Théo & Beth

De retours en ville, cela faisait presque un mois que j’avais quitté Los Angeles pour me rendre à New York chez de la famille. Ayant vraiment besoin de prendre du recul sur certaines choses, depuis la perte de mon bébé, je suis comme déprimés, il me manque une partie de moi. Peu de personnes sont au courant de ma fausse couche, à vrai dire seulement Théodore et deux autres personnes le savent pour le moment. Oui, je n’ai encore rien dit au principal intéressé : le papa, Drew. Trop d’appréhension à sa réaction que j’ai préféré me taire. Je le sais pertinemment que ce n’est pas la meilleure des solutions, surtout que quand il va l’apprendre, il m’en voudra sans doute. Mais l’heure n’est pas à Drew, le bébé et moi.

Je regardais ma montre accroché à mon poignet, un cadeau de ma tante de New York, une belle montre signé Dolce & Gabbana. Il était l’heure pour moi de rendre visite à mon meilleur ami, quelques jours plus tôt il m’avait dit qu’il avait vraiment besoin de me voir. Et étant sa meilleure amie, je me devais d’y aller, d’ailleurs cela me faisait réellement plaisir d’aller le voir. Cela faisait une éternité que je ne l’avais pas vu, c’était la première fois que j’allais au centre pour le voir. J’espérais qu’il ne m’en veuille pas. Il me fallut un petit quart heure en voiture pour pouvoir arriver au centre, j’avais quelques peu appuyé sur l’accélérateur comme je le fais toujours. Je m’avançais en direction du bâtiment me dirigeant à l’accueil où se trouvait debout une dame d’une quarantaine d’année. « Bonjours, je viens pour Théodore Longway, ma visite a été prévenu, j’ai téléphoné. » La dame pas très aimable m’indiqua le bâtiment et le numéro de chambre de Théo. Je me dirigeais donc vers l’endroit voulut, des murs blancs, une odeur d’hôpital, cet endroit je l’avais connu et je savais très bien que ce n’était pas un séjour de vacance. Alors que je pensai à ses moments passé entre ses murs, j’arrivais devant la porte de la chambre de mon ami et cogna de trois coup à la porte entrant ensuite. Je n’avais pas entendu qu’il me dise d’ouvrir tout simplement parce que j’avais cette habitude même lorsque j’allais chez lui. Il était là dans la chambre, il n’était pas le Théo que je connaissais, il avait le visage pâle et fatigué et il avait visiblement beaucoup maigris. Le savoir dans cet endroit me faisait mal au cœur, mais je savais que c’était pour son bien. J’affichai le plus beau de mes sourires en m’avançant vers lui et le pris directement dans mes bras pour le serrer le plus fort que je pouvais. J’étais tellement heureuse de le voir, de pouvoir être près de lui, j’avais l’impression qu’on ne s’était pas vu depuis des années !

Théo & Beth

Cela ne devait pas être facile tous les jours pour Théo, resté enfermer dans cette prison car on peut dire ça de cette façon. Quand je fus dans la chambre, il s’avança vers moi et je le voyais sur son visage qu’il n’était pas heureux ici, qui le serait d’ailleurs ? Personne ! Il y a trois ans à peu près j’avais connu ça, mon père m’avait forcé soi-disant pour mon bien, c’était plutôt pour cacher la fille qu’il avait oui ! Un enfer pour moi, j’étais restée tout juste deux mois mais j’avais eu l’impression que j’avais été enfermé pendant des années. Deux interminables mois, pourtant cela m’avait fait un déclic en quelque sorte… Pourtant, depuis quelques semaines, tout ce passé refait surface et me refait plonger tout doucement… Mais c’était pour Théo que j’étais là et non pour mes malheurs que je préférai oublier. Je m’avançai tout doucement de lui le serrant dans mes bras, il tremblait tellement, surement l’effet du manque et la fatigue aussi. Je fermai les yeux un instant puis je me détachai tout doucement de lui un sourire aux lèvres. Je posai mes deux mains sur ses joues en gardant toujours ce même sourire. « Tu es adorable, tu le sais ça ? » Je posai ensuite mon front sur le sien, une petite habitude que l’on avait prise. « Je ne te demande pas si ça va, tu as vraiment une petite mine. Est-ce tu manges au moins ? » Cela aurait été complètement débile de lui demander comment il allait, c’est vrai quoi ? On pouvait voir qu’il n’était pas bien, je le connaissais très bien mon Théo. Je m’inquiétais énormément pour lui, il avait tellement maigri que je me demandais s’il avalait quelques choses ici. C’est vrai que la nourriture est loin d’être gastronomique mais il fallait qu’il mange. C’est avec un petit air malicieux que je sortis de mon sac un pot de Nutella et des biscuits. « Tadam… Ce n’est pas du champagne mais on va quand même trinquer… Faut juste trouver la raison. » Dis-je en rigolant, j’étais prête à lui remonter le moral à fond et lui faire oublier pendant un petit moment qu’il n’était plus dans ce centre !

Je me détache tout doucement de lui, Théo est tout fragile, pourtant je n’avais pas l’habitude de le voir comme ça. Mais avec tous les évènements passés, je pouvais comprendre sa faiblesse. Qui mieux que moi pouvait comprendre l’effet que cela faisait d’être ici ? Théo se nourrissait mal, pas étonnant en faites, ce qu’on servait à la cafeteria du centre n’était pas vraiment de bonne qualité. A dire vrai, les cuisiniers en avait rien à faire de ce qu’ils pouvaient mettre dans l’assiette des patients. « Je veux bien croire que la bouffe n’est pas bonne mais il faut que tu te nourrisses un minimum. Après je ne suis pas non plus là pour te faire la moral, mais prend le comme un conseil d’ami. Et puis je suis là moi, tu me le dis et je t’apporte toute la bouffe que tu veux. Tu vas voir je vais t’en graisser tu vas rien comprendre ! » Je me mis à rire, il fallait bien que je lui remonte le moral à mon meilleur ami, mais il y avait une part de vérité. La prochaine fois, je comptais bien lui ramener pleines de bonnes choses rien que pour lui. Alors que je sortais de mon sac ce gros pot de Nutella, Théo me dit, pourquoi ne pas trinquer à ma première visite ? Bonne idée ! « Je suis vraiment désolée ne pas s’être venue te voir avant, j’ai pourtant beaucoup pensé à toi. Mais j’avais quelques problèmes et je suis partie à New York un petit moment, histoire de prendre du recul un petit peu. J’espère que tu ne m’en veux pas… » Je m’en voulais beaucoup de ne pas avoir été là au début de son entrée dans le centre, cela devait sans doute être le moment le plus difficile pour lui et je n’étais pas là. Je le savais très bien qu’il ne m’en voulait pas, mais quand même j’aurai du venir le voir… Il s’installa sur le lit et moi je posai mon sac à main sur la chaise qui se trouvait dans la pièce et je quittai ma veste, il faisait chaud dans la chambre de Théo. Puis je le rejoignais en m’asseyant près de lui sur le lit sans avoir oublié le pot de Nutella et les cookies, ce genre de chose ne s’oublie pas ! J’ouvrai donc le pot pour tremper le cookie dedans, je le tendis à Théo et m’en pris également un. « Tchin ! » Dis-je en rigolant, c’était complètement ridicule, mais aussi complètement marrant !

Obèse ? Il rigolait là j’espère, parce qu’avant qu’il le devienne, ils s’en passeraient des choses ! C’est vrai ! Déjà qu’à la base, il est plutôt fin et là qu’il ne mange plus, il est carrément maigrichon. « Si je peux te rassurer tu as encore de la marge avant d’être obèse… Et puis je ne veux pas que tu le deviennes non plus, hein ? Mais faut quand même manger, tu n’as plus de force…. Je veux que tu sortes d’ici en pleine forme et que tu montres à tout le monde comme tu as réussi à reprendre une revanche sur la vie ! Ok ? » Il fallait que je lui remonte le moral, être ici enfermé, devait être un véritable supplice pour lui. S’il était ici, c’est qu’il avait dérapé alors quoi de mieux comme but de montrer comme on peut changer, non ? Pour moi Théo restera toujours celui que j’apprécie que soit avec ses problèmes ou non… « Je ne suis pas venue pour te parler de mes problèmes, si je suis là c’est avant tout pour toi parce que tu m’as terriblement manqué et que je voulais te serrer fort dans mes bras. » Alors que j’étais assise sur le lit tout prêt de lui, j’ajoutai par la suite. « Si on oubliait un peu tes problèmes et mes problèmes le temps d’une soirée, tu en penses quoi ? Comme au bon vieux temps rien que toi et moi et nos délires. » Je lui souris comme j’ai tant l’habitude de faire, rien qu’un beau sourire pour donner de la joie à quelqu’un. Alors que je venais de trinquer avec un cookie avec lui, en moins d’une seconde il était déjà en train de le savourer, cela devait lui changer de la bouffe servie à la cafeteria ! « Le Nutella c’est pêché de ne pas en manger… Bah tient ça aussi c’est bon ! » Dit-je en rigolant, je venais de lui mettre du Nutella sur le nez, j’aimais le taquiner mon Théo et cela fait tellement longtemps que je ne l’avais pas vu.