Eliana Alyn
Eliana ALYN, de nationalité américaine, née le 15 novembre 1991 à Paris. Voici ce qui est écrit sur ma carte d'identité. Eliana ALYN, 19 ans, 2ème année d'université. Voici ce qui est écrit sur ma carte étudiante. A croire que notre vie est résumée sur des cartes plastifiées. Mais il y a d'autres choses, des détails qu'aucune administration d'aucun pays ne connait, et qui nous constituent, en tant qu'être humains. Un exemple : l'orientation sexuelle. Personnellement, je préfère le sexe opposé, mais là où je veux en venir, c'est que ça reste personnel. Et enfin, la confrérie. Là, je suis assez contradictoire, mais vous allez comprendre. La vie à l'université est composée de plusieurs confréries qui déterminent votre degré de popularité, votre caractère, et parfois même l'approvisionnement du compte bancaire de vos parents. On peut jouer le jeu, et rentrer dans les cases toutes faites, préfabriquées des années avant notre naissance, pour prouver que décidément, l'humanité ne changera jamais. Ou bien on peut rejeter le système et n'appartenir à aucune d'entre elles. Affirmer un caractère différent, qui se rapproche ou non d'une des confréries, mais qui par dessus tout exprime notre mépris pour les choses bien rangées. Je suis Epsilon Kappa. Cela signifie que j'appartiens à la 2ème catégorie, celle qui fait désordre.
© obsession« I Am What I Am » I AM WHAT I AM Lorsque je me vois dans une glace, je vois d'abord une jeune femme d'environ 1m70, bien proportionnée, à la longue chevelure brune et à la peau d'albâtre. Flash sur les yeux, ils valent la peine qu'on en discute. Des pupilles capricieuses, dépendantes de la météo : qu'il fasse un temps pluvieux, et mes yeux s'adaptent et se fondent dans ce décor grisâtre. Qu'il y ait beaucoup de lumière, comme en plein été ou devant un miroir aux néons allumés, et ils deviennent verts. Le reste du temps, ils se contentent d'être bleus, sans qu'une nuance grise ou verte ne s'y installe. Deux pensées s'imposent alors à moi. Je ne peux m'empêcher de me trouver belle.. Puis je remarque, comme à chaque fois, un je ne sais quoi que je ne saurais analyser ni décrire. Peut-être cela vient-il de ma pâleur, ou de mon regard, ou encore ma façon de me tenir.
Un jour j'ai compris. J'ai appris que cela ne venait ni de mon teint, ni de mes yeux, ni de mon maintien, mais qu'il s'agissait d'un tout. J'ai appris que je n'étais pas la seule à le percevoir mais que tout le monde autour savait, et surtout comprenait mieux que moi. J'ai appris ce qu'ils voyaient et que je ne parvenais pas à déterminer.
La révélation s'est faite en deux fois. Quatre mois d'intervalle, deux cours de relations humaines à l'origine de la découverte. Le premier d'entre eux a débouché sur une discussion profonde avec un garçon de ma classe que je connaissais à peine alors. L'une de ses phrases m'avait marquée plus que les autres : "Lorsqu'on te voit, Eliana, on sent ce quelque chose chez toi, que tu n'as pas confiance en toi." J'avais été surprise par le "on" ... Je n'étais pas prête.
Au deuxième cours, nous avions fait un test d'analyse transactionnelle. Assertivité : 12/15 Passivité : 6/15 Agressivité : 2/15 Manipulation : 3/15
Les quatre grandes tendances de réaction face au conflit. Le professeur avait regardé ma feuille, avant de préciser : "Ah, toi, ça ne m'étonne pas. C'est écrit sur ton visage." Par la suite, il a expliqué ces tendances. J'étais fixée.
Mesdames et messieurs, figurez-vous que l'assertivité est la meilleure réponse possible, mais qu'elle n'est utilisable que si l'autre l'utilise également, chose rare à notre âge. On retombe alors dans l'une des trois catégories restantes. Figurez-vous également qu'il est préférable d'être agressif ou de manipuler plutôt que de rester passif. Bien sûr, ce sont des termes globaux qui regroupent d'autres notions que celles auxquelles on s'attend. Mais l'idée est là. Plutôt que de me défendre face au monde, mon visage est une invitation : "Venez, venez tous et admirez. Vous pouvez me bouffer, m'écraser, je ne me défendrai pas. Venez jouir de vous sentir si forts, si cela vous chante et que je suis la seule sur laquelle vous réussissez cette prise de pouvoir. Appelons ça viol, prise d'otage, coup d'état, chasse à courre, siège de Troie, mépris. Je suis la victime allongée sur le sol, souillée, menacée, humiliée. Je suis l'adversaire évincée, la bête acculée et vous adorerez ça. "
Maintenant, lorsque je me regarde dans une glace, je me déteste. Il y a trois types de personnes : les connards mal dans leur peau qui compensent leur manque de confiance en eux-mêmes en essayant de me détruire, d'autres, plus dangereux, qui constituent les sauveurs pathologiques, qui se pensent amoureux de moi à cause de ma fragilité et de ma transparence, et mes amis. Inutile de préciser que je préfère cette dernière catégorie.
Revenons un peu à mes tendances. L'agressivité y est la moins représentée, et pourtant ... Pourtant, lorsqu'on ne m'écoute pas, ou que l'on persiste à s'adresser à moi d'un ton paternaliste, revendicateur ou supérieur, je ne peux m'empêcher de m'énerver. Vous l'avez surement déjà expérimenté. Premier exemple qui me vient, les parents. Vous leur parlez calmement, leur donnez des arguments valables, énoncés clairement. Et ils répondent le plus souvent en riant et en se moquant. On sent alors qu'ils nous prennent encore pour des enfants, et c'est frustrant. Deux possibilités alors : renoncer, c'est le moins fatigant. Ou s'énerver, qui demande beaucoup plus d'énergie, et qui est mon recours.
Je suis un noeud de paradoxes et de contradictions, d'émotions fulgurantes et violentes, que personne ne comprend, moi comprise.
Une seule chose reste certaine. Je ne suis pas si faible que ça, j'en suis persuadée. J'ai une véritable force de caractère et des valeurs inébranlables. Et je ne changerai pas d'avis sur le fait que l'agressivité et la manipulation ne sont pas des réponses acceptables face à un conflit.
Dernier avertissement aux messieurs : gardez pour vous vos bons sentiments et vos coups de coeur envers ma fragilité si évidente selon vous. Je finirai peut-être blessée, mais vous le serez d'autant plus que vous aurez le sentiment d'avoir échoué.
« My Story Has Built Me » MY STORY HAS BUILT ME
Paris, capitale de l'amour. Un appartement qui donne sur une petite cour pavée. Un petit lit, de la provocation, et une bouteille de rhum. Lui, James Alyn, en visite à Paris. Elle, Elyse Dumont, étudiante en médecine trop stressée par ses concours. Une rencontre improbable impliquant des suppressions de trains, une course effrénée dans les rues parisiennes et un talon cassé. Voici les ingrédients qui m'ont conçue, dans le petit appartement de ma mère, un après-midi frileux de février. Mes parents n'étaient déjà plus ensemble le jour où elle a appris qu'elle était enceinte. J'ai pensé toute mon enfance que c'était l'histoire d'une nuit, un simple dérapage qui avait permis que je fasse ma vie avec ce code génétique et pas un autre. Je me trompais. Mais cette histoire n'est pas la mienne. Ma mère est morte alors que j'avais quatorze ans. J'ai compris pourquoi elle s'était escrimée à vouloir faire de moi une parfaite bilingue lorsque les services sociaux décidèrent de m'envoyer loin de France, vivre avec mon géniteur, à New York. Comment ont-ils retrouvé mon père, cela reste un mystère. James est un homme secret. J'ai beaucoup de mal à l'imaginer jeune, souriant, enlaçant ma mère que je me rappelle pétillante et pleine de vie. Il est froid, distant, constamment en voyage d'affaires. Dire que nous ne nous entendons pas est un pléonasme. Et puis il y a cette plaie de Trisha, et Kimberly, ma belle-mère, que je dois supporter sans cesse. Trisha est ma belle-soeur, de trois ans ma cadette. Insupportable et pourrie gâtée au possible, elle a pour vocation de monter un groupe pour concurrencer les pussycat dolls. Je ne m'exprimerai pas à ce sujet. J'ai quitté dès que j'ai pu le giron familial. L'entrée à l'UCLA est la meilleure chose qui me soit arrivée. Je ne dirais pas que c'est ce à quoi je m'attendais. J'ai beaucoup changé là-bas, mais je ne regrette rien.
« Sweet About Me » SWEET ABOUT ME
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• Avatar : Michelle Trachtenberg
• Pourquoi cet avatar ? Il fallait que mon avatar soit cohérent avec le caractère que je lui ai donné, notamment lorsque je parle de cette fragilité qu'on lit sur son visage. Michelle a quelque chose d'indescriptible qui m'y fait penser.
• Personnage prédéfini ? Oui • Non
• Pseudo : Elly
• Ton âge : 19 ans
• Que penses-tu de AMAZING PEOPLE ? J'apprécie le design, et le contexte m'a fait penser au fonctionnement associatif de mon école (en beaucoup plus exagéré). Pour l'ambiance, il est trop tôt pour juger.
• Qu’est-ce qui t’a motivée à t’inscrire ? Je voulais depuis quelques semaines renouer avec l'écriture, et Justine m'a offert cette occasion tout à fait par hasard.
• Fréquence de connexion : 4 /7
• Règlement signé le 23/04
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• Niveau de RPG :
- Spoiler:
Amanda Andrews. Célibataire. A peine vingt ans et déjà quelques cernes incrustées autour des yeux. Si vous étiez tombés le jour de mon anniversaire, j'aurais pu m'imaginer être spéciale, rien qu'un moment. Mais les vingt ans sont passés depuis déjà deux mois. Ou trois, je ne sais plus. Comme si cela avait de l'importance. Je n'ai rien fait de particulier ce jour-là. Je ne sais plus rien de particulier depuis Central Park.
La dernière fois que j'y ai mis les pieds, il y a bientôt huit mois maintenant. Son regard qui trahissait son espoir, ses doigts pressés autour de l'écrin dans lequel étincelait la bague. J'ai dit non. J'ai pensé que c'était mieux comme ça, qu'il ne fallait pas forcer le destin, que nous n'étions pas faits pour être ensemble. Que l'amour ne devait pas être destructeur. Tu parles, des conneries. Je connais plusieurs types de blessures. D'abord, la blessure physique. Elle dépasse rarement l'insupportable. Ensuite, la blessure sentimentale, celle qui est causée par une dispute, le déchirement mutuel. Celle-ci atteint souvent l'intolérable. En fait, on a tendance à penser que c'est toujours le cas. Mais il existe une dernière blessure. Celle causée par le vide, l'absence, et la certitude que tout aurait pu être différent. Celle qui fait comprendre que la précédente n'est qu'insignifiante en comparaison. Celle qui surpasse largement l'intolérable.
Parfois, on fait son deuil. Parfois non. Je ne cherche pas à savoir. Dans les premiers mois, j'ai voulu des réponses. Savoir si je progressais ou non. Rachel dit que c'est une mauvaise idée. Rachel est une amie d'enfance. Elle fait des études dans une école prestigieuse composée de plus de 90% d'hommes. Elle est toujours juchée sur des talons gigantesques, coiffée à la perfection. Elle n'est pas superficielle. Elle dit qu'elle a simplement peur de se réveiller un jour avec une protubérance entre les jambes, d'y laisser sa féminité. Elle dit aussi qu'elle préfère être rangée dans la catégorie des proies potentielles que dans celle des copains ripailleurs. C'est un choix. Elle est intelligente. Elle a compris la technique. Appartenir au premier groupe nécessite une certaine maîtrise de soi. Il faut repousser les avances, qu'elles soient subtiles ou non. Rachel a choisi de se composer un masque d'arrogance. Ainsi, personne ne lui fait d'avances sentimentales. Les avances sexuelles, en revanche...
Elle finira peut-être aigrie, je ne sais pas. Je ne me demande pas non plus si sa situation vaut mieux que la mienne. Elle ne me l'a pas conseillé. Je l'ai déjà dit, il ne faut pas chercher à savoir. C'est trop nocif.
Les pavés défilent lentement sous mes pieds, tandis que je rêve à quelque chose de suffisamment abstrait pour, une fois de plus, ne pas savoir. C'est habituel. Les rayons de soleil chauffent doucement mon visage trop pâle. Je me surprends à m'arrêter et fermer les yeux. Dans l'obscurité qui se crée, je distingue encore son visage. C'est injuste.
Je veux un mec. N'importe qui. Quelqu'un, pour passer le temps.
Je m'arrête au bout de la jetée, m'assoit au bord. Mes yeux se posent immédiatement sur mon reflet dans l'eau. Je relève aussitôt la tête. Je ne supporte pas de voir mon reflet. Je ne me plains pas des miroirs. L'image qu'ils renvoient est nette. Non, ce qui me gêne, c'est de croiser furtivement mon visage dans la vitre d'une rame de métro, ou comme ici, dans l'eau. Mon reflet est troublé, comme absent, comme si j'avais définitivement disparu. Les autres ne perçoivent rien. Ils sont intacts, même dans la crasse des vitres. Aucun d'eux n'expriment les mêmes doutes. Au début, j'essayais de trouver une compagnie. Quelqu'un qui semblerait au moins aussi perdu que moi, et qui me parlerait inconsciemment.
Quelqu'un qui m'aurait dit: "Tu vois ma grande, je suis aussi mort que toi. Ces idiots autour ne se rendent compte de rien. lls pensent à leur journée enfin finie, à leur nouveau patron qui les emmerde déjà, à la dernière bêtise de leur enfant, à la belle brune à qui ils feront l'amour ce soir après une bière, cette bière fraîche qu'ils pourraient aussi boire devant un match de foot. Ils pensent à leur coupe ratée par la stagiaire du coiffeur du coin, au temps pourri ou au soleil qui daigne se pointer de temps en temps. Ils rentreront chez eux, s'endormiront avec leurs rêves, puisqu'ils en ont toujours. Personne ne les empêchera de les réaliser, à part eux. L'humanité qui rêve est stupide et imparfaite. Rajoutons cruelle, pour la forme: nous évoluons autour d'eux tandis qu'ils nous font part d'une simple expression ancrée sur leur visage de leurs préoccupations futiles. Ils transpirent l'égoïsme et la certitude qu'ils ont le monopole du malheur. C'est sur leur visage. Le nôtre ne reflète rien, car nous avons la pudeur et la décence nécessaires au secret. Nous n'influençons pas les autres, parce qu'ils ne nous voient pas. Nous sommes des fantômes, et dans le métro, nous goûtons à l'enfer dans son sens le plus propre."
Bien sûr, personne ne m'a jamais dit ça. Ce n'est pas faute d'avoir cherché. Alors j'ai cessé de prendre le métro, et j'ai compris que moi aussi, je pouvais faire partie de ces égoïstes qui ne cachent en rien leurs sentiments. J'ai relâché la bride, j'ai pleuré. Sur un banc public, dans un restaurant. N'importe où. C'est beaucoup plus facile.
Prudente, je baisse de nouveau les yeux. Je contemple mon regard presque accusateur, et pense. A lui, toujours à lui. A ce qu'il pourrait faire en ce moment. A son visage. Je me demande aussi ce qu'il devient, s'il a trouvé quelqu'un d'autre. Au fond, j'espère que non. Je veux pouvoir me dire que même si je ne suis pas la femme de sa vie, c'est moi parmi toutes les autres qui aura le plus compté. Je ne veux pas qu'une autre ait le loisir de jouir de ses "je t'aime" et de ses regards éperdus.
C'est égoïste. Et j'en suis parfaitement consciente. Je crois que le métro ne me convenait pas très bien.
Hier j'ai couché avec un inconnu. C'est peut-être ça, la bonne solution. Ne pas se poser de questions, ne jamais le revoir. Mais je me demande si je peux m'en contenter. Du sexe, surtout pas de sentiments, pas de prénoms ni même de pseudos. Je m'efforce de faire taire la petite voix dans ma tête. Celle qui compare Shawn à ce type. Tais-toi. Sérieusement, tais-toi. C'était l'homme de ma vie. Alors pourquoi l'avoir laissé filer ? La grande question. Pourquoi ? Parce que c'est comme ça. On ne revient pas sur les ressentis.
Au fond je devrais lui en vouloir. Il m'a menti, caché des choses pendant probablement des années. Il m'a abandonnée après qu'on ait fait l'amour pour la première fois. Après qu'il ait vu les bleus... La fois d'après, il a rompu violemment. Et la dernière fois que je l'ai vu, il m'a demandée en mariage. Tout ce que je voulais, c'était la vérité. Il était prêt à se marier à une femme auprès de qui il refusait de se dévoiler, mais pas à m'offrir la seule chose que je demandais : pourquoi ? C'est étrange comme tout revient systématiquement à cette question. Et bizarrement j'y croyais. Il ne se moquait pas de moi. Il était parfaitement sincère. Complètement cinglé, quand j'y repense. Mais je refuse de lui en vouloir. Je refuse de le haïr. Je ne veux pas finir aigrie. J'ai besoin de conserver une part d'humanité qui me pousse à croire que c'est possible. L'amour, l'espoir, les rêves, je ne sais pas. Juste croire que c'est possible. Si jamais je perds cette foi, j'ai peur de perdre une partie de moi. Certains jours, je me sens différente, comme engouffrée dans un trou noir dont j'ai du mal à sortir. Ces moments-là je suis lucide. Et ça me fait peur. Je préfère rester bercée d'illusions sur la vie que la gâcher à m'en méfier. Combien de temps cela durera-t-il ? Est-ce que j'aime toujours Shawn ? Est-ce que je l'ai aimé ? Et qu'est-ce que l'amour ? M'aimait-il, lui ? Ai-je pris seule mes décisions ou n'ai-je pas eu le choix ? Je n'ai pas de réponses, mais je sais que c'est inutile à présent. Shawn ne m'aime pas. S'il m'a aimée un jour, et je ne doute pas là de sa sincérité, mais de sa connaissance du sentiment amoureux, il ne m'aime plus maintenant parce que je lui ai brisé le coeur. C'est aussi simple que ça. Le processus d'oubli a dû être long, mais efficace. C'est comme ça que tout fonctionne.
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