Je venais de vivre sans doute le moment le plus magique de ma vie. Le plus beau moment depuis dix longues années. A vrai dire, si les hommes me dégoutaient depuis mon passé houleux avec Chris, le sexe me manquait quand même, de même que l’amour de Jayden à mon égard. Un amour que je pensais purement amical et qui était en fait était identique au mien. Nous avions perdu toute une vie à se voiler la face, à avoir peur de ruiner notre amitié en s’avouant des sentiments bien plus profonds que les sentiments banals que nous étions sensé ressentir l’un pour l’autre.. Toute une vie de perdue alors qu’en fin de compte nous aurions pu être ensemble depuis toujours, fiancés, mariés voire même parents. En fait, c’était peut-être le destin qui voulait ça. Peut-être qu’à l’époque ça n’aurait pas fonctionné, peut-être nous a-t-il laissé le temps d’être sûr de nos sentiments avant de nous retrouver pour de bon ? Peut-être … Quoi qu’il en soit, je profitais de l’instant présent, parce que je savais que tout était éphémère. Jetant un petit regard coquin à Jay qui me regardait, les yeux soudainement remplis d’amour, je pris le temps de m’habiller très légèrement bien sûr, juste pour tester ses limites. Marchant à pas feutrés, d’une légèreté sans pareille, j’esquissa un sourire en voyant Jazz dormir profondément dans la chambre d’amis. Direction la cuisine, je m’appuyais coudes contre le plan de travail en mordant légèrement ma lèvre inférieure en apercevant Jayden arriver en simple boxer. Avec la petite lumière qui m’éclairait, je pouvais le voir un peu plus que dans la pénombre de la chambre, il était plus que parfait en fait. Rapidement éteinte, cette petite lampe nous permis de retrouver le noir  comparable à celui de la chambre. Collée à lui pour me réchauffer, sa peau était toujours aussi bouillante. Riant très légèrement de sa répartie pour ne pas éveiller Jazz, je déposa un doux baiser sur la peau qui normalement physiologiquement parlant, devait recouvrir son cœur. « J’ai des circonstances atténuantes. Je suis une femme, pas un radiateur qui déambule sur deux pieds en boxer DIM. Je travaille dans un bureau. Tu travaillais  à l’extérieur. Tu as pu recharger tes batteries en chaleur du soleil. Pas moi. Donc tu te dois de me réchauffer avant que je ne meurs frigorifiée. A qui ferais tu tes câlins nocturnes, hein ? » lâchais-je en riant légèrement. « Et qui a la pôle position dans ton cœur désormais ?  Attention à ta réponse où je file squatter le lit du voisin et du dormira avec la seule peau douce de mon bébé. » ajoutais-je en le taquinant légèrement. Le léger mouvement de son nez m’indiquait à coup sur qu’il était jaloux et me faisait rire avant de l’embrasser dans le cou, rapidement soulevée comme un poids plume par ses mains agiles. Mes mains caressaient ses épaules et se glissaient dans sa nuque puis dans ses cheveux tandis que je le regardais sourire avec amour. Nous avions l’art et la manière de tout faire à l’envers, de commencer par notre dessert à nos anniversaire pour terminer par l’entrée, histoire d’être surs d’avoir mangé notre partie préférée du repas avant que la fête ne soit interrompue par je ne sais quel problème. Dix ans plus tard, c’était pareil. Nous commencions par le sexe avant d’attaquer les préliminaires, histoire d’être sûr d’avoir été jusqu’au bout du plaisir avant le réveil de Jazz. Ses mains sur mes cuisses me tirèrent un nouveau frisson léger. Profitant du gout et de la douceur de ses lèvres, les yeux fermés, je laissais sa voix me transporter comme dans un rêve. La respiration bloquée par ses baisers ardents dans ma nuque m’empêchait de prononcer le moindre mot. « Je préfère la seconde option.. Surprend moi.. Mais me réchauffer reste de rigueur » dis-je en posant mes pieds glacés contre ses jambes brûlantes. A nouveau découverte, le froid m’excitait un peu plus et cela transparaissait sur ma poitrine et sur ma peau à travers cette « chair de poule ». Débarrassant Jayden de son boxer encombrant, je voyais bien que lui aussi était aux anges. Ne faisant de nouveau plus qu’un, les mouvements étaient plus rapides que les précédents et m’arrachaient quelques cris de plaisir que l’étouffais dans le cou de Jayden. A court d’haleine, on reprit notre souffle en conservant notre position avant de se séparer finalement. « Une douche brulante est de rigueur maintenant ! J’ai froiiiiid » lui dis-je alors qu’il se marrait. Attrapant mes vêtements, je me rhabillant, courrant rapidement à la salle de bain sous les premiers rayons du soleils qui filtraient à travers les stores. Huit heures du matin. Nous avions fait l’amour toute la nuit durant. Préférant la rapidité d’une douche, je pris la direction de la salle de bain de ce qui était anciennement la chambre des parents de Jay. L’eau chaude me brulait tant ma peau était glacée, mais la brulure laissa rapidement place à une sensation de plaisir et de bonheur total. L’oreille fine, j’entendis la porte s’ouvrir bien que Jay s’efforce de me faire une énième surprise. Cela fut confirmé lorsque je sentis sa main sur mon corps couvert de la mousse de mon gel douche à la framboise, toujours le même depuis des années, celui dont il raffolait et disait toujours avoir l’envie de me « croquer ». Batifolant de nouveau sous l’eau qui ne cessait de couler – En tant que plombier, j’espérais qu’il puisse trafiquer son compteur d’eau avant de devoir payer une sale facture.. – j’entendis soudainement Jazz pleurer, m’indiquant qu’elle était levée et qu’elle se sentait perdue sans moi. Réflexe de jeune maman, je perdis mon sourire et me précipita vers la porte de la douche avant de me retourner vers Jay qui ne s’était pas lavé contrairement à moi. « Lave toi, petit cochon. Mon bébé m’appelle » lui dis-je avant de déposer un doux baiser sur ses lèvres et de le quitter. Je me secha rapidement, grossièrement pour ne pas mouiller Jazz et lui donner froid. Rassurée par ma présence, je la posa dans la chambre de Jayden pour terminer de me sécher et de m’habiller avant de la reprendre contre moi, attendant Jayden dans le lit pour déjeuner. Jazz allongée contre moi, apaisée, suçait son pouce tandis que je la couvrais de baisers comme chaque matin ou je désirais voir apparaitre un large sourire sur son visage. La première porte qui s’ouvrit ne fut pas vraiment la bonne. Celle de la chambre fut la première, laissant apparaitre une demoiselle à l’air dépité et visiblement très énervé. « Vous êtes qui vous ? » lâcha t’elle  avant que je ne réplique aussitôt « Je vous retourne la question. » La seconde porte s’ouvrit sur Jay, complètement nu dont la seule serviette de bain cachait son intimité, lançant un large « Mon am.. » non terminé en voyant la seconde demoiselle à nos côtés. «  Qui comptait tu accueillir avec ce Mon amour ?!  Cette garce ou moi ?» lâcha la jeune femme énervée avant que je ne comprenne bien malgré moi que c’était sa petite amie et qu’il venait tout juste de la tromper.. Avec moi. Me trompant au passage. Les yeux rivés vers Jay, remplis d’incompréhension, je me sentais trahie. A nouveau blessée, bien plus encore que ce que Chris aurait pu me faire, je me releva sans un mot, direction le salon pour récupérer mes affaires et quitter la maison. Pas le temps d’habiller Jazz, je mis mes chaussures et emmitoufla la petite fille dans sa couverture avant de sortir, interpellant un taxi au passage pour rentrer chez moi en cédant littéralement aux larmes. Mon portable coupé, enfermée dans la maison, je ne voulais plus entendre parler d’amour de la part de Jay. Ni même le voir. Nous nous contenterions de notre amitié si banale d’autre fois, une fois que j’aurais accepté cette trahison. Mon portable restait éteint. Je restais immobile même en entendant Jay frapper à ma porte pour que je daigne lui ouvrir. Cinq jours durant. Une dispute bien loin de nos disputes d'enfants.