner enceinte et malheureuse ? Nan. Tu te plantes encore sur mon comptes mais si tu me laissais te le prouver peut-être que tu comprendrais. Je ne veux plus d’une femme trop gentille, trop adorable dans ma vie. Je ne veux pas le sosie de Riley. Je veux une femme de caractère qui m’aime vraiment. Un peu du genre de la jolie rouquine du bar prénommée Skyler et sur qui j’ai flashé. J’ai pas l’habitude de mettre la meme femme deux fois dans mon lit. Mais toi c’est différent. Si tu y restes, personne ne prendra la place. J’ai pas besoin d’avoir toutes les femmes à mes pieds, ni même une seule. Je veux juste que tu m’aimes vraiment. » Le regard baissé, un sourire triste se dessinant sur ses lèvres, je compris que j’avais peut-être trouvé une faille. D’un besoin irrépressif de continuer à creuser, j’avança un peu plus vers elle alors qu’elle m’assurait que je méritais mieux qu’elle. J’en étais pas vraiment convaincu. Pas du tout même. Approchant mon visage du sien, je déposa un bref et léger baiser sur ses lèvres avant de plonger mon regard dans le sien. « Répète un peu ? » Bafouillant, déstabilisée, la jeune femme têtue se borna à répéter avant que je ne lui vole un nouveau baiser, plus long et plus amoureux. «  T’es vraiment sure de ça ?! » ajoutais-je, la déstabilisant encore plus bien qu’elle tienne encore bon. Un ultime, un ultime baiser suffirait peut-être. Approchant à nouveau mon visage du sien, une main glissant dans sa nuque, ce fut un baiser passionné que je lui offris, à la fois ravis qu’elle me laisse faire et craintif qu’elle ne campe sur ses positions.

Penser qu'elle n'avait pas besoin de lui était la seule chose qui occupait ses pensées en ce moment. Lorsqu'elle n'était pas plongée dans le travail, le ménage, la cuisine ou le sommeil, Skyler n'avait rien d'autre en tête. Elle aurait pu en rêver, mais ce moment-là était toujours consacré à Maël, à ce cauchemar répétitif, toujours exactement le même, sans le moindre détail en plus ou en moins. Cette histoire la bouleversait totalement, pour quelqu'un déjà en mauvais état psychologiquement parlant ce n'était pas l'idéal. Loin de là. Voir Caiden débarquer ne la rendit, étrangement, ni heureuse ni malheureuse. Son sentiment à cet instant devait se situer quelque part entre les deux. Surtout, elle lui en voulait encore. Quoi, je ne vous avais pas encore dit qu'elle était du genre rancunière ? En même temps, c'était il y a à peine une semaine. Et elle n'avait rien d'autre à faire que cultiver sa rancune, d'accord !? Sky ne répondit pas, baissant les yeux à la recherche de paroles suffisamment frappantes pour qu'il s'en aille. Surement, elle avait déjà à moitié avoué qu'elle... comment dire ? l'appréciait. En effet, elle se refusait à prononcer ou même à penser à ce mot qui lui avait fait déjà tant de mal. Son cerveau turbinait mais elle en trouva pas mieux que lui assurer qu'il méritait mieux qu'elle. Ce qu'elle pensait sincèrement. L'air peu convaincu, il s'avança vers elle, ce qui lui fit lever les yeux au ciel, mais elle n'eut pas le loisir de lui dire qu'elle était persuadée qu'il faisait n'importe quoi et qu'il était inutile de s'entête ainsi, il l'embrassa. Brièvement mais un frisson parcourra tout de même tout son corps et elle en resta bouche bée. Secouant légèrement la tête pour se remettre de ses émotions, elle se campa sur ses positions et planta son regard clair dans le sien. Elle bredouilla. « Je... Va t'en, tu mérites mieux que... » Comme si elle n'était pas suffisamment déstabilisée, il l'embrassa à nouveau, plus longuement. Elle menaçait de flancher, mais finit par se camper sur ses pieds, croisant les bras, recouvrant son assurance naturelle. « Je disais... » Comme elle s'y attendait, il ne lui laissa pas le temps de finir. Mais, comme elle ne s'y attendait pas du tout, il réussit à la faire lâcher prise. Elle s'abandonna à ce baiser passionné, caressant les cheveux de Caiden, puis sa nuque, avant de couper court au baiser. Elle avait encore du mal à se décider. Elle ouvrit la bouche pour parler. La referma. Avant de prendre la parole une bonne fois pour toute: « Je... capitule. Mais sérieusement c'est déloyal. Et puis je ne comprends pas pourquoi tu t'es acharné, personne ne peut savoir comme ça d'un coup que c'est telle ou telle personne qu'il lui faut, c’est impossible. Le coup de foudre n'existe pas. » Oui, vous ne rêvez pas, elle était quasiment en train de l'engueuler de l'aimer. Je vous avais dit qu’elle n'avait pas toute sa tête. Caiden toujours à l'extérieur et elle dans encadrement de la porte, ce n'était peut-être pas le meilleur endroit pour discuter mais elle ne songeait pas à bouger...

La mettre sur le fait accompli, l’embrasser sans lui laisser un mot à dire, sans lui laisser le temps ou même l’occasion de me repousser une fois de plus par ces belles paroles habituelles du « Tu mérites mieux que moi » , telle était ma tactique. Une tactique un peu brutale c’est certain, mais c’était probablement la dernière chose que je pouvais faire avant qu’elle ne me repousse pour la énième fois et sans doute la dernière. Je pouvais me montrer très acharné dans bien des domaines, mais dans le domaine sentimental, je ne restais blessé de ma dernière relation. A force d’être constamment repoussé, je finis par me dire que je me trompe, que peut-être ses sentiments sont différents des miens et que je me suis fait de fausses idées. Qu’en savait-elle au fond que je méritais mieux ? Elle n’était pas dans ma tête ou ne pouvait pas entendre les battements de mon cœurs, alors comment pouvait-elle juger quoi que ce soit ? J’étais encore le seul maitre de mes décisions après tout. Ce soir, je jouais ma dernière carte. Un gros coup qui me dirait si oui ou non mes sentiments sont réciproque, ma dernière chance de gouter au bonheur après des années de solitude. Ne la laissant pas placer un traitre mot, je lui vola un baiser, puis un deuxième et un troisième pendant lequel elle se laissait enfin aller. En sentant sa main glisser dans ma nuque, mon cœur rata un battement avant de soudainement s’affoler pour battre lourdement dans ma poitrine, comme s’il était à l’étroit, frappant durement contre mes poumons, m’empêchant par conséquent de respirer. La laissant mettre fin à ce long baiser, je rouvris les yeux sur elle, penché au-dessus de son visage. La jeune femme était plus petite que moi, mais gardait un charme incroyable. Caressant ses traits fins du bout des doigts, mon regard restait rivé sur les mouvements de ses lèvres, si faibles soient-ils. « Je ne suis pas là pour débattre au sujet de l’existence ou non du coup de foudre. Si tu n’y crois pas, c’est dommage, personnellement je ne vais pas dire que je n’y crois pas, pour la simple et bonne raison que j’ai vraiment l’impression profonde d’avoir quelque chose à vivre avec toi. C’est bizarre comme sensation, assez indéfinissable, mais je te souhaite de le vivre. Laisse seulement parler tes sentiments pour cela. Donc à tes yeux, je suis un menteur, ce que je ressens n’est que pure invention ? C’est tout ce que j’ai trouvé pour que tu cesses une bonne fois pour toute de me repousser. Une fois ça passe, deux fois ça fait beaucoup, trois fois ça me saoule royalement.. Alors j’ai pris les devants avant de me prendre un énième râteau. Cesse de me dire que tu ne ressens rien pour moi, tu viens de me prouver le contraire. Laisse-moi juste une chance de te prouver que tu te plantes complètement sur ta vision des choses.. » Commençant peu à peu à frissonner sous le vent glacial qui s’engouffrait, à l’appel de l’air chaud de la maison de Skyler, je ne lui laissai pas vraiment l’occasion de m’inviter à rentrer. Je pris la décision moi-même de faire un pas avant de fermer la porte derrière moi. « T’es mignonne dans cette tenue.. Tu peux mettre tes idées défaitistes sur l’amour de coté pour une soirée ? » demandais-je finalement avant de la regarder dans le plus profond de ses yeux.

« J'ai pas dit que tu mentais, ni que je ne t'aim... » Elle se mordit la lèvre, ne poursuivant pas car ce mot lui aurait écorché la bouche. « Ce que je veux dire c'est que tu ne pouvais pas savoir que tu avais besoin de moi et moi seule et pas de je sais pas... cette chère blonde qui te collait, par exemple. » reprit-elle comme si de rien n'était. Elle n'était pas encore prête à prononcer le mot. Quant à cette histoire de blonde au bar, oui, elle l'avait encore en travers de la gorge, même si c'est elle qui avait commencé. Raison de plus pour qu'il lâche l'affaire, d'ailleurs. Excepté que, désormais, elle le retiendrait. Même si elle ne comprenait pas tout, même si elle avait encore la crainte de souffrir,... Elle allait essayer, quitte à lui dire le lendemain que c'était impossible. Oui, c'était une idée étrange qui serait douloureuse pour tout le monde mais c'est lui qui l'avait cherché. Skyler recula, le laissant pénétrer chez elle bien qu'elle eut été déterminée à ne pas le faire. Elle garda ses réflexions sur le fait qu'il était en train de s'inviter pour elle et leva les yeux au ciel. « Je préfère dire "réalistes". » Dernier commentaire sur le sujet. Elle tourna les talons direction la cuisine, Caiden à sa suite. Dans sa tête: le chaos. Pour tout dire, dans son coeur aussi. Mais la jeune femme continua de garder cet air détaché et presque blasé qui la caractérisait. « Tu veux boire quelque chose ? Au fait, si tu comptes passer le reste de ta soirée ici, j'étais en train de travailler, il faut que je boucle l'album d'un client pour demain... Alors tu resteras sagement derrière moi ou où tu veux pendant que je travaillerai. » Leur relation n'était pas très claire, mais pour l'instant c'était suffisant. Il ne fallait pas que tout aille trop vite, autrement Skyler finirait rapidement paumée. Elle n'avait pas envie de se brusquer. C'était un peu du grand n'importe quoi, du coup, mais c'était mieux que rien, ou que trop.

« Effectivement, tu n’as jamais dit que tu m’aimais. Mais je pense qu’il n’y a pas besoin de mots pour définir ce qu’il se passe entre nous, pas vrai ? Un petit dessin vaut mieux qu’un long discours, non ? C’est un peu ça que tu me fais comprendre en tout cas. Ne me fais pas croire que je te laisses totalement insensible, autrement tu n’aurais jamais répondu à mon baiser, puisque tu refuses d’avoir une relation deux fois avec la même personne… » Répondis-je en la regardant dans les yeux. Elle savait tout comme moi que j’avais parfaitement raison. Je n’étais pas dupe, nos sentiments crevaient les yeux d’un aveugle, c’était plus évident que le nez au milieu du visage, alors ses mensonges, je n’y croyais pas le moins du monde. « Tu veux que je te dise la vérité ? Cette blonde je la connais ni d’Eve, ni d’Adam. Je ne sais pas qui c’est, je m’en fous royalement d’ailleurs. Tout ce que je sais c’est que te voir avec ce gars ça m’a sorti de mes gonds. Alors j’ai essayé de te rendre jalouse – ce qui a visiblement parfaitement fonctionné vu ton air dédaigneux lorsque tu parles d’elle. Et cette fille est tombée pile au bon moment. Elle semblait attirée, alors je l’ai en quelque sorte utilisée pour te rendre jalouse. Rien de plus. De me fous d’elle, d’ailleurs son numéro est resté sagement dans mon pantalon et est passé à la lessive, résultat il est indéchiffrable et je n’en ai absolument pas besoin. Désolée de te contredire Skyler, mais je sais quand j’ai besoin d’une femme. Et là c’est de toi dont j’ai besoin. Que tu l’acceptes, ou non. » ajoutais-je le regard toujours rivé dans le sien, sans vouloir en décrocher. Soupirant finalement, je souris légèrement à son air vaincu. Pénétrant dans son logement, j’esquissa un nouveau sourire victorieux et la suivis avant de me poser dans son sofa. « Je maintiens infondées. » répondis-je avant de lui sourire et d’accepter un verre de soda, peu importe ce qu’elle avait en fait. « Très bien. Je serai sage comme une image. Je ne bougerai plus, tu verras » dis-je en la laissant terminer son travail sans broncher. Grignotant sans gêne un paquet de chips qui se trouvait sur la table du salon, je comblais le vide de mon estomac en regardant un film, soudainement maître de la télécommande. Les heures passaient assez rapidement sans que je m’en rende vraiment compte, jusqu’à ce que l’heure n’attire mon attention. Il était presque 23 heures et Skyler n’avait toujours pas mangé. Moi non plus en fin de compte. Tendant l’oreille, je l’entendais s’énerver sur des photos, sans doute sous la fatigue qui s’emparait d’elle. Je savais bien que son sommeil était loin d’être réparateur, il était donc temps de l’arrêter un peu. Commandant discrètement une bonne pizza que je réceptionna sans qu’elle s’en rende compte, tant elle était captivée par son boulot, je les posa sur la table de la cuisine avant de partir la rejoindre. Posant mes mains sur ses épaules, je lui massa doucement la nuque du bout des doigts. « Skyler.. Il est 23 heures, arrêtes de t’énerver pour ce book. J’ai commandé des pizzas. » murmurais-je avant qu’elle ne m’envoie bouler, un peu comme je m’y attendais. « Très bien. Je voulais rester doux, mais puisqu’il le faut, utilisons la force. » Dis-je avant de dégager ses cheveux de son cou pour y déposer quelques baiser, pendant qu’elle ralais sans pour autant de débattre. Laissant mes mains glisser sur ses épaules jusque ses mains, je lui captura ces dernières pour qu’elle cesse toute activité. Elle avait beau me demander d’arrêter, je continuais, légèrement borné jusqu’à ce qu’un léger rire n’échappe de sa bouche. « Oh. J’ai réussi à te faire rire, un exploits ! » dis-je en lui souriant légèrement avant de la tirer par la main pour la lever et déposer un léger baiser sur son front. « Allez.. J’ai été sympa, je t’ai pris ta pizza préférée. » dis-je en l’attirant vers le salon où tronaient les deux pizzas délicieusement attirantes. Assis dans le sofa, Elle restait debout, hésitante, prétextant devoir boucler ce book ce soir. Attrapant sa main, je la tira de nouveau pour qu’elle me tombe presque dessus. « Demain. T’arriveras à rien le ventre vide et fatiguée. Allez, fais moi plaisir. » dis-je en lui tendant un morceau de pizza qu’elle ne pourrait refuser.