Cela faisait un moment que j'évitais de croiser Mike où que ce soit mais jamais je ne lui avouerais. Mais on ne peut repousser l'inévitable. Suite à une conversation facebook, je me suis rendue chez lui pour parler. Je ne savais pas ce qui allait se passer, je savais juste qu'il fallait qu'on parle. En sachant que notre dernière rencontre à la plage ne s'est pas très bien terminée et au regard de nos conversation sur le réseau social, j'appréhendais pas mal la chose. Mais il fallait que ça se fasse alors j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai toqué à la porte de l'appartement de Mike. Je sortais tout juste de mon travail à la bibliothèque de l'université et la fatigue commençait à se faire sentir mais je faisais de mon mieux pour qu'on ne le remarque pas. Lorsqu'il ouvrit la porte, j'ai souri même si j'étais gênée. Un salut timide est sortit de ma bouche et j'ai attendu qu'il me dise quoi faire. Une fois entrée, je l'ai suivi dans son salon où je suis restée là à lui demander : « Ça va ? » J'étais malgré tout contente de le retrouver.

Une fois entrée chez lui, Mike ne perdit pas de temps en blabla inutile puisqu'il avoua que je lui manquais. Je ne sus pas de tout de suite comment le prendre mais j'ai tout de même répondu : « Oui tu as ce don. J'aimerais avoir le même. » Dis-je simplement en souriant. J'étais gênée. Pourquoi ? A cause de ce qui s'est passé ces derniers temps entre lui et moi. Je détestais me retrouver dans ce genre de situation, c'était toujours très embarrassant. Je n'aimais pas mentir alors j'ai ajouté pour répondre à sa question : « Disons que j'ai connu mieux. Ecoute, c'est gênant tout ça. Et je ne veux pas te mentir alors voilà... » Pas la peine de perdre notre temps à faire croire que tout va bien alors que ce n'est pas le cas. Il savait que je l'avais évité ces derniers temps et je ne voulais plus lui mentir en lui disant que ce n'était pas vrai. Il fallait maintenant que j'arrive à gérer la situation, chose difficile pour moi.

J'en avais assez de devoir sans arrêt prendre d'autres chemins juste dans le but d'éviter Mike. Il était l'un de mes plus vieux amis et sans lui ma vie ne serait pas aussi joyeuse et harmonieuse. Sans lui mon père ne serait plus de ce monde alors je ne voulais pas le perdre juste par orgueil mal placé ou par peur de ce que je ressentais pour lui. Il fallait un jour ou l'autre y faire face et ce jour était arrivé. Je déteste faire traîner les choses en longueur alors il fallait mettre les choses au point ce soir et pas un autre jour, ça avait déjà trop duré. J'ai alors pris une longue bouffée d'air avant de lui répondre sincèrement. « C'est juste que je déteste devoir faire ça... Je ne veux plus que ça continue. Tu es important pour moi Mike et je ne veux pas te perdre. » Qu'en dirait-il ? Depuis le temps que je lui disais que je ne l'évitais pas, il allait me prendre pour une folle. Mais tant pis, c'était dit, je ne pouvais plus retourner en arrière désormais.

Ses paroles ne m'aidèrent pas à avancer mais c'était du Mike tout craché. Ne pas y aller par quatre chemins, en finir au plus vite. J'étais assez comme lui, dans certaines situations. Mais face à lui, il arrivait que je perde tous mes moyens, chose qui était en train de se passer, partiellement du moins. J'ai fait de mon mieux pour le regarder dans les yeux pour lui répondre : « Je sais... J'ai vraiment besoin de savoir ce que tu ressens pour moi... » Ça peut paraître idiot, mais pour avancer, je devais savoir ce qu'il en était réellement. J'avais peur de sa réponse. Quelle qu'elle soit, je l'appréhendais. Car s'il s'agissait d'un "non je ne t'aime pas", mon coeur s'en trouverait affaibli et s'il s'agissait au contraire d'un "oui, je t'aime" je ne saurais pas comment y faire face. Mais d'une manière ou d'une autre, il fallait que je sache pour ne plus faire la même erreur.

Tout était confus du moment que Mike m'eut avoué qu'il m'aimait. J'ai commencé à l'éviter puis me voilà là, à tenter de lui faire dire ce qu'il ne voulait pas dire et ce que j'avais peur d'entendre. Il finit par me dire qu'il croyait m'aimer mais qu'il était passé à autre chose parce qu'il pensait que je ne ressentais pas la même chose. Je le comprenais difficilement. Comment pouvait-il croire aimer quelqu'un ? Il a tout de même réussi à me dire ce qu'il ressentait et je devais faire avec. Mais justement comment devais-je réagir ? Je croyais qu'en sachant exactement ce qu'il ressentais pour moi, tout serait plus clair. Mais je me trompais car je ne savais pas quoi faire ni que dire. J'ai juste réussi à baisser les yeux. Ça a duré un certain temps avant que je ne puisse de nouveau parler. « D'accord... » On ne peut pas vraiment appeler ça parler mais j'ai tout de même réussi à dire quelque chose. « Tu veux que je ne t'approche plus alors ? » Pourquoi lui ai-je posé la question ? Je ne savais pas mais c'est tout ce qui m'est venu à ce moment-là.

Je ne savais plus comment réagir. Sincèrement, je me sentais idiote et impuissante face à la situation. Comment étais-je sensée lui dire que ce qu'il ressentait à mon égard n'était pas bien et qu'on devrait en rester là ? Si quelqu'un a la réponse, qu'il me la donne sur le champ. En attendant Mike répondit à ma question, comme je pouvais m'y attendre, avec fougue et surprise. Ce à quoi je n'ai pas pu m'empêcher de répliquer gentiment : « Si tu as bien fait de me le dire. C'est juste que c'est pas simple... Je veux dire par là que si tu m'avais avoué ça lorsque j'avais quinze ans, tout aurait été simple. Mais tu ne m'aimais peut-être pas de cette façon là à cet âge. Mais à cette époque j'avais les mêmes sentiments pour toi mais aujourd'hui c'est bien plus compliqué... » Pourquoi lui ai-je avoué tout ça ? Pourquoi n'ai-je pas pu me taire comme je savais si bien le faire ? Toujours est-il que je ne pouvais plus faire machine arrière, je n'avais plus qu'à attendre que Mike me réponde. J'étais bien trop honteuse pour bouger ou prendre mes jambes à mon cou.

Mike ne me répondit pas de suite, ce que je comprenais tout à fait. J'avais cependant peur de ce qu'il allait dire par la suite. Je ne le montrais pas -heureusement pour moi, j'ai toujours eu cette incroyable faculté de pouvoir cacher ce que je ressens à autrui- mais mes mains tremblaient sous l'anxiété de la situation. Comment avais-je pu lui avouer une chose pareille ? Comment avais-je simplement pu y penser ? Je m'en voulais... Lorsque Mike prit la parole, ses mots me semblèrent justes et gênants. Mais contrairement à lui, j'ai vite répondu : « Oh non... Je sais que tu ne pouvais pas ressentir la même chose à cette époque-là, c'est juste que... Oublie-ça, c'était stupide de ma part de t'avouer tout ça, j'aurais dû me taire c'est tout... » Je me sentais gênée et pas à ma place. J'avais hâte que tout cela se termine.

Mike n'avait pas tort. Il était certain que l'écart de nos deux âges était à prendre en considération si jamais je pensais simplement à m'engager dans quelque chose avec lui. Mais face à sa remarque, il ne me fallut pas longtemps pour répliquer : « Alors pourquoi me l'avoir avoué dans ce cas ? » Question stupide mais pourquoi ne pas avoir tout gardé pour lui comme c'était le cas avant de sorte que tout soit plus simple entre nous ? Je ne comprenais pas ou plutôt, je ne voulais pas comprendre... « Si vraiment les sentiments étaient là, il y aurait pu y avoir quelque chose entre nous. De mon côté en tout cas. » Pourquoi en disant cela mon coeur s'accélérait et que ma raison m'empêchait de penser à autre chose qu'à une hypothétique relation avec celui que j'ai toujours considéré comme un frère ?

Mike m'exaspérait parfois. Il disait toujours ce qu'il lui venait à l'esprit et ça pouvait parfois être totalement déplacé. J'ai fait comme si sa remarque ne m'atteignait pas mais ce fut difficile de ne pas y réagir. J'ai préféré reprendre au sujet de notre passé : "Tu sais quoi, c'était idiot de ma part de venir te voir, je vais y aller..." Pourquoi ai-je cru que je pourrais faire face à tout cela ? C'était stupide de ma part de m'en être persuadée. D'ordinaire, j'arrivais à faire face à pas mal de situations, mais ici, ma raison me quittait pour laisser place à l'incompréhension et à la stupidité de mes actes. J'ai commencé à prendre le chemin du retour, mais je me suis retournée pour ajouter : "Désolée..."

Je ne savais pas comment expliquer à Mike ce que je ressentais. J'ai donc préféré fuir une fois de plus. Mais il me rattrapa en posant une main sur mon épaule. Ce qu'il me dit me fit mal. Comment lui expliquer les choses sans le blesser plus que je ne l'avais déjà fait ? Il fallait que je le fasse d'une manière ou d'une autre. J'ai alors pris mon courage à deux mains pour lui répondre : « Ne dis pas de bêtises. Tu es loin d'être moche même si tu es quelques fois pénible, il faut l'admettre. Mais c'est pas ça du tout... » Ce n'était finalement pas facile à dire... « Tu aimes plein de femmes en même temps, tu dis que tu m'aimes mais tu étais avec une autre fille au même moment... Tu crois que c'est facile pour moi de t'entendre dire ça ? Non, ça ne l'est pas. Le pire dans tout ça, c'est que je crois que je ressens des choses aussi mais qu'elles sont loin d'être appropriées... » Encore une fois, je m'étais vendue. Le naturel avait pris le pas sur la raison pour causer ma perte...

J'étais perdue. Comment avais-je pu dire une chose pareille à Mike maintenant ? Comment avais-je pu lui dire tout court ? Il ne semblait pas réceptif à ce que je venais de lui avouer. Il persistait au sujet de Nick, ce qui me faisait mal, car je savais très bien qu'il était avec Eva et que je n'y pouvais rien. « Je suis désolée pour toi. Mais arrête de dire que je vais finir avec Nick, c'est faux. Il est avec une autre et c'est pas prêt de changer, alors stop avec ça ! » Je commençais à m'énerver, ce qui ne me ressemblait pas. D'ordinaire, j'arrive à garder mon calme quelque soit la situation, mais ici, en face de Mike, la donne changeait. J'ai essayé de me reprendre, sans succès... « Alors puisque tu réagis comme ça, j'abandonne ! Après tout, c'était stupide de vouloir venir ici pour s'expliquer, ça finit toujours mal au final. » Je me suis éloignée, tentant tant bien que mal de me calmer. « Après ça, tu pourras dire que je t'évites. » J'ai ouvert la porte, sentant la colère l'emporter et les larmes monter. Je ne voulais pas que Mike me voit pleurer.

Tout était allé si vite. Je venais d’arriver chez Mike et après quelques minutes de discussion plus que difficiles, je me suis retrouvé près de sa porte, en train de pleurer. Je ne voulais pas qu’il me voit pleurer. Et pourtant il m’a rattrapée et m’a bloqué la sortie. Il a pris ma tête entre ses mains puis a commencé à m’expliquer pourquoi il réagissait comme ça avec moi. Il ne me laissa pas la possibilité de le couper et à dire vrai, je n’en avais pas envie. Je ne savais pas si j’avais encore la force de lui tenir tête. Et sans que je m’y attende le moins du monde, il m’embrassa. Je ne sus pas tout de suite comment réagir. Et l’entendre me dire qu’il s’agissait d’un adieu me fendit le cœur. Je ne voulais pas le perdre et pourtant j’avais été la première à le repousser. Et pourtant… Maintenant qu’il m’a embrassée, je perdais tous mes moyens. Sans réfléchir, j’ai rapproché mon visage du sien et je l’ai embrassé à mon tour. Je savais que ce que je faisais était immoral et surtout très mal. Cela ne me ressemblait pas. Et pourtant c’était bien moi, juste là, qui perpétuais ce baiser auquel je prenais plaisir. Lorsqu’il fut temps d’arrêter, un sourire venait de se déposer sur mon visage. Le mal était fait et pourtant, je me sentais bien et comme libérée. Je savais qu’il était en couple avec Ruby, et je l’ai tout de même délibérément embrassé, une deuxième fois. Le souffle court, j’ai alors pris la parole : « Je ne veux pas partir… Et je suis désolée pour Ruby… Et moi aussi j’avais besoin que ça arrive… » Je ne me reconnaissais pas et pourtant, c’était bien moi. J’avais beau penser à Nick, je ne pouvais m’empêcher de l’imaginer dans les bras d’Eva. Et puis maintenant, j’étais fixée : je ressentais bel et bien quelque chose pour Mike.