Noelia&Alys

*J'étais dans une cuisine. Ma cuisine. Je me dépêchais de terminer le dîner lorsqu'un bruit de clé dans la serrure me fit sursauter. Il était rentré. Je me raidis tout en  percevant des bruits des pas dans la pièce à côté, le bruit d'un sac que l'on jette sur le canapé accompagné d'un hurlement. Lorsque la porte de la cuisine grinça tandis qu'il entrait doucement dans la pièce, mon corps entier se figea. Il s'approcha de moi avec lenteur, caressa mon cou de sa main gauche, l'autre tenant un verre d'alcool  tandis que je restais immobile  me forçant à sourire et à ne pas trembler. « Bonsoir chéri, déclarai-je d'une voix monotone mes ongles s'enfonçant dans le plan de travail alors qu'il inspectait la pièce ». « Tu veux peut-être passé à table ? Je vais t'apporter ton repas ». « Ce que je veux ? ». Il éclata d'un grand rire sonore, un rire qui était synonyme de démence alors qu'il faisait les cent pas dans la pièce. « CE QUE JE VEUX ». Il propulsa son verre contre le mur qui se brisa en mille morceau. Je reculais, mon cœur battant à toute vitesse alors qu'il s'approchait d'un pas rapide vers moi pour attraper mes cheveux avec violence. J'eus un haut le cœur alors que son haleine empestait l'alcool tandis qu'il posait ses lèvres contre le mienne. Ses yeux étaient vides, signes qu'il était encore sujet à une hallucination. ». Il claqua mon visage contre le plan de travail, déchira mon chemisier d'un geste alors que me je débattais, le suppliant. Il prononça des paroles incohérentes me maintenant avec force contre lui tandis que je me mettais à pleurer, me débattant. Il m'ordonna de me taire, m'infligeant un coup de poing dans l'estomac....

Je me réveillais en sursaut étouffant un cri, mes draps formant une camisole étroite, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, ma respiration saccadée. Ce n'était qu'un rêve...Un simple rêve. En tournant la tête vers ma table de nuit, je me rendais compte qu'il était quatre heures du matin et qu'encore une fois il m'était impossible de trouver le sommeil. Les somnifères ne parvenaient pas à effacer les terribles souvenirs qui hantaient mon esprit. Même si j'avais déménagé, je ne réussissais pas à oublier les horreurs que j'avais subis. Dès que je me retrouvais seule dans une pièce, j'avais toujours cette horrible sensation qu'il était derrière moi, prêt à surgir pour me frapper à nouveau. J'ignorais ce qui me donnait la force de me battre chaque jour mais quoique je fasse, mon passé me rattrapait toujours.

Je passais une main sur mon visage humide, aussi bien par la sueur que par les larmes, puis bondis hors de mon lit pour enfiler ma tenue de sport composée d'un  simple short et d'un débardeur. Courir était mon seul échappatoire. En courant, je ne pensais plus à rien et un sentiment de paix m'envahissait. Après avoir lassé mes chaussures, je quittais l’appartement puis commençais mon parcours quotidien. Un casque sur les oreilles, je n’entendais pas les clameurs de passants qui me regardaient. Après plus d'une heure à fouler le sol de Los Angeles, je me rendais dans le parc pour terminer mon entraînement. Mon regard fixait obstinément mes chaussures jusqu'à ce que j’aperçoive une jeune femme allongée sur un banc. Surprise, je passais devant elle me rendant compte qu'elle dormait profondément puis décidais de continuer ma course. Bizarrement, après quelques foulées, je ne parvenais toujours pas à me sortir cette image de ma tête et décidais de revenir sur mes pas pour m'assurer qu'elle allait bien. Essoufflée, je m'arrêtais devant elle et l'observais quelques instants. Un sac était placé en dessous du banc contenant certainement l'entièreté de ses affaires, un tas de feuille lui servait d'oreiller, ses cheveux étaient en batailles, elle avait des traits tirés et étais plutôt maigre. Sa tenue, quant à elle, ne laissait pas penser qu'elle était sans domicile fixe. Avait-elle trop bu ?  S'était-elle perdue ? Hésitante, je posais une main sur son épaule et la secouais avec douceur. « Mademoiselle ? ». Aucune réponse. Je réitérais mon geste jusqu'à ce qu'elle entrouvrit les yeux pour me lancer un regard perdu. « Vous allez bien ? Demandai-je timide ». Je n'étais pas très douée dans les relations humaines, la plupart des gens me considérant comme la Reine des glaces, surtout les hommes,  mais j'espérais qu'elle ne me trouve pas déplacer, ni trop froide, car après tout, je souhaitais simplement l'aider...