Et une nouvelle soirée seule.. ! L’une des nombreuses de la semaine en fin de compte. Si l’année venait tout juste de débuter, elle était bien loin de me plaire. Si j’avais pris sur moi durant la fin de l’année 2013, cette année, j’avais comme résolution de ne plus me laisser faire. J’avais cette vague impression que Noann était bipé de plus en plus souvent pour des interventions qui duraient des journées entières comme cette journée peu avant Noël ou ce dernier avait passé quarante heures en intervention. Ces dernières semaines, de drôles de films m’apparaissaient en rêve, chaque nuit je faisais le même cauchemar, je découvrais l’infidélité de Noann, presque prête à accoucher. Mes réveils étaient de plus en plus difficile et les absences répétées de Noann ne m’aidaient pas du tout, d’autant plus depuis que j’avais aperçu les collègues de Noann faire les courses alors que Noann n’était toujours pas rentré.. Où pouvait il passer toutes ces journées.. ? Je n’en pouvais plus, la fatigue, les hormones, l’angoisse de l’arrivée des jumeaux et les doutes sur la fidélité de Noann compliquaient ma grossesse. Ma tension jouait du yoyo tant je pensais à lui et tant  les films que je me faisais la nuit me brisaient le cœur. Depuis quelques jours, je m’éloignait du jeune homme qui ne semblait y voir que du feu.. Du moins jusqu’à ce jour. Rentré de nouveau tard, j’avais finalement mangé seule. Déposant sa veste sur la chaise, il approcha en me lancant un franc «Bonsoir, mon amour », les jolis mots.. « Salut. » lâchais-je plus ou moins sèchement. « Je t’ai laissé une assiette dans le micro-ondes. Bonne nuit. » lâchais-je de nouveau avant de rejoindre mon lit de fortune, à savoir, le canapé.

Fatiguant, crevant, éreintant, c'est du pareil au même et cela exprimait extrêmement bien l'extrême fatigue résultant des nombreuses heures d'intervention que Noann enchainait cette semaine. A croire qu'un gang de pyromanes s'était soudainement formé à Los Angeles. Mais la plupart des incendies n'étaient heureusement pas d'origine criminelle. Et, depuis le début de la semaine, il n'y avait que deux morts à déplorer. Deux de trop, certes, mais ce n'est pas le discours qu'il devait tenir à ses hommes s'il voulait les encourager. Il gardait cela pour lui. Il ne le partageait pas non plus avec Théa qui, au fond, semblait se détacher de lui au fil des jours. D'accord, il n'était pas souvent là, mais justement, n'étais-ce pas une raison de plus pour profiter des moments que son emploi du temps chargé leur laissait ? Elle ne lui parlait presque plus et était de plus en plus distante. Pas de quoi s'affoler, se disait-il, mais maintenant il y avait le fit qu'elle ne l'avait pas prévenu de son entrée à l’hôpital. Il avait frôlé la crise cardiaque en voyant on statut sur Facebook, mais elle ne lui avait absolument rien dit personnellement. Quoi, il devait deviner peut-être ? Il était tellement préoccupé qu'il n'avait pas pensé à cela tout de suite, et puis l'alerte avait retentit et il avait dû relayer ses soucis personnels au second plan pour pouvoir faire son travail correctement. Rentré tard, une fois de plus, il déposa sa veste sur une chaise et s'avança vers Théa avec le sourire, la saluant presque joyeusement, comme chaque soir. Sauf que, d'habitude, il avait l'occasion de l'embrasser, et il mangeait sous son regard attentif avant de passer sous la douche pour qu'ils puissent aller se coucher. C'était une routine plutôt rassurante, il faut dire. « Et... » Il allait lui demander ce qu'on lui avait dit au sujet des jumeaux et vérifier qu'elle allait bien étant donné ce qui s'était passé un peu plus tôt, mais elle lui tournait déjà le dos pour aller se coucher. Dans le canapé. Et puis quoi encore ? « Théa... » Elle ne prit même pas la peine de se retourner. Il fit un pas vers elle, lui saisit le poignet le plus délicatement possible et l'attira vers lui, la forçant u passage à se retourner. « Qu'est-ce qui t'arrive ? » Il n'y allait jamais pas quatre chemins, il voulait savoir, et ce maintenant, pas besoin de faire des détours. Cela ne devait pas être bien grave de toutes manières...

Sortir avec un pompier, c’était faire des sacrifices. Ca je le savais déjà, mais au point de devoir me passer de mon compagnon, en étant enceinte et sur les rotules, à la longue ça devenait vraiment pénible. Enfermée à la maison, sans pouvoir faire grand-chose de bien intéressant, hormis nettoyer, et encore avec modération, pour ne pas me retrouver comme hier, allongée dans un lit de maternité avec des contractions abominables, signe que les bébés n’appréciaient pas vraiment mon activité sportive. Il faut dire qu’avec toutes les questions qui me tournaient en tête, rester à la maison m’aurait sans doute rendue dingue. J’avais cette impression d’être oppressée, de manquer d’air dans cette maison que j’aimais pourtant par-dessus tout, mais il fallait que je la quitte une journée au moins pour faire le point sur la situation avec Noann. Une situation que j’imaginais encore empirer au fur et à mesure que le terme de ma grossesse approchait. Hors de question de m’occuper de deux bébés seule alors qu’ils ont été conçus à deux. Ca devait faire une bonne semaine que ces cauchemars me pourrissaient la vie et m’empêchaient de dormir correctement. La fatigue se faisait sentir et se voyait à vue d’œil. J’étais plus qu’épuisée et à ce train-là, on m’avait déjà prévenu que je ne tiendrais pas jusqu’au terme de ma grossesse. Il fallait bien qu’on en parle un jour en fin de compte, mais j’avais bien trop peur qu’il n’avoue son infidélité, a l’heure actuelle c’était encore une hypothèse pour expliquer son absence, un « si » parmi tant d’autres. Et si c’était vrai ? C’était ma mort assurée, la séparation assurée et la dépression profonde assurée, ni plus ni moins et ça ferait une maman et deux enfants malheureux. Son retour m’angoissait déjà. La crainte perpétuelle de finir par découvrir un numéro dans sa poche, une trace de rouge à lèvre sur son col ou un parfum inconnu sur sa veste. La peur de  céder aux larmes face à lui. La porte s’ouvrant enfin, Noann pénétra dans la maison, souriant, comme si de rien n’était, bien loin de s’imaginer à quoi je pensais de jour comme de nuit. « Quoi ?! » répondis-je sans ton lorsqu’il prononça mon nom. Lui tournant toujours le dos, il attrapa finalement ma main pour que je lui fasse face.  « Rien. Tout va très bien. Je suis en pleine santé, je suis heureuse à en mourir, je file le parfait amour et je vis dans un monde de bisounours. » lui répondis-je presque agacante. Je finis par le regarder, il semblait douter de ma franchise.  « Tu as des doutes ? Ca tombe bien. Moi aussi j'ai des doutes. »

En rentrant ce soir là, Noann était juste extrêmement soulagé de savoir qu'il allait retrouver Théa, les jumeaux bien installés dans son ventre, et un matelas sur lequel il s'effondrerait pour dormir le plus longtemps possible. Il était loin de se douter que sa villa serait le théâtre d'une scène de ménage provoquée par les hormones de Théa, mêlées à son imagination pour le moins débordante. N'étant quasiment jamais à la maison en ce moment, il espérait pouvoir retrouver Théa pour une fois qu'il rentrait un peu plus tôt que d'habitude. Toujours éreinté, mais il avait besoin de la voir, sa fatigue attendrait. Finalement il aurait peut-être préféré qu'ils ne se voient pas aujourd'hui. Pensée désolante, mais la soirée -ou la nuit, ça dépend du point de vue- commençait mal. Saisissant le poignet de la jeune femme, un peu alarmé par la manière dont elle venait de lui parler, il haussa un sourcil, la transperçant de son regard clair et pour le coup un peu froid. Elle se moquait clairement de lui, on aurait carrément dit une gamine insolente se disputant avec son père. Ça n’impressionnait ps le moins du monde Noann, qui relâcha son poignet pour croiser les bras sans détacher son regard du sien. « J'aimerais que ce soit vrai, je ne veux que ton bonheur Théa. Mais franchement ne joue pas à ça avec moi tu veux, je suis crevé, j'en ai marre que tu me fasse la gueule et je m'inquiètes pour les jumeaux et pour toi depuis que j'ai appris la nouvelle, par facebook et pas directement par toi soit dit en passant, alors va droit au but. T'as des doutes sur quoi ? » Il ne voulait pas vraiment le savoir, il s'attendait plutôt à la réponse. Suppositions totalement infondées. Il ne supportait pas la simple idée qu'elle ne lui fasse pas confiance. Ils s'étaient déjà séparés à cause de la confiance, et lui avait une confiance absolue et aveugle en elle. Pourquoi doutait-elle ? C'était quoi exactement, du fais ce que je dis pas ce que je fais ? En tous cas, cela y ressemblait, parce qu'elle lui avait toujours demandé de lui faire confiance.

Je n’aimais pas me sentir si mal au point d’en vomir tout ce que je mangeais. Pour le moment, mon souper restait bien en place, mais ce ne serait peut-être pas le cas longtemps depuis que Noann était rentré et semblait désirer en savoir plus sur ma fameuse sortie qui m’aura valu une nuit en maternité, sous monitoring pour s’assurer que les bébés allaient bien et que ma marche ne déclenche pas un accouchement prématuré qui leur couterait la vie à coup sûr. Bien sur que je m’en voulais, évidemment que je me sentais horriblement mal à l’idée de perdre mes deux bébés, ceux que j’avais eu tant de mal à accepter et que j’aimais désormais plus que ma propre vie. Allongée dans le sofa, comme le médecin n’avait conseiller de rester – quoi qu’il avait aussi demander que je reste calme, ce qui au fond de moi était loin d’être le cas, car oui la une tension trop haute était aussi dangereuse, mais je ne parvenais pas à me calmer malgré tous mes efforts – Je le regarda dans les yeux, prenant en pleine face le fait de ne pas l’avoir averti, ou du moins de ne pas avoir voulu l’avertir. « C’est simple. Je suis partie marcher. J’ai beaucoup marché, tellement que j’en étais épuisée et avec la fatigue accumulée des nuits que je ne dors plus, je me suis sentie très mal et un passant a appellé une ambulance. J’ai eu de grosses contractions que je n’étais pas censées avoir à cette période de ma grossesse et que j’ai pourtant eu. Alors le médecin m’a gardé en observations la nuit sous monitoring pour etre sur que les bébés et moi allions bien. C’est ma faute, je le sais et je m’en veut, alors pas besoin de me sermonner … » répondis-je soudainement. « J’ai des doutes sur ta fidélité Noann. Dis moi pourquoi tu ne rentres jamais à la même heure que tes collègues ? Pourquoi je suis persuadée d’être trop moche pour être au gout de Monsieur. Pourquoi je suis persuadée qu’il y’a une autre femme dans ta vie hein ? Vas y dis moi. Ca fait une semaine que j’arrête pas d’y penser, que j’angoisse, que je ne ferme plus l’œil de la nuit. Alors quitte à m’achever, fais le tout de suite. Dis moi que tu me trompes et ce sera réglé. » lui dis-je tandis que mes yeux commençaient à s’inonder de larmes. Plongeant mon visage dans mes mains, je refusais de le regarder. Ou ca passe ou ça casse..

« Que je quoi ? T'as perdu la tête Théa ! » Il s'efforça de garder son calme. Il s'attendait à cette réponse mais il était bien loin d'imaginer à quel point c'était douloureux à entendre. Il l'aimait plus que tout au monde, qu'elle puisse envisager ne serais-ce qu'une seule seconde qu'il la trompe faisait d'une pierre deux coups: lui brisant le coeur tout en le mettant hors de lui. Il contenait difficilement le second sentiment, tout en s'efforçant de ne pas céder au premier. Il avait tout à coup très envie de sortir de la villa, de marcher, longtemps. Il ne savait pas trop vers où, mais il finirait bien par arriver quelque part, non ? Il n'en fit pourtant rien, muet de stupéfaction car bien qu'il s'attende à cette réaction il n'y était pas pour autant préparé, il se laissa tomber dans le fauteuil derrière lui, pas sur d’atterrir dessus avant de le sentir sous lui, et ouvrit la bouche pour dire quelque chose. La referma. Il ne savait pas quoi dire. Il aurait voulu crier à l'injustice, lui assurer mille fois qu'il n'aimait qu'elle, et en même temps il avait très envie de se mettre à crier, voire à hurler. Partagé entre ces deux sentiments, il finit par se lever, ayant besoin de bouger il fit les cent ps devant le canapé où s'était allongée Théa. « Si je résume, tu ne me fais pas confiance. Toi qui me somme de croire en toi. Et moi qui le fait, évidemment, parce que moi je n'ai aucun doute tu vois. Tu pourrais faire n'importe quoi pendant mes interventions, et pourtant ça ne m'a pas effleuré l'esprit une seule seconde avant que tu viennes m'accuser ! Je fais mon boulot Théa, j'écris mes rapports pendant que mes collègues reprennent le cours de leur vie de famille. Je vérifie le matériel histoire qu'on crève pas tous durant une intervention. Je fais mon boulot de lieutenant, t'étais prévenue Théa, maintenant je t'interdis de penser que je suis le genre de mec à coucher avec une autre alors que tu es enceinte. Je fais pas de promesses en l'air, je t'aime, j'aime nos bébés, et... » Il se tu, et son regard s'attarda sur la jeune femme alors qu'elle pleurait toujours. Il disparu dans leur chambre et s'affala sur le lit sans prendre la peine de se doucher, fermant le yeux bien qu'il sache pertinemment que le sommeil ne viendrait pas à lui cette nuit.

Blessé ? Bien plus que ça. En tout cas, c'était dur à entendre. Il commença pas fixer le plafond, puis il observa le mur à gauche, puis la porte de l'autre côté. Se tournant à nouveau vers le mur, il ferma les yeux sans vraiment chercher à s'endormir. Le mélange étrange de deux sentiments opposés continuait de bouillonner en lui. Puis Théa vint s'allonger face à lui. Son regard resta fixé au mur, comme si elle n'était pas là. Il n'avait pas envie de lui parler. Pas envie d'entendre d'autres reproches. Ni des excuses, d'ailleurs. Il ne voulait pas entendre sa voix aujourd'hui, plus après ce qu'elle lui avait dit. Il ne répondit rien, ne lui accordant toujours aucun regard. Non, il ne la détestait pas. Mais il lui en voulait clairement. Oui, il avait envie de s'emporter. Pourtant il se laissa faire lorsqu'elle posa sa main sur son ventre. Il le faisait de lui-même tous les soirs, et ses bébés étaient les seuls qu'il voulait bien "voir" en cet instant. Il baissa les yeux vers le ventre de Théa, tout en évitant soigneusement de la regarder dans les yeux au passage. Il ne comptait pas le faire, mais finit néanmoins par lever les yeux vers les siens. Au fond il pouvait un petit touuuut petit peu comprendre ce qui lui était passé par la tête. Mais il détestait cette idée. Il ne comprenait toujours pas comment elle avait pu y croire. En y réfléchissant bien, elle aurait bien dû voir qu'il était incapable de lui faire ça ! « Embrasse moi... » lâcha-t-il au bout d'un moment à la fixer dans les yeux.

Fatigué, épuisé même, Noann n'avait pas du tout besoin de cela. Bon, d'accord, avouons que personne n'a besoin de ça. Il était vraiment fâché et évidemment qu'il lui en voulait mais cela ne changeait rien au fait qu'il l'aimait au moins autant qu'il aimait les jumeaux. Ça faisait énormément, vous n'imaginez pas. Il tentait de ne plus croiser le regard de Théa, le regard fixé au mur puis sur les bébés encore invisibles. Dans six mois ils les verraient, ils pourraient les prendre dans leurs bras et... C'est sur cette pensée que son regard croisa enfin celui de la jeune femme. La mère de ses enfants, qui doutait de lui mais à qui il ne pouvait pas se permettre d'en vouloir bien longtemps. Une fois de plus, il laissa sa fierté de côté, lui demandant de l'embrasser avant de répondre à son baiser. Il ne dit rien, hésitant, puis ferma les yeux, n'ayant aucunement besoin de s'entendre dire deux fois qu'il devait se reposer. Il referma machinalement ses bras sur Théa et déposa un baiser sur son front. « Je t'aime. » n'oublia-t-il pas de préciser avant de s'endormir d'un coup, un peu comme si on venait de l’assommer. Au fond c'était presque cela, les heures d'intervention accumulées cette semaine additionnées à cette dispute idiote lui faisait l'effet d'un bon somnifère.

Je m’en voulais profondément d’avoir provoqué en Noann cette explosion de sentiments. Le pauvre était déjà sur les rotules, travaillait dur comme fer pour obtenir l’argent nécessaire pour accueillir nos jumeaux et j’osais encore douter de son infidélité. Pour le coup je me trouvais vraiment idiote et stupide d’avoir laissé cette lubie s’installer dans mon esprit. En plus de lui faire du mal, je m’étais rendue malade pour rien. Je ne mangeais plus, ne dormais plus depuis des jours à cause de cette histoire .. Maintenant que tout était mis au clair, que Noann avait fait disparaitre mes doutes, c’était à moi de me faire pardonner envers lui. Allongée dans le lit, je le regardais fermer les yeux, sombrer dans le sommeil en caressant doucement son visage. Il était si beau, en éveil comme endormis.. Sombrant moi aussi dans le sommeil après des jours de privations, dont la veille passée seule dans cette chambre en maternité, où j’avais aperçu avec mélancolie cette pièce où dormaient tous les bébés, ce matin encore j’avais fais la connaissance d’une jeune maman sur le départ et de son très joli petit garçon que j’avais pu tenir à bras un moment. Ce sentiments ressentit en portant ce bébé, j’étais presque persuadée que je serai une bonne mère, presque.. Nos petits bébés, bientôt ce seront eux qui prendront place dans nos bras. Nos deux petits anges aux sexes toujours inconnus, bientôt, ils seront dans nos vies bien en chair.