Impossible. Impossible de l'oublier, lui et son sourire, ses yeux, son parfum, sa douceur cachée sous son allure de macho, la tendresse de ses mots le matin, ses baisers amoureux au réveil. Comment oublier un homme qu'on a aimé au point d'oublier tout le reste ? Je l'aimais, c'était plus fort que moi, d'un amour indéfinissable, incompréhensible et pourtant un amour profond et sincère, malgré tout ce que j'avais pu lui dire lors de notre dernière discussion. Je me voyais bien passer le reste de ma vie avec lui, confortablement installée dans sa maison, réchauffée par un feu de bois en plein hiver et blottie dans ses bras avant de le taquiner pour qu'on se réchauffe d'une manière plus .. ludiques, mais tout cela s'était avéré compromis avec cette histoire de bébé non désiré et bien présent pourtant.. On avait encore tellement de choses à partager ensemble.. Au fond, je regrettais vraiment  de l’avoir laissé partir, comme il regrettait aussi sa réaction, mais c’était trop tard, comme il disait .. Il semblait avoir plus de facilité que moi de tourner la page. Je faisais sans doute face devant les gens, mais une fois seule dans ma chambre, je craquais littéralement comme une adolescente amoureuse.. Adolescente, non.. Amoureuse oui, beaucoup trop pour la situation qu’on vivait ensemble. En fin de compte, j'espérais chaque jour le voir à ma porte, un paquet de mes chocolats préférés et une mine dépitée, s'excusant à tord et à travers pour sa réaction, ses mots.. Juste culpabilisant de ne pas partager avec moi le bonheur d'être parents, mais je savais que je rêvais, que cela n'arriverait jamais.. Et pourtant je ne cessais d'espérer constamment.. En fin de compte, je me disais que tout n'était pas fini, qu'on resterait amis, et que peut-être on reprendrait notre vie ensemble, mais c'était avant qu'il ne décide du jour au lendemain de retrouver son pays natal, l'Autriche.. Moi qui espérait pouvoir visiter ce pays avec lui un jour.. Jamais. Mon bébé et moi irons seul visiter le pays de son géniteur.. Ayant encore toutes ses affaires chez moi, je n'avais pas grand chose à faire pour l'oublier. Les vendre ? Les donner ? Les brûler ? Ou simplement les lui rapporter chez lui. Au fond, il était à Linz mais sa cachette pour sa clé était toujours la même. Après avoir fait un sac de ses affaires, je partis déposer le tout chez lui. Mélancolique, je flânais dans les pièces, il y'en avait que je ne connaissais même pas , je les découvrais pour la première fois... Approchant de la chambre, mon coeur se serrait un peu plus aux souvenirs qu'il y restaient. Son parfum marquait encore l'oreiller.. Prise d'une envie soudaine d'ouvrir son tiroir, ce que je n'avais jamais fais, j'y découvris des photos de Noann et d'une grande et belle femme, bien plus jolie que moi et qu'il semblait aimer profondément. Le coeur serré à l'idée qu'il m'ait quitté pour elle, je fondis littéralement en larmes avant de prendre mon portable  « Je comprends pourquoi tu m’as quitté Noann.. Elle est plus jolie, plus grande, plus mince que moi, cette fille.. Je ne fais pas le point à coté d’elle mais tu pouvais me le dire en face que tu aimais toujours ton ex… » envoyais-je en pleurant littéralement dans son lit.

Quitter Los Angeles n'aidait en rien. En fait, c'était peut-être encore pire. Désormais, à des kilomètres et des kilomètres de Théa, Noann ne pouvait plus vraiment savoir ce qu'elle faisait, où elle était,... Il avait espéré pouvoir cesser d'y penser mais non, il y pensait encore plus, se demandant à chaque instant ce qu'elle pouvait bien être en train de faire. Elle lui manquait, oui, et il fallait être aveugle, ou idiot, pour ne pas le voir et le comprendre. Elle ne pouvait pas savoir, après tout il l'avait quittée sans se retourner et ne montrait pas vraiment son envie, pourtant bien présente, de retrouver leur couple. Fierté, évidemment. Cela parait bête, je sais. Non, en réalité, ça l'est. C'est très bête, vraiment idiot, on ne dit pas "fierté imbécile" pour rien ! En plus de cela il y avait le fait qu'il était blessé, profondément, qu'elle n'ait pas eu la moindre idée de ce qu'ils faisaient ensemble. Il savait pertinemment, maintenant, qu'elle regrettait et qu'elle aurait pu lui donner bon nombre de raisons, mais c'est à cet instant précis qu'il les voulait, trop tard aujourd'hui. Il n'était même plus tellement question du bébé, il acceptait même de s'en occuper et d'assumer son rôle de père. Mais un peu quand même, car il n'était toujours pas prêt. Et revenir à Linz ne faisait que ramener des souvenirs, pour la plupart voir tous, douloureux à sa mémoire. Il se sentait encore moins prêt à être père maintenant qu'il repensait  à son enfance. Mais il ne voulait pas être comme son géniteur, un inconnu pour son enfant. Au fond cela l'encourageait tout en le décourageant. Allongé au milieu de son lit dans sa chambre d'hotel, le jeune homme ne cessait de ressasser toutes les mauvaises décisions qu'il avait prises dans sa vie, à commencer par cette rupture avec Théa. Ensuite venait sa rupture d'il y a deux ans. Puis sa décision d'aller vivre à Los Angeles. A moins que ce ne soit cela, la plus mauvaise décision. Car s'il n'y était pas allé, il ne les aurait jamais rencontrées, de là il n'aurait jamais fini par les quitter. Alors qu'il se posait la question, bien que pas tellement intéressante il faut l'avouer, son portable vibra à côté de lui. Il jeta un coup d'oeil. Théa. Quand on parle, il serait plus exact de dire pense, du loup... Ouvrant le message, il e tard pas à être paumé. De quoi parlait-elle ? Pourquoi cette soudaine idée qu'il l'avait quitté pour une autre ? Tout allait bien avant l’annonce de la présence du bébé, et surtout avant sa réflexion au sujet de leur couple. C'était n'importe quoi. D'ailleurs pourquoi lui parlait-elle d'elle ? Elle n'était même pas censée savoir à quoi elle ressemblait alors pourquoi cette comparaison avec elle ? Il y avait de quoi être paumé. Et surtout, elle choisissait le moment où il était sur un tout autre continent pour venir lui parler de cela ! Niveau confiance c'était de mieux en mieux entre eux deux, elle en venait à croire qu'il était du genre à la laisser tomber pour une autre... « Qu'est-ce que tu racontes ? Tu sais très bien pourquoi on est plus ensemble et elle n'a rien à voir là-dedans. Elle n'est pas plus jolie que toi. Et niveau minceur je te rappelle que tu es enceinte, ça change la donne. De toutes manières je ne l'ai plus vue depuis deux ans alors je ne vois vraiment pas pourquoi tu m'en parles. Envoyant le message, sans un je t'aime, sans rien, cela lui faisait presque mal. En fait non, cela lui faisait vraiment mal. Alors qu'il s'était redressé pour lire, il se laissa à nouveau aller en arrière et fixa le plafond en attendant une réponse.

Folle amoureuse, c’est le moins qu’on puisse dire. Je n’avais jamais souffert autant qu’avec cette séparation pour le moins imprévue. J’étais une femme de caractère pourtant, mais à force de cumuler déception amoureuses sur déception amoureuses, je n’avais plus la force à rien, d’autant plus que cette grossesse imprévue m’épuisait plus que je ne l’aurais imaginé. Nausées, vomissements, douleurs d’estomacs, crampes, .. Les joies des débuts de grossesse. Depuis la découverte de cette dernière, j’avais pris quelques kilos et déjà de légères formes se dessinaient sous mes vêtements mais personne ne pouvaient les apercevoir à l’heure actuelle, bien camouflée sous mes vêtements amples. J’étais encore la seule à les voir, les observer durant de longues minutes après être sortie de la douche. C’est fou mais j’avais vraiment l’impression que mon ventre se transformait de jour en jours alors que mon poids lui ne bougeait que très peu. J’étais seule à les voir ces kilos et dieu sait que j’aurais aimé apercevoir Noann à l’entrebâillement de ma porte, me regarder sous la douche et jeter un coup d’œil sur ce ventre qui se transformera de jour en jour jusqu’à ce que le petit être assimilé à un problème ne voit le jour en pleine forme, je l’espère. Je ne savais pas si retourner chez Noann était une bonne chose, mais j’en avais besoin. Je n’aurai pas eu le courage de me débarrasser autrement de ses vêtements, encore imprégnés de son parfum. Le froid me glaçait le sang et la chaleur de sa maison me faisait du bien. Je pouvais presque sentir l’odeur de nos deux parfums mélangés après s’être douché ensemble au matin pour bien se réveiller avant le déjeuner. J’aurais aimé me coucher dans le lit, me glisser sous ses draps et l’attendre là couchée prête à tout pardonner, à lui dire toutes mes excuses. J’étais prête à tout pour lui, vraiment à tout pour lui et notre bébé, mais cette image. Ce tout petit carré de photo sur laquelle son visage était représenté aux cotés de cette fille, me brisait le cœur.. Mon message envoyé, je n’attendais plus que sa réponse.. Une réponse qui me fit encore plus pleurer.. « Je suis chez toi Noann ! Je suis venue déposer tes affaires parce que je ne voulais pas les bruler ou les donner ! Et je suis tombée sur cette photo avec ton ex. Tu ne l’as plus vue depuis deux ans ? Mais si c’est terminé pourquoi tu conserves encore ses photos ?! Je parie que tu n’as même pas une photo de nous sur toi.. Je n’ai pas compté autant qu’elle.. Elle va rester belle elle tandis que moi je vais grossir et devenir moche et flasque .. Je vais pas être sexy, pas du tout.. J’serai moche avec un bébé et plus personne ne voudra de moi… » répondis-je en pleurant avant de renvoyer un nouvel sms « Je suis chez toi, je pleure à en crever, je t’aime à en crever.. Et j’ai plus rien, tu n’es plus là.. J’y arriverai pas Noann.. Je ne veux pas savoir que tu es avec elle.. C’est avec moi que tu dois être.. C’est avec moi que tu vas avoir un bébé, moi seulement moi.. Je ne veux pas qu’il y’ait une autre femme dans ta vie, je le supporterai pas.. J’ai des putain d’hormones qui me donnent envie de te tuer et tout mon cœur qui me donne envie de t’aimer encore.. Je n’en peux plus.. Je ne veux pas vivre comme ça.. je ne veux plus vivre ça..» envoyais-je à nouveau.

Tout lui manquait chez Théa, même ses petits défauts, même le fait qu'elle mange dans son lit ou dans son canapé et qu'il s'asseye dans les miettes. A chaque fois, et cela arrivait souvent, elle éclatait de rire, se moquant à peine de lui et de son air boudeur, et son rire lui rendait le sourire -qu'il n'avait jamais vraiment perdu car, au fond, cela l’amusait tout autant. Elle lui manquait, qu'il soit à Los Angeles ou à Linz, ou ailleurs, peu importait, parce que quoi qu'il fasse et où qu'il soit ses pensées étaient toujours tournées vers elle. Au début il se forçait à ne pas y penser mais ses efforts étaient vains, parce que quoi qu'il voit celui la lui rappelait. A moins de dormir jusqu'à ce que tout soit réglé -c'est à dire... il ne savait pas vraiment si cela arriverait un jour, en fait- il ne pouvait s'empêcher d'y penser, ne serais-ce qu'une seconde. Par sûr que le sommeil aurait pu l'aider d'une quelconque manière, dès qu'il fermait les yeux il la voyait, et dès que, au milieu de ses insomnies, il trouvait un instant de répit et s'endormait, elle était dans ses rêves. Pas moyen de se la sortir de la tête, alors il n'essayait plus. Il faisait avec. Ou du moins, tentait de faire avec, bien trop fier et toujours extrêmement blessé pour s'excuser et reprendre leur vie de couple normalement. Bien qu'il sache qu'elle s'en voulait et que oui, elle l'aimait, même si elle n'avait pas pu le lui dire le soir de leur dispute, il n'était pas décidé à mettre sa fierté de côté pour s'excuser. Son message le blessa dans les deux sens du terme. D'un côté, il savait que cela lui avait fait du mal de voir cette image et cela lui faisait mal pour elle. De l'autre, elle ne lui faisait toujours pas confiance pour croire qu'il l'avait quittée pour une autre. Se redressant à nouveau, il lut le second message. Alors là elle se trompait totalement. Si elle avait trouvé cette photo elle aurait dû voir les autres. De nombreuses autres. D'elle. Mais sans doute était-elle trop obnubilée par celle de son ex qu'elle trouvait plus jolie. Pas lui. Ensuite, bien sûr que si. Si, il avait une photo d'eux sur lui, et bien qu'il évite de la regarder elle était sur ou près de lui du soir au matin et du matin au soir depuis leur rupture. Depuis qu'il n'était plus quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec elle. « Non je ne l'ai plus vue depuis deux ans. Non elle n'a pas compté plus que toi. Non tu ne vas pas devenir moche et si tu prends du poids c'est normal. Mes raisons de garder cette photo ne te regardent pas, et continues à fouiller dans mes affaires tu verras que toi aussi tu y es. » En quelques sortes il lui disait qu'elle était bel et bien en train de fouiller chez lui. Dans l'autre, il l'encourageait à mieux regarder histoire qu'elle cesse de se monter la tête. « Je ne suis pas avec elle. D'ailleurs je ne suis avec personne. Comme toi je suis seul Théa, je suis parti mais toi et moi on en est au même point. » Exactement au même point. Si on omet le fait que lui n'était évidemment pas enceinte, mais bon, en quelques sortes lui aussi il l'attendait ce bébé parce qu'il avait promis de s'en occuper même s'ils n'étaient plus ensemble. Elle le culpabilisait et cela fonctionnait à merveille, d'ailleurs il n'avait pas vraiment besoin de cela pour s'en vouloir, mais il n'avait toujours ps l'intention de céder. Pas si facilement. Pas si vite. Pas... Tout simplement, il ne comptait pas céder, cela ne changeait rien. Seulement une preuve de plus qu'elle ne le croyait pas alors qu'il lui assurait qu'il était seul. Alors qu'il allait reposer son portable, il se reprit et l'appela. A défaut de pouvoir aller la voir étant donné que des kilomètres les séparaient, il pouvait toujours entendre sa voix. Il en avait besoin, même s'il savait que, au passage, cela lui briserait le coeur.

Lui en vouloir d’aimer une autre, d’aimer encore celle avec qui il avait partagé sa vie avant son arrivée, non. Je ne lui en voulais pas. Mais souffrir, je souffre énormément. Cette souffrance je ne pouvais pas la cacher, je ne pouvais pas passer au-dessus et l’oublier comme si de rien n’était. Non. Je l’aimais trop pour faire comme si de rien n’était, pour vivre ma vie de mon coté alors que je crevais d’envie d’être à la place de la prochaine qui partagerait son lit, qui dormirait dans ses bras et aurait le plaisir d’humer son parfum et de le couvrir de baisers tendre au réveil. Si j’étais faite pour une chose, c’était pour lui. Il m’avait fallu le temps de le comprendre et peut-être que cette grossesse impromptue en était la déclencheur, mais maintenant je savais et j’étais sure qu’il était fait pour moi. Malgré son sale caractère, malgré sa jalousie, malgré nos prises de têtes inutiles pour telle ou telle raison, malgré tous ses défauts, c’était lui. On dit souvent qu’on se rend compte de la place qu’occupe une personne dans notre vie au moment où on la perd. Eh bien au fond c’est exactement ça. Au fond, il avait fallu que je perde l’homme de ma vie pour comprendre que c’était lui l’élu. Comme quoi la bêtise humaine atteint des sommets..  Bref. Il n’était plus à moi, nous n’étions plus ensemble, mais sa présence, son parfum, tout de lui me faisait croire dur comme fer que rien n’était terminé, qu’on était fait l’un pour l’autre et que quoi qu’il advienne, on serait réunis.. Au fond, une pensée me consolait. Le tout petit être qui grandissait en moi était de lui, alors quoi qu’il advienne de nous deux, j’aurais toujours cette petite partie de lui dans ma vie, que j’aimerai autant que j’ai pu l’aimer lui et plus encore. En lisant son message, mon cœur se serra un peu plus.  Mes raisons de garder cette photo ne te regardent pas. Il aimait cette fille, il l’aimait encore profondément pour garder de tels souvenirs d’elle. Bien entendu j’avais trouvé quelques photos de moi au fond de ce tiroir, mais cette fille était en haut de la pile, cette fille il l’avait regardé la dernière avant de nous enfermer dans un tiroir pour partir à Linz. Son second message me fit grincer des dents « Au même point ? Non.. Moi je souffre et toi pas. Moi je t’aime encore et toi plus.. Voilà toute la différence entre nous, parce qu’au fond si tu m’aimais encore, on ne serait plus séparés.. Je ne serai plus seule à pleurer dans ton lit, au souvenir de nos ébats et de ton parfum.. » lui répondis-je en continuant bêtement à faire ce que je faisais le mieux en ce moment : Pleurer. Je n’avais qu’une envie, vider son armoire à pharmacie et me donner la mort. Une mort rapide et indolore. Au moins, je ne souffrirai plus. Cédant peu à peu à une véritable crise d’angoisse, suffoquant à la recherche d’un peu d’air tout en tentant de controler mes larmes, je sentis mon portable viber contre le matelas. Ne répondant pas, le portable cessa de viber avant de recommencer une seconde fois. Voyant le prénom de Noann affiché sur l’écran, je décrocha à temps « Je n’ai pas envie de t’entendre Noann .. Tu sais que t’entendre me fait du mal, que je vais encore souffrir et pleurer pendant des heures sur le sort de notre histoire.. Tu sais que je vais avoir beaucoup de mal à m’en sortir et que cette grossesse n’arrange rien.. Mais tu n’as plus besoin de moi alors je préfère qu’on ne se voit plus, qu’on ne s’appelle plus, qu’on ne parle plus ensemble… Jamais… » lui dis-je entre quelques larmes. « Je t’aime et je t’aimerai toujours c’est bien ça le problème.. Mais il faut que je me protège de la souffrance, je n’ai pas le choix.. J’ai essayé d’en  finir Noann.. J’ai vraiment essayé de ne plus souffrir.. » ajouta t’elle. Son suicide oui. Elle l’avait raté. Nate était arrivé au bon moment pour la raisonner, lui annoncant par la suite qu’il s’était drogué pendant un moment, jetant un froid dans leur amitié. « Toute seule.. Je n’ai plus personne.. »