Le calme avait-il enfin fait son apparition dans les allées de cet hôpital ? Bien sûr, cela fut de courte durée, je passais dans les couloirs de ce service gynécologique quand j’entendis une femme hurler, mais ce ne sont pas des cris d’une femme qui accouche, mais bien ceux d’une femme en détresse. Je n’eus pas le temps de réfléchir plus longtemps que je me suis mise à courir afin de pouvoir aider cette femme, celle-ci se tenait debout, prête à accoucher. Mon devoir était de la rassurer, de l’aider, de me montrer présente pour elle. Une demi-heure plus tard, le sourire a remplacé les pleurs, elle tenait cet enfant dans ses bras, le père de cet enfant s’est retrouvé coincé à l’extérieur du dôme, cette mère se retrouve donc seule pour le moment. Je me devais d’être présente pour elle, je la laissais par la suite dans les mains expertes des médecins avant de prendre la direction des urgences de l’hôpital. Depuis l’arrivée de ce dôme, je jonglai entre les différents services, les urgences, je n’ai toujours pas de spécialité, mais mon rêve de devenir chirurgienne confirmée se dessine jour après jour. Au service des urgences, tout semblait calme et sous contrôle, mais un appel surgit soudainement afin de prévenir d’une urgence, je partis enfiler une petite blouse afin de me rendre à l’extérieur de l’hôpital afin d’attendre l’ambulance. Mes mains étaient l’une contre l’autre et mon regard divaguait de part et d’autre de la rue, c’est alors que j’aperçus de l’autre côté de la rue, cette silhouette familière. Mais je n’eus pas le temps de réagir ou d’analyser plus profondément que les sirènes de l’ambulance se firent entendre. Je pris alors cette urgence en priorité, les médecins qui m’accompagnèrent me donnèrent les instructives et me voici enrôler dans cette affaire. Ce ne fut que quinze minutes plus tard que je ressortis de la pièce, ce n’était rien de très grave, cependant avec l’arrivée du dôme la peur régnait chez les habitants, la peur de mourir chez certains, la peur d’être enfermé chez d’autre. Des petits maux du quotidien se transformait vite en maladie, d’après les dires de certains patients. Ma main passait sur ma nuque, je ressentais la fatigue apparaître, je pris donc la décision de m’octroyer une petite pause bien mérité. Je pris donc la direction du vestiaire afin de troquer ma blouse bleue contre ce jean et ce chemisier blanc, mes cheveux restèrent attachés et je pris la sortie de cet hôpital. (....) Qu’il me parait loin le temps où dès ma sortie de cet hôpital, j’attrapai mon portable afin de pouvoir appeler mon petit-ami. A présent, ma vie avait changé, mon petit ami s’est retrouvé bloqué de l’autre côté du dôme, mais il n’a pas l’air de s’en soucier car il n’était même pas venu lors de la dernière visite. Cela n’était pas le seul changement, je me retrouve à ressentir des sentiments pour un de mes anciens ‘patients’ qui a failli perdre la vie. Suis-je prête à m’inquiéter constamment pour un homme, suis-je prête à prendre le risque de le perdre si les médicaments venaient à disparaître. Je me posais tellement de questions que je ressentais le besoin de décompresser de temps à autre. Tout en me dirigeant vers le café, je souris à quelques passants, le café était encore le seul lieu où de la musique pouvait se faire entendre. La radio était le seul moyen de communication maintenant, une fois devant, je ne tardai pas à m’engouffrer à l’intérieur afin de me diriger vers le comptoir. « Tiens Maggie, comment tu vas, tu veux comme d’habitude ? - Salut Jane, ben écoutes toujours autant fatiguée, mais ça va. Et la même que d’habitude, mais si tu pouvais le corser un peu plus ça m’arrangerait. » Dis-je tout en riant légèrement. Cette ville est ma ville natale, je ne peux pas passer inaperçue dans les rues de Fort Bliss. La ville n’était pas très grande et lorsque l’on est native d’ici, on se crée vite des amitiés et des liens qui resteront à vie. Je pris le café qu’elle me tendit, elle me le préparait souvent à emporter, tellement habituée à repartir directement. « Merci Jane, bon j’y vais je repasserais peut-être ce soir avec Norah. » Un sourire et me voici prendre la direction de la sortie, mais je stoppai net lorsque j’aperçus cette personne assise non loin de là. Cette même silhouette familière que le matin même, malgré toutes ces années je n’aurais aucun mal à le reconnaître. Ses traits de visage et ce regard restent inchangés. Je m’approche alors de lui afin de lui lancer. « Salut Aiden, ça te dérange si je te tiens compagnie un peu ?  » Il semblait tellement pareil qu’à l’adolescence, mais tellement différent à la fois. Je ne saurais pas expliquer, je ne l’ai vu qu’en photo, mais il y eut des mails, des lettres, des correspondances échangées. J’avais vraiment l’impression de le connaître mieux que quiconque.