ivy & mickey

inspire, expire. aujourd'hui, c'était plus dur que d'habitude. trop de bruit trop de gens. il était midi, la patinoire était donc ouverte au public. bien que mickey adorait les enfants, leur présence sur la glace la déstabilisa quelque peu. sa mâchoire se crispa, ses dents glissaient désagréablement les unes contre les autres. mickey avait bu la veille. il y a cinq ans, elle s'était promit de ne pas recommencer. il y a cinq mois, elle s'était promit de ne pas recommencer, à son arrivée à l'UCLA. assise sur un banc, elle ferma ses paupières et frotta ses mains rougies l'une contre l'autre. puis elle porta ses doigts à ses lèvres puis souffla légèrement dessus, les yeux toujours fermés. une brume légère s'échappa de sa bouche entrouverte, puis elle enfila sa paire de gants. trop de bruit, trop de gens. elle aurait voulu essayer de s'isoler de tous ses sons qui l'entouraient, sans succès. et malgré l'interdiction de son entraîneur, mickey retira ses appareils. les sons seraient toujours là, mais elle ne serait plus forcée de les écouter, elle les ignorerait.

inspire, expire. elle ouvrit les yeux brusquement, la lumière soudaine lui brûla les pupilles. et si en plus d'être à moitié sourde, je devenais aveugle, elle pensa, un sourire légèrement glauque au coin de la bouche. elle se leva et prit place sur la glace, se propulsait en avant d'un coup de pied précis et gracieux. elle gagnait en vitesse, slalomait entre les enfants et les plus grands qui eux ne savaient absolument pas où il allaient. elle leva les yeux au ciel. elle voulait s'entraîner, elle. mickey sentit tous les regards se poser sur elle, ce qui la gênait plus qu'autre chose. lorsqu'elle était enfant, être le centre de l'attention était une chose naturelle pour elle, aujourd'hui ça l'était un peu moins. la jeune brune n'entendit pas son entraîneur la prier de faire attention et alors qu'elle atteignait le bord de la patinoire, elle ralentit le battement de ses chevilles jusqu'à se retourner sur elle même de manière à patiner à reculons, dos au vent. mickey termina en tournant en un cercle parfait, accélérant progressivement. elle sentit l'adrénaline monter en elle, elle aimait ça. le cercle se réduisait de petit à petit, sans s'arrêter elle ne prit appui que sur son pied gauche. elle tourna une fois, deux fois, trois fois jusqu'à ce que son corps vienne se heurter à un autre, le choc fut si violent que mickaela se retrouva propulsée contre une des barrières qui entouraient la patinoire.

mickey ouvrit une paupière, puis l'autre. un bip bip bip dont la provenance lui était inconnue lui cassait déjà les pieds. elle se redressa et remarqua qu'elle était dans une chambre d'hôpital. puis que ses appareils auditifs étaient posées à côté d'elle, sur une table de chevet. un mal de tête l’assomma et elle fut instantanément obligée de se recoucher. un sourire débile apparut sur son visage. la morphine y était sûrement pour quelque chose. elle aurait pu y passer, elle le savait. du bout de ses doigts, elle caressa lentement son bras droit couvert de bandages, les yeux fermés. elle espéra que son visage n'eut pas trop souffert quand elle eut noté le goût amer du sang dans sa bouche après avoir passé sa langue sur sa lèvre inférieure. soudainement, un parfum familier lui chatouilla le nez et mickey soupira de soulagement. elle lui lança un faible bonjour qu'elle accompagna du geste en langue des signes que la rousse ne comprendrait sûrement pas. elle lui sourit. elle adorait vraiment ivy, elle était l'une des première personnes qu'elle avait rencontrées à son arrivée il y cinq mois à l'UCLA. mickey détestait qu'on la voit en position de faiblesse, ivy le savait bien. mais pour son amie, mickaela était prête à faire des concessions, à se laisser aller.

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ivy & mickey

mickey ne supportait pas les hôpitaux. ni leurs odeurs, ni leur ambiance sinistre, ni ce sentiment d'angoisse qui l’oppressait. elle aurait tout fait pour ne pas y retourner. la dernière fois qu'elle avaii mit les pieds dans un hôpital, c'était il y a cinq ans à la suite d'une overdose. elle s'était promit de ne plus y retourner mais après avoir bu ce jeudi soir, elle n'étais plus sûre de sa propre parole. elle avait eu le temps de rêver toute éveillée à ce qu'il y aurait pu lui arriver si elle était restée à chicago. elle ne voulait pas le savoir, ça aurait sûrement très mal fini. restez tranquille, détendez vous, et ne bougez surtout pas lui avait recommandé le médecin qui s'occupait d'elle. elle n'avait perçu que la moitié de la phrase mais avait totalement compris son sens. se calmer, comment ça se calmer ? comment pouvait-elle rester calme en ce moment, dans cet atmosphère lugubre ?  c'était mission impossible. mickey était une jeune femme frustrée et nerveuse de nature, même si elle ne le montrait pas forcément. elle aurait voulu se lever, faire les quatre cent pas dans la pièce puis s'en aller, loin. finalement, elle ferma les yeux et profita des rayons du soleil qui éclairaient son visage.

« Bonjour, Mickey ! » avait-elle articulé de manière à ce que mickey comprenne bien. cet effort la fit sourire. la brune se redressa péniblement pour embrasser son amie. même si elles ne se connaissent que depuis cinq mois, elle eu l'impression de la connaitre depuis longtemps. lorsqu’elle vit le visage d'ivy, mickey aurait presque remonté la couverture, et cacher son visage de façon à ce qu'elle ne la voit pas dans cet état. finalement elle eu un sourire rempli d'amitié et enfila ses appareils auditifs de manière à entendre la rousse un peu mieux. « tu as vu.. je pense que le mannequinat c'est fini pour moi. » ironisa-elle en faisant référence aux petites égratignures à peine visibles sur son visage, sur sa lèvre inférieur et sur une de ses arcades sourcilières. elle avait cette manie d'essayer dédramatiser dans toutes les situations. « et le patinage aussi visiblement... je ne dois plus être aussi douée qu'avant. » se retrouver à l'hôpital à cause d'une chute sur la glace la rendait malade. le patinage était sa passion et pendant une période de sa vie, son oxygène et sa raison de vivre. elle aurait préféré mille fois se faire renverser par une voiture. « est-ce que tu sais si on peut trouver des hots-dogs ici ? » elle ne voulait pas qu'ivy s'inquiète pour elle. bien qu'ivy ai déjà vu mickey la mine basse, la brune ne put s'empêcher d'essayer de faire sourire son amie.

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ivy & mickey

malgré cette touche d'humour, mickey n'avait pas su cacher bien longtemps le manque cruel de confiance en elle qu'elle dissimuler derrière un sourire constant. elle avait fini par oublier la douleur dans son bras, certainement grâce aux effet anesthésiant, elle n'était plus qu'en proie à une grande fatigue. l'adrénaline de l'action s'était évaporée et elle regrettait à présent la douleur qui la maintenait éveillée. au moins, une fois à la maison elle s'endormirait vite, se rassurait-elle, on lui dirait sûrement de ne pas aller travailler le lendemain mais elle y irait de toutes manières. mickey n'était pas du genre à écouter ce qu'on lui disait, non. elle était particulièrement douée pour n'en faire qu'à sa tête et cet accident en était la preuve. car oui, si elle n'avait pas enlever ses appareils auditifs, elle aurait sûrement entendu les recommandations de son entraîneur paniqué. un jour, lui disait-il souvent, ça finira mal mickaela, très mal. elle devait sûrement en avoir conscience, quelque part au fond de sa cervelle d’entêtée, mais elle n’y faisait pas attention, préférait de loin faire les choses comme elle les entendait. d'ailleurs, c'était ce côté immature et presque enfantin de mickey qui l'avait emmenée à fuir loin de chicago et de ses mauvais souvenirs.

mickey admirait beacoup ivy pour ce qu'elle faisait. c'était une fille très humaine et touchante qui n'hésitait pas à donner de sa personne pour les autres. c'était sûrement pour ça qu'elle aspirait à devenir médecin, à aider les autres. mickey se retrouvait un peu en elle ; elle se souciait plus des problèmes des autres que des siens. et de toutes façons, chaque fois qu'elle s’y attardait un instant, elle se sentait si vide et si vulnérable qu'elle avait l’impression d'être comme nue et se noyer. elle ne voulait plus revivre ça. le mieux était donc de s’occuper l’esprit avec autre chose qu'elle-même et ses problèmes. elle préférait de loin les soucis des autres, au moins elle savait qu’elle apportait quelque chose d’utile et cela lui faisait plus de bien que l'on pouvait l'imaginer. et puis elle était comme ça. Même au plus profond du trou noir, elle continuait de se soucier des autres et de souffrir en souriant. ivy rassura mickey en lui affirmant que ce n'était que de la malchance ce qui arracha à la brune un sourire amer. de la malchance, elle en avait eu. « oui... j'espère que tu as raison. » la faim se fit ressentir et mickey ne pu s'empêcher de demander à son amie si elle savait où elle pouvait se procurer des hot-dogs pas très loin, la nourriture servie à l'hôpital ne l'appétissant pas plus que ça. la rousse se mit alors à rire et mickey remarqua qu'ivy avait instantanément réchauffé la pièce, de par sa bienveillance. « en fait... j'aurais préféré qu'on y aille ensemble, on pourrait parler sur le chemin. et puis personne n'en saura rien. » promit-elle après s'être péniblement levée, enfilant sa veste et sa casquette sur la tête.« on y va ? »

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ivy & mickey

malgré une hésitation, ivy accepta d'accompagner mickey manger un hot-dog. cette dernière n'avait qu'une envie ; sortir de cet hôpital. elle déambulait lentement dans les couloirs avec grâce et complexité, rasant les murs du bout de ses doigts. son regard s'arrêta sur une jeune fille qu'elle jugea ne pas être plus âgée que seize ans. ses yeux envoyaient comme un signal de détresse, ils témoignaient d'une grande peur, et d'une honte. mickey se rappela avoir été prise de ces sentiments, elle aussi. instinctivement, elle aurait presque voulu, détourner le regard et s'enfuir loin de cet endroit où les rêves et le bonheur ne semblent pas trouver leur chemin. ses yeux l'aspirèrent presque dans leur noirceur effrayante. elle se retrouva comme emprisonnée au milieu de leurs milliers de couloirs obscurs aux portes scellées, à tâtonner faiblement et avec difficulté dans leur immensité noire. sa seule envie fut de prendre ses jambes à son cou mais elle se vit incapable de bouger, comme clouée au sol par une étrange mécanique et ses yeux étaient emprisonnés dans les siens tels deux moucherons attachés à une vicieuse toile d'araignée. soudain, le bruit de pas dans les escalier la réveilla, elle se précipita dehors et au moment où elle fut tentée de prendre une cigarette, son amie arriva et elles se mirent en route immédiatement.
quand elles arrivèrent au marchand de hot-dogs, mickey se décida à poser une question qui lui traversait l'esprit depuis déjà un bon moment. « dit-moi ivy, qu'est ce qu'i fait que tu as voulu devenir médecin ? et.. je veux dire, l'ambiance c'est comment ? »  une hésitation. « hum on est entre amies, peut-être que tu voudrais parler d'autres choses.  » entre amies. elle aurait aimé avoir rencontré une fille comme ivy cinq ans en arrière. ça lui aurait épargné bien des soucis. elle n'avait jamais compris pourquoi elle était arrivée sur cette terre, elle était persuadée qu'elle n'accomplirait jamais de bonnes choses, qu'elle finirait comme un rat au milieu des égouts. depuis, mickey s’efforçait de rependre le bonheur autour d'elle et de donner de sa personne à chaque fois qu'elle en avait l'occasion. malgré cela, elle avait toujours cette sensation qu'elle pouvait en faire plus, de peur de décevoir, encore. sa relation avec nate n'en est qu'un exemple. « alors, dit-moi tout. comment tu vas ? quelqu'un en vue ? » dit-elle tout en mordant dans son hot-dog.

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