Il était loin le temps où je portais Michael pour l'aider à grimper sur le toboggan du parc. Désormais, je ne pouvais plus utiliser mes jambes et je ne faisais pas d'efforts de ce côté là. Mon frère savait pourquoi je réagissais de la sorte mais Michael ne comprenait pas vraiment. Lorsqu'il me posait des questions, je lui répondais alors que peut-être un jour, je pourrai remarcher et il se cramponnait à cette idée. J'aimais mon fils plus que tout.
Lorsqu'il entreprit de descendre pour la énième fois du toboggan du parc, je le surveillais avec toute mon attention. Il souriait, il était heureux, c'était tout ce qui comptait pour moi. Mon portable sonna et je fus ravie de constater qu'Alessia m'invitait à boire un verre deux jours plus tard. Il allait falloir que je m'organise pour pouvoir accepter son invitation, mais j'allais tout mettre en oeuvre pour que cela se fasse.

Quelques minutes plus tard, une silhouette se dessina sous mes yeux et je fus heureuse de constater que mon petit ami passait par le parc lui aussi. Je lui souris avant de lui faire de grands signes pour qu'il me rejoigne. Hey ! Salut toi. Dis-je une fois qu'il fus près de moi. Je ne pouvais pas me lever pour l'embrasser et cela me manquait. Je l'ai donc laisser se baisser pour le faire à ma place. J'ai profité de ses lèvres jusqu'à ce qu'il les retire trop loin de moi. Alors, qu'est-ce qui t'amène par ici ? Lui demandais-je toujours en souriant.

LUKENDY: Il va falloir rester fort les amis...

Les choses se compliquaient davantage ses derniers temps. Luke était vraiment dans une impasse, et ce sentiment lui déplaisait énormément. D'un coté, il était heureux d'être avec Wendy, elle était celle qu'il aimait le plus au monde, et il ne pourrait jamais se décrocher d'elle, elle était essentielle. Même si la culpabilité le rongeait encore un peu, il arrivait la plupart du temps à oublier que c'était lui qui l'avait oublié, et que celle qui avait le plus payé les pots cassés dans l'histoire, physiquement ET moralement, c'était elle, c'était Wendy. Mais d'un autre coté, il était triste, car Wendy semblait perdre espoir, elle se laissait aller dans la culpabilité qui semblait s'accumuler depuis déja très longtemps, mais qui ne faisait surface qu'aujourd'hui.
Le blondinet n'y arrivait pas, c'était au dessus de ses forces, il savait qu'il ne pourrait jamais faire que Logan, la mitrailler de réflexion et de vérité pour la forcer à réagir. Il n'y arrivait pas, simplement parce qu'il y avait toujours ce sentiment en lui qui lui disait "Tu lui as déja fait subir l'horreur pendant plusieurs mois, tu crois pas qu'il serait temps d'arreter là?". Cependant, il tenait à rester prêt d'elle, car il ne pouvait pas s'en détacher, et parce que à ce moment si critique, Luke était convaincu que Wendy ne supporterait pas la distance que le jeune Branner pourrait mettre, même si cela pourrait peut être l'aider à la motiver.
Le beau blond passait son temps à réfléchir, et trouver un moyen de faire prendre conscience à sa chérie qu'il était temps de sortir de ce fauteuil. Pour se faire, il sortait se ballader très souvent, peut importe qu'il neige, pleuve ou qu'il y ai une tornade, tourner en rond chez lui ne faisait qu'aggraver les choses. Il passait souvent par le parc, il voyait toujours quelque chose qui le réconfortait. Mais aujourd'hui, il l'aurait reconnu entre mille, la jeune femme au fauteuil roulant ne pouvait être qu'elle. Il hésita une seconde, chose qui le surpris, puis se décida à aller la voir. Ce doute s'effaca immédiatement après la voir sourire, elle l'agacait quand elle faisait ca, son sourire si ravageur ne lui donnait envie que d'une chose, être avec elle. Il fit son meilleur sourire et parti la voir. "Salut ma chérie!" Train train quotidien... A chaque fois, Wendy la regardait avec son sourire, comme pour l'obliger à se baisser pour l'embrasser. Il s'accroupit et la dévisagea, lui souriant, et l'embrassa comme il l'avait l'habitude de le faire. Une fois le baiser finit, il se releva et rétorqua "Une ballade de temps en temps, ca fait pas de mal!" Dit il en lui faisant un clin d'oeil. Il se tourna et vit Mickeal sur les jeux, il ria et dit "Et je vois qu'il y en a un qui en profites au maximum!"
Luke évitait le sujet, il avait peur de ce qu'il pourrait se passer. Mais pour pouvoir avancer, il savait qu'il fallait mettre les petits plats dans les grands, et Wendy avait besoin d'avancer, pour ne pas rester bloquer toute sa vie sur quelque chose qu'elle pourrait regretter une fois qu'il serait trop tard. "Dis moi, tu en ai à combien de séance de rééducation?" Il savait que Logan tenait à l'accompagner à la majorité de ses séances. "J'ai cru comprendre que les dernières étaient un peu... mouvementées." Le sujet était lancé, et Luke savait très bien que sa petite amie allait se replier sur elle même, ou priant pour qu'on ne s'éternise pas sur le sujet au risque de devenir muette, pour obliger Luke à dévier la conversation sur autre chose. Mais le beau blond voulait tenir bon, il était peut être temps pour lui de réagir, pour secouer sa belle.

Le voir, le sentir près de moi me rendait heureuse. Je n'aurais jamais pensé qu'une chose pareille arriverait, pas à moi. Mais la vie m'avait gâtée, je ne pouvais le nier. Mais je savais que d'une minute à l'autre, LE sujet allait être remis sur la tapis. Un tapis roulant comme lassé de devoir toujours ressasser les mêmes choses, incessamment. J'en faisais les frais avec Logan presque tous les jours. Mais c'était la vie, j'avais décidé de vivre ainsi.
Le sujet n'ayant pas encore été cité, je souriais, heureuse de profiter de mon petit ami par un jour si ensoleillé. « Exactement.  Lui répondis-je sans perdre mon sourire, au sujet de sa balade. Luke remarque d'ailleurs que Michael en profitait un maximum et rien ne pouvait me faire plus plaisir. Mon fils avait une joie de vivre à en étonner plus d'un. J'aurais aimé être comme lui... Après cela, Luke ne tarda pas à enchaîner sur ce sujet que je redoutais tant. Je me suis tant battue avec mon frère là-dessus, que je ne voulais pas en arriver là avec mon petit ami. Qu'arriverait-il si nous en arrivions à nous disputer ? Je ne voulais pas en arriver là, je n'en avais pas la force. J'ai donc pris sur moi pour ne pas lui répondre méchamment. Je ne voulais pas gâcher un si bon moment. « Oh tu sais, je ne les compte plus...  A dire vrai, je n'y allais plus. Ou alors Logan m'y traînait de force, ce qui ne changeait rien au fait que je ne faisais aucun effort. Mais mon frère ne cessait d'y croire à ma place, comme si mes jambes pouvaient se mettre à marcher toutes seules rien que par la force de sa pensée. Ça n'était pas près d'arriver. Sans volonté de ma part, rien de tout cela ne verrait le jour. Ne voulant plus parler de cela, j'ai décidé de changer de sujet. Mais ces derniers temps, tout le monde semblait ligué contre moi. « Mais on ne va pas gâcher une si belle journée à parler de ça. Alors, quoi  de neuf sinon ?  Il faut dire que depuis l'accident et surtout depuis que sa mémoire est revenue, ma relation avec Luke n'est plus la même. Je regrettais le temps passé et espérais le retrouver, mais je savais qu'en fauteuil, rien ne serait plus jamais pareil. « Dis, tu ne m'évites pas quand même ?  Lui demandais-je en appréhendant sa réponse. Je savais que sa réponse n'allait pas me plaire, j'ai donc fait de mon mieux pour ne pas lui montrer que j'avais peur de ce qui allait suivre.

Luke avait peur d'être franc avec elle, de lui dire ce qu'il pensait réellement et de la blesser, de lui faire mal et de la rendre triste. Mais c'était si difficile, ca faisait si mal pour le blondinet de la voir coincé dans ce fauteuil, il était la trace qu'elle avait morflé dans tous les sens pendant plusieurs mois, et il lui rappelait son attitude effroyable et sa perte de mémoire constamment. C'était peut être inconscient, mais il pensait au fond de lui que Wendy restait dans cet état pour lui rappeler ses erreurs. Le beau blond avait beau faire bonne figure, il lui en coutait de voir jour après jour la femme qu'il aimait rester calfeutré dans un fauteuil.
Aujourd'hui, il tournait en rond chez lui, pris entre deux coups de feux dans sa tête. Dire ce qu'il pensait à Wendy, ou bien continuer à faire comme si de rien n'était, pour ne pas la brusquer. Il n'arrivait pas à se décider, et il était parti réflechir dehors, il sentait toujours que son choix était mieux réflechi après ca. Coup du sort, il croisa celle qui lui donnait tant de fil à retordre en ce moment, mais néanmoins celle qu'il aimait, Wendy. Il était partie la voir dès qu'il l'avait vu, même s'il avait hésité une micro seconde, comme pour faire un choix définitif sur ce qu'il voulait faire. En la voyant, toutes ses pensées n'étaient focalisées que sur elle, comme à son habitude il la dévorait des yeux, il ne pouvait pas s'en empêcher.
Après avoir entamé le rituel de retrouvailles avec Wendy, le jeune Branner avait décidé de se jeter à l'eau afin de régler le problème une bonne fois pour toute. Mais comme il le savait, Wendy se replia sur elle même, comme si ce sujet parlait de quelqu'un qui était mort devant elle. Et bien entendu, elle chercha immédiatement à changer de sujet. Il se pinca la lèvre avant de lui répondre. "Wendy, on se voit régulièrement, on s'envoie des messages, tu sais tout ce qui se passe dans ma vie dans les moindres détails!" Il laissa planer le silence, inspira profondément et s'accroupi pour être à sa hauteur pour continuer. "Je sais que tu ne veux pas à parler. Tu as réussi à éviter le sujet avec moi jusqu'ici, uniquement parce que je le voulais bien et que je ne voulais pas te brusquer, mais au bout d'un moment..." Il avait peur de sa réaction, ca commencait vraiment à faire réplique de rupture, même si c'était la dernière chose qu'il souhaitait. "Je pense qu'il faut que tu connaisses le fond de ma pensée. Tu sais très bien que je t'aimerais quoi que tu fasses, ou peut importe ce qu'il t'arriveras. Mais ce fauteuil me rappelle à chaque fois combien j'ai pu te faire souffrir après l'accident, et je le prends comme ma punition pour ce que j'ai fait." Le mélodramatique était bien présent, et Luke devait encore continuer. "J'ai l'impression que la seule personne qui ne tiens pas à sortir de ce fauteuil roulant, c'est toi! Explique moi pourquoi?" Aucune colère, aucune agressivité, juste une voix calme et posé, et un regard dans les yeux, bien profond, pour essayer de faire sentir à Wendy l'urgence de la situation. Après sa question, il la regarda intensément. "Pourquoi je voudrais t'éviter? C'est toi que j'aime, mais ce serais tellement mieux si ce fauteuil n'était plus là à te suivre partout, et que je puisse profiter pleinement de toi." Le sujet était bel et bien lancé, et impossible pour Wendy de pouvoir s'échapper cette fois, ou d'espérer pouvoir dévier la conversation.

Etre dans ce fauteuil n'était pas des plus pratique. Mais je ne voulais pas en sortir. Personne ne me comprenait, personne ne voulait comprendre. J'ai été égoïste toute ma vie, je ne voulais pas l'être une fois de plus. Mon raisonnement peut en surprendre plus d'un, en commençant par tous les membres de mon entourage, mais c'est comme ça, je ne peux faire autrement. Logan ne cesse de répéter que je devrais faire des efforts, que si je ne les fais pas pour moi, que je les fasse pour mon fils ou pour Luke. Mais c'est au-dessus de mes forces. Ce fauteuil est le prix à payer pour toutes les horreurs que j'ai bien pu faire subir à autrui, et Dieu sait combien d'erreurs j'ai commises durant toutes ces années... Luke ne comprenait pas, je ne m'attendais pas à ce qu'il le fasse, mais ça me faisait mal de le sentir mal à l'aise face à ma décision. J'avais le sentiment qu'il m'évitait depuis quelques temps. Il avait beau dire qu'on s'envoyait des messages et qu'on s'appelait tous les jours, je ne le croyais pas. J'avais mal de voir que notre relation en était à un point aussi critique alors qu'elle venait tout juste de commencer. Je ne voulais pas le perdre et je savais ce que je devais faire pour le garder, mais j'en étais bien incapable... "Mouais..." Répondis-je simplement à sa première remarque. Je savais ce qui allait suivre. Je passais mon temps à éviter le sujet mais Luke ne semblait plus d'accord. Il tenta, tout comme mon frère, de relancer la conversation sur le sujet mais je n'étais pas prête pour lui répondre. J'ai alors baissé la tête, je voulais pas entendre ce qu'il avait à me dire mais je fus contrainte de l'écouter. Je ne m'attendais pas à ce qu'il ressente une chose pareille. Ses mots sonnèrent comme une sentence à mes oreilles. Je voulais le rassurer, lui expliquer que ce n'était pas de sa faute si je me trouvais encore dans ce fauteuil. J'ai pris mon courage à deux mains pour le lui dire, moi qui détestais aborder le sujet. "Ce n'est pas de ta faute ! Tu n'as pas à penser ça ! Je veux dire... C'est ma décision de rester clouée là, pas la tienne mais ce n'est pas pour te punir de quoi que ce soit ! Je te le promets." Puis il prononça les mots que je ne voulais pas entendre. Je devais lui répondre, il avait le droit de savoir. "Tu as tout compris, je suis celle qui ne veut pas s'en sortir ! C'est ma décision !" Je ne m'énervais pas mais les émotions débordaient par ma bouche. "Tu profites pleinement de moi, le fauteuil n'a rien à voir dans l'histoire." Mes propos me paraîtraient idiots dans quelques temps mais sur le moment, je les trouvais très sensés.

Luke culpabilisait, non seulement parce que la situation était devenu plus critique qu'on aurait pu le penser, mais parce que tout était de sa faute. C'était lui qui avait eu l'accident, c'était à cause de lui que la bulle si idyllique dans laquelle vivait les deux amoureux depuis le début de leur relation avait éclaté en un rien de temps, tous ca à cause de lui, de ce foutu accident et de cette foutu amnésie, et ce fauteuil qui était là à lui rappeler à chaque seconde qu'il avait détruit la vie de celle qu'il aimait. Il n'arrivait plus à la regarder, parce que regarder Wendy signifiait forcément regarder ce fauteuil, et il n'y arrivait pas. Il se controlait, et se forcait à regarder Wendy parce qu'il était amoureux d'elle, mais cela devenait de plus en plus dur. Il savait pertinemment que la discussion allait tourner mal, Wendy faisait de ce sujet un sujet tabou à n'évoquer sous aucun prétexte. Ce qui faisait le plus peur au blondinet, c'était que depuis le début de sa relation avec Wendy, il avait toujours réussi à comprendre chacun de ses mots, chacun de ses choix et chacun de ses gestes. Mais là, c'était comme si il marchait en aveugle, perdu dans un labyrinthe et ou il devait retrouver Wendy. Il n'arrivait pas à comprendre son choix, ce qui par effet domino, bloquait immédiatement tout le reste. Et il en souffrait énormément.
Luke ne pouvait plus le garder pour lui, il avait retenu ce ressentiment autant qu'il l'avait pu, pour l'amour de Wendy, mais maintenant il fallait que ca sorte car il ne pouvait plus se battre contre ce ressentiment et contre Wendy en même temps, c'était beaucoup trop dur. Le problème était qu'il ne savait pas s'il réussirait à garder ce même ton calme et posé bien longtemps, la peine était tellement forte qu'il était presque sur qu'elle allait exploser à un moment donné. Mais qui disait haussement de la voix disait également dialogue de sourd entre le beau blond et son amoureuse. La vie était tellement dure...
Aux mots de la belle, il ria jaune, un rire qu'il ne put contenir. C'était tellement facile de dire ca, alors que son choix lui faisait du mal à elle, mais également à tous ceux qui lui était cher. "Peut être, mais sans ce stupide accident, c'est un choix que tu n'aurais même pas eu à faire Wendy! Ta décision m'affecte beaucoup, parce que je ne réussis pas du tout à la comprendre. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi on peut vouloir rester dans cette situation alors que tous les moyens pour réussir à sortir de ce fauteuil, tu les as, et ca je le sais." En général, dans ce genre de situation, le soutien moral était le meilleur facteur pour aider la personne à s'en sortir, ce que Wendy avait, et plus qu'il n'en fallait. Mais elle rejetait égoïstement cette aide pour se terrer dans quelque chose qui 'elle voulait faire passer comme une punition, une sentence à tous ses actes passés. "Je trouve ca tellement égoïste... Tu as pris ta décision sans même réfléchir aux effets qu'elle pourrait avoir sur ton entourage. Tu approuves cette décision plus tard, mais que feras-tu quand tu voudras sortir de ce fauteuil et qu'on t'annonceras que c'est trop tard, qu'il fallait s'y prendre plus tôt? Pour moi, c'est une décision qui tu regretteras toute ta vie." Il n'était pas souvent aussi direct et tranchant dans ses réponses, mais là, il fallait traiter le mal par le mal. "Je ne parle pas de moi, tu sais que je resterais à tes côtés quoi que tu fasse, et je ne parle même pas des gens que tu apprécies beaucoup, mais je parle de toi, tu t'en voudras d'avoir pris ce choix si bête, parce que je te connais, et que je sais comment tu fonctionnes." Luke avait plonger la tête la première sans penser aux conséquences.