Après Pékin Express => Secours Express

	CALLIOPE
MATT

La journée avait très bien commencée aujourd'hui, elle s'était déroulée comme à son habitude. J'avais commencé par une matinée de cours des plus banales, enchaînant entrainement de danse - qui se faisait plutôt intense pour une fin de semaine - puis par un cours d'histoire de la danse Contemporaine. Une matinée qui fut donc bien épuisante pour toutes personnes n'étant bien évidemment pas moi. J'avais pris cette habitude de l'épuisement physique et morale, en dépassant mes limites et j'avais alors assez souvent perdu mes moyens et finis par m'effondrer d'épuisement, mais aujourd'hui cette habitude me permettait de tenir beaucoup plus longtemps et d'éprouver moins de souffrance lors de mes entraînements.

L'après-midi, à l'inverse de ma matinée, fut beaucoup plus tranquille, calme. Mon cours principale avait été annulée pour cause de stage de la part de l'enseignant, ce qui nous avait allégé l'emploi du temps de trois heures, les trois seules heures de cours restantes de ma journée. J'en avais donc profité pour aller me balader en centre-ville, histoire de débourser quelques dollars dans de nouveaux habits. Un luxe qu'il y a encore quelques années je ne me serais pas permis, mais aujourd'hui tout était différent. Au final, j'étais rentré chez moi charger jusqu'au coup, j'avais dévalisé la quasi totalité des boutiques dans lesquels j'avais mis les pieds et je n'osais même pas m'avouer la somme perdue pour la mode.

Sur un coup de tête et parce que le week-end avait frappé à ma porte, j'avais décidé de me rendre en boite de nuit dans la soirée, histoire de décompresser de cette semaine et de faire un peu la fête. J'avais donc pris le temps de me préparer et c'est armé d'un short noir, d'un top asymétrique couleur rose balais, d'une paire d'escarpin noir et de ma veste en cuir noir, que je me rendais un peu plus tard dans la boite de nuit "The Dragonfly" prête à passer une excellente soirée.

Cela faisait quelques minutes que j'étais entrée dans la boite, j'avais déjà un verre en main et m'étais posé dans un coin histoire de boire tranquillement avant d'entamer une longue soirée pleine de déhanchement. Alors que je finissais mon premier verre de la soirée, un jeune homme vint me surprendre, se collant à moi et me proposa un nouveau verre. Je décidais de le refuser, n'étant pas encore d'attaque pour un plan drague. Seulement, cela ne semblait pas au gout du jeune homme qui continuait à insister pour que j'accepte son verre. Avec gentillesse, je le repoussais une nouvelle fois et lui précisais cette fois que je n'étais réellement pas intéressé. Ce fut la troisième fois, que je compris que je ne m'en débarrasserais pas de sitôt et que l'exaspération pris place.

_ Ecoute, j'ai rien contre toi, mais si tu pouvais juste me lâcher cinq minutes ce serais vraiment classe. Lui dis-je, perdant patience.

Comme s'il avait bien décidé de faire chier son monde, il me saisit le bras, énervé je serrais les dents, puis il me murmura quelques mots dans l'oreille. Ils voulaient que je le suive dans un endroit plus discret pour qu'on "apprenne à se connaitre". Me détachant de son emprise pour m'éloigner, il m'attrapa à nouveau le bras avec plus de force et de détermination.

_ Lâche-moi ! Dis-je
_ Allez viens on va bien s'amuser.
_ Je ne te le dirais pas une seconde fois ! Alors, fais gaffe.
_ Ne sois pas prude ! Dès l'instant où tu as mis les pieds ici, je savais que tu étais le genre à succomber facilement.

Sa force fut plus intense et il tentait de m'entraîner avec lui. Dans un mouvement d'angoisse, j'essayais de le faire lâcher prise, mais impossible, il était beaucoup plus costaud que je ne l'étais et j'avais beau être sportive et plus que déterminé je ne pouvais rien y faire, ce furent donc l'énervement et les cris -quasiment caché par la musique qui sortait des enceinte- qui prirent place.

_ Tu vas me lâchez ! Mais lâche-moi ! PUTAIN LACHE-MOI CONNARD !!!

Rien à faire il n'était pas décidé à agir...

L'angoisse était à son comble, à peine avais-je mis les pieds dans cette boîte que j'avais trouvée le moyen de me faire emmerder par le premier venu. Pour une fois que je me rendais seul en boite de nuit, il avait trouvé le moyen de me dégouter de ma soirée. Je sentais donc que la soirée n'irait pas en s'améliorant. Pourtant, lorsque j'entendis une voix masculine interpeller le gars, je me sentis soulagé à l'idée qu'il fut remarqué. Je regardais ainsi l'inconnu, le suppliant du regard pour qu'il fasse quelque chose, n'importe quoi, mais qu'il agisse d'une manière ou d'une autre, m'avouant, par la même occasion, à moi-même que pour une fois je ne m'en sortirai pas toute seule.

Au contraire de moi, l'emmerdeur, fit semblant de ne pas avoir entendu l'inconnu plus loin. Malheureusement si moi je l'avais entendu, il était sûr et certain que lui aussi. Pour autant, il ne me lâcha pas, resserrant même sa main contre mon poignet qui commençait à être endolori.

Une nouvelle fois, il essaya de m'entraîner avec lui, alors que je me retenais de toutes mes forces, me penchant vers l'arrière avec l'aide de tout mon corps, crispant mes muscles pour éviter de lâcher et le fatigué un peu. Je lançais un nouveau regard vers l'inconnu assis au bar et pus observer qu'il se levait et approchait dans notre direction. Il s'interposa alors entre nous, obligeant ainsi mon emmerdeur à me lâcher. Lorsque sa main desserra mon poignet, je perdis l'équilibre, c'est donc les fesses par terre que je me retrouvais.

L'inconnu, pris alors ma défense, forçant du regard le jeune homme à s'éloigner. Bizarrement je me sentais à la fois soulager et pourtant l'angoisse persistais, principalement parce que bien qu'il m'ait lâché, il ne prit pas en considération les paroles de l'inconnu. Préférant jouer avec lui du regard, il semblait le titiller voire jusqu'où il pourrait aller. Il se mesurait à lui et prenait toute cette mascarade pour un jeu. Moi qui était toujours par terre, je pris quelques minutes pour me relever, principalement parce que mon poignet endolori, m'obligeait à trouver une tactique différent pour me relever, sans trop souffrir.

Une fois que je fus à nouveaux debout, je fixais mon regard quelque instant sur l'inconnu qui prenait ma défense et alternais par la suite entre les deux jeunes hommes qui se mesuraient l'un à l'autre.

A l'inverse de ce que j'aurais pensé l'inconnu qui m'avait aidé ce soir, ne tenta pas d'être plus fort que l'autre physiquement, je compris alors que j'étais tombé sur un mec bien, un mec honorable. Il ne cherchait ni la bagarre, ni le conflit, juste à m'aider et je lui en étais entièrement reconnaissante, car jamais je n'aurais jamais acceptée qu'on fasse autre chose pour moi. Il m'aidait et c'était déjà beaucoup pour moi. Alors qu'il s'avançait pour m'aider à me relever, chose dont je ne me rendis pas vraiment compte au départ, trop surprise pour réagir, je vis qu'il avait été bousculé, cela ne sembla pas le gêner plus que cela et encore une fois au lieu de répliquer par la force il prit la parole, le conseillant de partir sans chercher les emmerdes. Au même instant, il me saisit par la taille, puis me rapprocha de lui, je coopérais, fixant alors mes pieds trop gêné par cette situation et souris intérieurement lorsqu'il fit remarquer au jeune homme qu'il était loin d'être à la hauteur pour moi. Et je laissais échapper un vrai sourire lorsqu'il me fit un clin d'oeil complice. Malheureusement, lui ça ne le faisait pas sourire d'être traité comme un con. Pour apaiser le jeu, l'inconnu et moi tournèrent les talons pour nous rapprocher du bar. A cet instant, je ressentis en moins un soulagement intense, mon coeur se faisait plus calme, l'inquiétude partait petit à petit, principalement parce que le gars nous laissait à présent tranquille.

Arrivé jusqu'au bar je m'installais sur un des tabourets libre à gauche de l'inconnu, je soufflais un cou et malgré une gêne qui, elle, persistait je me tournais vers lui tout en vérifiant que l'autre homme n'étais plus dans les parages. Celui-ci me regardais, mais détourna très vite la tête et se faufila dans la foule, je finis par regarder l'inconnu, « mon sauveur » si je puis dire. Il me demanda alors si ça allais. Je lui souris.

_ Oui ça va mieux ! Je te dois un grand merci ...

C'est alors que je me rendis compte que je ne connaissais même pas son nom alors que lui venait probablement de m'éviter de passer un sale quart d'heure. Je lui lançais un énième sourire.

_ Comment je pourrais te remercier ! Dis-je faisant une moue gênée.

Alors que Matt, le jeune homme qui m'avait été d'une très grande aide ce soir, commandait sa boisson au barman, je le dévisageais une nouvelle fois, mais cette fois-ci de haut en bas. Qui aurait cru qu'un homme plutôt mince serait se montrer plus fort qu'un gros costaud. Comme quoi la force ne faisait pas tout de nos jours, même si je présentais tout de même une grande puissance en lui et qu'il était certain que je n'essaierais pas de m'opposer à lui. Ma mère m'avait appris lorsque j'étais petite à ne jamais juger les gens au premier abord, bien évidemment qui ne le faisait pas, mais à l'inverse de certaines personnes, je le gardais pour moi, c'était le second conseil de ma mère au cas où je ne puis m'en empêcher. Je regrette qu'elle ne soit plus de ce monde, elle m'aurait appris tout un tas d'autre chose aussi utile que celle-ci.

Lorsque le barman parti chercher nos boissons, j'allais pour entamer la conversation, c'est alors que Matt se tourna sur son tabouret pour regarder quelque chose, je ne savais pas de quoi il s'agissait, mais il fixa la salle durant un long moment. Je ne puis dire combien de temps j'attendis, ne sachant quoi dire ou quoi faire, mais le barman eu le temps de nous préparer nos deux verres et de nous les apporter. Bien évidemment, je comprenais, il se sentait peut-être obliger de rester avec moi par peur que l'homme reviennent m'embêter, mais secrètement espérait-il peut-être d'aller draguer quelques filles plus loin. Lorsqu'il me fit à nouveau face, il me regarda et je lui lançais un sourire gêné, à nouveaux mon regard était fuyant, mais c'était surtout parce que la gêne qui avait disparu refaisait peu à peu surface. Le jeune homme pris enfin la parole.

_ Oui, mais d'habitude je suis toujours accompagné. Franchement cet endroit est l'une des meilleures boites de nuit de L.A. Le DJ sait innover et varie beaucoup dans ces styles au point qu'une chanson vieillotte deviens un tube, le temps d'une soirée. Enfin peut-être le sais-tu déjà ?

Je lui souris, j'avais supposé qu'il ne connaissait pas cette boite de nuit lorsqu'il m'a posé la question, mais étais-ce juste une remarque pour dire qu'il ne m'avait jamais vu ici auparavant.

_ Tu sais rien ne t'oblige à rester avec moi, si tu veux aller draguer quelques filles où danser, ne t'inquiète pas pour moi, je ne veux pas que tu crois qu'en me laissant seule, je serais agressé ou autre, je saurais me défendre ou j'essaierais au moins.

En achevant ma phrase je laissais échapper un petit rire pas très convainquant, bien que je pensais sincèrement ce que je disais.

Je l'écoutais parler, m'expliquer qu'il connaissait peu les lieux, mais que la réputation de The DragonFly l'avait incité à venir ici. Je souris lorsqu'il parlait de « rencontres brutales » et haussais les épaules en rigolant. Que pouvions-nous faire face à la débilité des gens ? Ceux qui se croient en droit de faire ce que bon leur semble sans se soucier des conséquences futures. J'appréciais réellement la compagnie du jeune homme, à l'inverse de certaines connaissances, c'était un homme qui semblait léger, qui apportait une bouché d'air frais et qui dégageait un naturel apaisant et agréable. J'aimais beaucoup sa compagnie et je fus heureuse lorsqu'il me répondit qu'il n'avait pas envie de draguer ou d'aller danser pour le moment et qu'il préférait rester avec moi. Bien évidemment cette joie naissante était amplifiée par l'idée que je n'aurais pas à craindre un retour en force de l'autre homme. Il plaisantait à nouveau avec ma manie d'être une victime et je me mis à rire moins discrètement que lui, mais sans pour autant susciter le regard des autres. Je me détendis alors et je levais mon vers face à lui pour trinquer avec Matt.

_ Je tiens à trinquer à ton exploit et à notre rencontre. Je me ferais un honneur de te tenir compagnie pour ton arrivée dans la ville de L.A, de toute manière je n'ai rien de mieux à faire ce soir. Et je tiens à me féliciter d'être la première personne que tu connaisses.

Je souris, trinquais avec le jeune homme et bu une gorgée de mon Miami, tout en souriant au jeune homme qui fit de même. Je reposais mon verre, repositionnait une de mes mèches de cheveux qui me gênaient plus qu'autre chose, me réinstallais sur mon tabouret de bars, croisait mes jambes. Je posais ensuite mon bras sur le comptoir et appuyais mon dos à moitié sur le rebord, puis j'engageais à nouveau la conversation.

_ Alors Matt, à part être un super-héros. Qu'ai-je le droit de savoir sur toi ? Et pourquoi Los Angeles ?