Chicago, 1966

Ah les années soixante, un autre monde, une autre époque. L'assassinat du président John F. Kennedy, Matin Luther King, Mai 68, l'essor du Rock 'n' roll et du mouvement hippie. L'image de la femme apprêtée des années 50, aux formes très dessinées, s'estompe au profit d'une silhouette plus plate, plus géométrique. Un vent de liberté et de jeunesse souffle sur les garde-robes. Au-revoir les robes longues, bonjour les jupes courtes et l'avènement des baby-dolls ! Vous êtes à Chicago, la troisième plus grande ville des États-Unis, située dans l'État de l'Illinois. Il y a Chicago le jour et Chicago la nuit. Ce sont deux mondes radicalement différents, la journée nous voyons une femme au foyer emmenant ses enfants à l'école ou encore cet immigrant hispanique qui part bosser à l'usine pour faire vivre toute sa famille. Puis la nuit... La nuit qui, pour certaines personnes, sonne comme une liberté, la liberté de s'amuser...

« Bonjour Mr John votre table habituelle est prête, veuillez me suivre. »
Une jeune femme, mince, blonde, perchée sur des talons de dix centimètres, vient d'accueillir un homme âgé d'une cinquantaine d'années. L'homme s'avance dans la grande salle, suivant de très près de la jolie blonde, admirant ses délicieuses courbes qui se dandinent dans un juste-corps rose fushia, affublé d'une petite queue de lapin, tandis qu'elle marche d'un pas assuré vers sa table habituelle. Arrivé en terre promise, il s'installe et la jeune femme le quitte, laissant place à une autre "bunny", cette fois brune. Cette dernière lui prend sa commande, un whisky et le laisse seul pour admirer le spectacle qui se déroule sous ses yeux. Sur la scène, une sublime femme, cette fois plus âgée que les autres, chante une chanson de Franck Sinatra "Chicago, my hometown", dans une tenue similaire aux autres, mais noire cette fois. La chanson terminée, il regarde autour de lui, le club est bondé comme à son habitude, heureusement qu'il est un habitué, il n'a jamais à attendre. Depuis son ouverture à Chicago il y a plus de cinq ans, le "Playboy Club" est devenu un endroit incontournable de la ville, un endroit incontournable pour la mafia surtout. En effet, la plupart des habitués font partis du grand banditisme, évidemment tout le monde le sait, mais personne ne le dit. Notre homme du jour, ne déroge pas à cette règle d'ailleurs.

« Vous m'avez demandé Mr John ? »
« Oui, nous faisons comme d'habitude ma jolie ? »
« Si vous voulez, suivez moi... »
Après quelques verres, notre cher ami ne se contente pas de repartir chez lui, retrouver sa femme qui dort déjà depuis très longtemps et se coucher à son tour, non évidemment. Il suit donc cette jeune femme, à l'étage, autour de son cou délicat, elle possède une chaine, au bout de cette chaine, se trouve une petite clé, la clé du paradis ? En fait, chaque fille, qui le souhaite ou qui veut se faire de l'argent rapidement, peut disposer de sa clé, donc de sa chambre. Je vous laisse deviner ce qu'il peut s'y passer dans cette fameuse pièce... Toujours est-il que les hommes en ressortent toujours très satisfaits. Une fois son affaire terminée, l'homme se rend une dernière fois au bar, histoire de prendre un dernier verre. C'est là que le patron du club, Noah Bradford, vient le saluer. Les deux hommes discutent un bon moment, puis Mr John décide de quitter le club, étant près de minuit, il est l'heure de rentrer chez lui, auprès de son épouse. Mr Bradford, la raccompagne jusqu'à la porte, c'est la moindre des choses quand on sait l'argent qu'il s'est fait sur le dos de cet individu, entre les consommations et les spectacles, publiques et privés.
« A jeudi prochain Mr John... »