L’après-midi se terminait petit à petit, la pénombre de la soirée n’allait pas tarder à prendre possession de ce ciel de Los Angeles. Il était l’heure pour moi de prendre la direction de cet aire de jeux. Lorsque je regardais autour de moi, je ne vis que ça, un ours en peluche sur la gauche, un jouet sur la droite, certains sur le canapé, enfin cela me fit lâcher un soupir en signe d’exaspération. Ma vie avait pris un nouveau tournant, depuis l’arrivée de mon fils : Samuel, mais une autre personne était aussi entrée dans ma vie depuis peu de temps : Jordan. Je n’eus pas le temps de retracer notre histoire dans mon esprit, que mon fils savait me prévenir qu’il était l’heure pour lui de manger. Levant les yeux au ciel, je m’approchais de lui afin de pouvoir lui tendre les bras. Il n’avait que neuf mois, c’était encore un bébé, mais je ne pouvais déjà, plus me passer de lui. Je me mis à lui tendre les bras. « Allez viens avec maman ! Et oui ! » Au départ, j’avais souvent considéré le fait que je n’étais pas faite pour être mère, je ne suis pas une grande adepte des enfants. Mais il a suffit simplement que Samuel entre dans ma vie, afin que je puisse m’apercevoir de la chance que j’ai d’être une mère. Tenant le petit monstre dans mes bras, je tentais de sécher ses larmes, mais rien n’y fait. J’avais essayer de lui donner un plat juste avant, mais il refusait catégoriquement de le manger, seul le biberon réussissait dans ces situations. J’avais beau essayé de tenir tête, de me dire que je ne lui céderais, le voir dans cet état, ne cessant pas de pleurer, je ne pouvais rien lui refuser. Samuel se tenait contre moi, tenant son biberon entre ses mains. Je m’étais allongée dans le canapé afin de pouvoir être à l’aise.
Quelques minutes plus tard, quelques câlins en plus, je déposai Samuel de nouveau dans son parc, il n’était pas encore fatigué, d’ailleurs je pensais déjà au fil à retordre que je me donnerais cette énergie débordante qu’il possédait. Je profitai du fait qu’il jouait, afin de pouvoir prendre un peu de temps pour moi, je m’affalais dans ce canapé avec un magazine dans les mains. Cependant, je n’étais pas comme certaines mères de famille, délaissant leur féminité au profit de leur maternité. Je prenais encore soin de moi, de mon corps, d’ailleurs mon travail m’aidait pour ça. Je n’étais qu’une simple employée pour une enseigne de lingerie, mais cela était un domaine qui me plaisait plus que tout. De temps en temps, je jetai un coup d’oeil à l’heure qu’il était, comme si j'attendais patiemment l’arrivée d’une personne, d’un homme en particulier. Bien que nous ne vivions pas tous les deux, c’était tout comme, il venait me rejoindre constamment, il était ici comme chez lui…

Ma vie avait pris une tournure totalement différente, je ne comptais pas tomber enceinte avant une trentaine d’années et pourtant j’étais devenue la mère d’un magnifique petit garçon avant même d’avoir dépassé les 25 ans. A présent, je ne pouvais pas imaginer ma vie sans ce petit être, ce petit bout qui avait le don d’égayer ma vie, comme celui de me mettre dans une colère noire. Je devais partager mon temps entre ce boulot m’obligeant à être constamment aux aguets, à la recherche du moindre petits contrats, de devoir soumettre des idées de projets aux directeurs alors que la baby-sitter pouvait m'appeler à n’importe quel moment pour me signaler ce que mon fils avait fait. Heureusement, ce n’était encore qu’un enfant, il n’était plus un bébé de quelques jours, dans quelques semaines, voir mois tout dépendra de lui, il sera en âge de marcher, plus besoin de le porter constamment. Heureusement que les nouvelles technologie permettait de le laisser promener sans danger dans la maison. Puis il y avait un avantage au fait qu’il ne soit plus un bébé, il fait ses nuits, fini les biberons tous les deux heures. J’eus énormément de mal à me faire à cette situation, mais heureusement pour moi, j’ai toujours eu du soutien à mes côtés, donc lorsque j’entendis ces coups brefs à la porte, un sourire se dessinait sur mon visage.
Je m’approchais de la porte et ne put m’empêcher de sourire encore plus à la vision de Jordan. Je répondis à ce tendre baiser, il m’avait manqué et le savoir présent me fit ce soutien supplémentaire inébranlable. Je restai quelques secondes contre lui, comme pour évacuer le stress de cette journée avant de fixer mon regard dans le sien et esquisser un sourire magnifique. “ Si l’on omet le fait que je suis fatiguée, j’ai tellement de choses à faire, Samuel qui n’a pas été un exemple de sagesse aujourd’hui, enfin c’est comme ça. ”  Je cherchais sa main afin de mêler ma main à la sienne et caresser tendrement son visage à mon tour avant de refermer la porte derrière lui et le traîner jusqu’au salon. “ Et toi comment s’est passé ta journée ? Comment va-t-on père ?  ” Je connaissais ces histoires de famille. Je le laissai prendre place dans le canapé avant d’ajouter.  “ Tu veux boire quelque chose ?  ”  J’en profitais pour jeter un coup d’oeil à Samuel jouant calmement dans son parc. Bien que j'étais fatiguée, il suffisait de voir Samuel & Jordan pour me donner la force nécessaire pour me lever, pour devenir une petite amie et une mère admirable, de pouvoir concilier la vie parfaite, un emploi non précaire, une situation de famille stable.

Apercevoir cet homme me provoquait un bien fou. Depuis la naissance du petit, il s’est souvent montré présent. Qui aurait cru que nous en serions là à ce moment précis, notre première rencontre ne nous destinaient pas à nous retrouver sur Los Angeles et encore moins, envisager d’emprunter un petit bout de chemin ensemble. Pourtant, à présent, il savait me donner le sourire, il sait se montrer présent à chaque fois que j’en ressentais le besoin. Je m’étais habituée à le voir quotidiennement, pouvoir savoir que je le retrouverais une fois la nuit tombée. Puis, ce fut agréable de savoir que les enfants ne le dérangeaient pas, que Samuel n’était pas un obstacle à notre relation, beaucoup d’hommes se seraient offusqués et seraient partis face à cette annonce. Je venais de le laisser entrer afin de pouvoir partager un petit moment en sa compagnie, ne penser à rien d’autre que me blottir dans ses bras et oublier les tracas de la journée. Je l’emmenais vers le salon où Samuel semblait rester éveillé et prêt à me faire passer une nuit magnifique. Avant de pouvoir m’asseoir, je lançais quelques banalités et ne put m’empêcher d’esquisser un sourire face à l’affection présente entre Jordan et Samuel. « Non, il n’a pas très envie de dormir, mais ça va là il est calme. Mais tout à l’heure, je n’arrivais pas à le calmer. » Je grimaçai légèrement avant de proposer à Jordan de boire quelque chose, mais sa réaction fut différente.
Je fus amenée dans le canapé, à ses côtés, un sourire se dessinant plus intensément sur mon visage. « Avec plaisir !  » Laissant un rire transcendait la pièce, je ne m’étais pas faite priée pour rester blottie dans ses bras. Dans ces moments, je ressentais l’impression que rien ne pouvait m’atteindre. Je relevai le visage face à ses paroles, afin de pouvoir plonger mon regard dans le sien, laissant un ton neutre sur mon visage. « Tu es sur que ça ne te dérange pas ? Tu as eu une journée chargée aussi, puis tu dois être en forme si je veux que tu sois le meilleur médecin de tout Los Angeles. » Je le taquinais, mais j’appréciais ça. Restant blottie dans ses bras, je profitais de la fin de ma phrase afin de pouvoir placer mes lèvres sur les siennes et échanger un tendre baiser. Je laissai mes lèvres qu’à quelques centimètres des siennes afin d’ajouter. « Si tu restes là cette nuit, tu te dois de me laisser te faire un bon repas, chose que tu ne pourras pas refuser !  » Nous avions chacun un logement différent, mais j’appréciais qu’un homme fasse partie de ma vie, qu’il soit avec moi lorsque les nuits se voulaient cauchemardesques, qu’il sache me conforter. Cependant, je refusais de lui infliger les réveils permanents d’un enfant, la fatigue que cela engendrait.