Quand deux hommes qui ont un même point commun se rencontrent

john ∞ keith

« Keith, j’ai essayé. Si ton amie veut notre aide, je ne peux plus rien pour elle. J’ai autre chose à foutre que de me traîner aux pieds d’un type qui veut jouer les durs. Si tu veux lui parler, vas-y, mais ne compte pas sur moi pour le supplier. » Ce furent les dernières paroles de Trevor ce matin, lorsqu’ils en étaient venus à discuter à propos du père de Megan. Keith comprenait tout à fait que son président avait sa fierté et qu’il n’avait pas envie de se donner du mal dans cette histoire. Le blond ne compterait plus que sur lui-même, et ce n’était pas plus mal. Il ne faisait pas ça pour la notoriété, mais juste pour aider la jeune femme. Elle avait semblé très inquiète au sujet de son paternel la dernière fois qu’ils s’étaient parlé, et c’était la raison pour laquelle le biker avait décidé d’offrir son aide. Il trouverait le moment opportun pour voir le père de Megan.

Pour l’instant, ils avaient d’autres affaires à régler. Logan, le sergent des armes, avait entendu parler d’un réseau illégal qui distribuait dans les plus grosses armureries de la ville. Hors de question que leur business soit étouffé par une affaire étrangère. La première chose à faire était de se renseigner à la source. Keith, Buck, Clyde et le Prospect quittèrent le bar pour se rendre dans la première boutique sur leur liste. Ils n’avaient pas l’intention de faire de grabuge, juste de discuter pour savoir ce qu’ils voulaient. Sur la route en file indienne, les bikers gardaient un certain rythme, ne se préoccupant pas des regards des passants, en particulier les touristes. Evidemment, les motards américains faisaient rêver les étrangers. Ils arrivèrent enfin devant l’armurerie, et coupèrent le contact de leurs Harley. Pied au sol, Keith retira son casque et le posa sur le siège pour prendre le temps d’enlever ses gants. Clyde, le plus âgé des quatre, fronça les sourcils en regardant par-dessus l’épaule du blond. « Qu’est-ce qu’il a ce type à nous mater comme ça ? » Keith se retourna lentement pour voir un homme venir dans leur direction. N’ayant encore jamais fait face au père de Megan, il ne pouvait l’identifier, et se contenta de l’observer de haut en bas. « J’en sais rien. » Il remarqua le poignard, et se retourna complètement avant de passer une main dans son dos. Clyde l’avait remarqué aussi, et croisa les bras. Inutile de s’alarmer. « Un problème ? » lança Keith d’une voix forte à l’adresse de l’inconnu.

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Keith aurait pu ne pas faire attention à cet homme, il n’était pas du genre à faire spécialement attention au monde qui l’entoure, il préférait largement s’occuper de lui et de ce qu’il avait à faire. Malheureusement, Clyde avait les yeux partout et ce regard insistant de la part de l’inconnu n’était pas passé inaperçu. Le quarantenaire avait prit son air grognon, les sourcils froncés, et les lèvres serrées derrière sa barbe. Le blond, quant à lui, tentait de connaître la raison de tout ça, jusqu’à entendre sa réponse. Il haussa les sourcils, et eu un mouvement de recul avec la tête, comme amusé par ce qu’il venait de dire. Clyde avança d’un pas et bomba le torse, digne de son comportement de gros dur. « Oh, qu’est-ce que t’as… » Keith le coupa en se mettant devant lui, et posa une main sur le torse de son aîné en lui lançant un regard insistant. « N’insiste pas. » Buck et le Prospect derrière, n’avaient pas bougé. Ils avaient cette fâcheuse manie d’attendre les consignes, comme toujours, et préféraient ne pas prendre de décisions, surtout si on pouvait estimer qu’elles étaient mauvaises. « Pourquoi tu n’avancerais pas avec les deux ? » demanda Keith en désignant l’entrée de l’armurerie d’un signe de tête. « Je m’en charge. » Clyde lança un dernier regard à l’inconnu, et contourna son camarade pour aller vers la boutique, suivit de près par les deux plus jeunes. Une fois qu’ils furent à l’intérieur, Keith se retourna vers l’homme dont il ne connaissait pas encore le nom, et s’approcha d’un pas, avant d’hausser les épaules en levant légèrement les bras. « Ecoutez, je ne sais pas quel est votre problème, mais mon ami n’apprécie pas trop qu’on nous dévisage comme ça. Si quelque chose vous dérange, vous feriez mieux de le dire maintenant avant qu’il ne change d’avis et ne fasse demi-tour. »

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Keith préférait jouer la carte de la diplomatie. Malgré son caractère impulsif, il savait se tenir, et dans le cas présent, il était inutile de s’énerver sans savoir ce qu’il en retournait vraiment. Cet homme avait quelque chose à leur reprocher manifestement, ou peut-être que ce n’était qu’une mauvaise impression. Le biker avait donc envoyé ses trois camarades dans la boutique pour que la situation ne s’envenime pas. Mais lorsque l’homme lui répondit, le blond sentit la rage monter. Si Clyde avait entendu ça, il lui aurait sauté à la gorge et arraché le nez avec les dents… Keith fronça les sourcils sans lâcher son interlocuteur des yeux. Et ce fut le déclic. Le père de Megan. Le voilà enfin face à lui. Pas spécialement commode, carrément désagréable, le biker ne s’attendait pas à tomber sur quelqu’un d’aussi agressif. Il se pinça les lèvres et se racla la gorge. « Le trou du cul en question, c’est moi. » dit-il simplement d’un ton froid. Il croisa les bras en regardant le paternel de haut en bas avant de lui adresser un sourire des plus sarcastiques. « Ce surnom n’était pas vraiment nécessaire. Sachant que l’on partait d’une bonne intention. » Il perdit son expression immédiatement. La porte de l’armurerie s’ouvrit. Le Prospect en sortit, mais alla directement vers son misérable scooter pour s’y appuyer. Il ne dirait rien, comme d’habitude. Keith reporta son attention sur le père de Megan. « Vous ne voulez pas de notre aide ? Aucun problème. Megan est très inquiète pour vous, nous n’en avons pas parlé par pitié, mais par solidarité. Elle m’a confié ses inquiétudes, je l’ai écouté, et je lui ai fais une proposition. Vous voulez jouer au dur pour lui prouver que vous être un gros bonhomme ? Soit. Mais il y a juste une chose à éclaircir… » Il s’approcha d’un pas et planta ses yeux clairs dans ceux de son aîné. « Ne me manquez plus jamais de respect. Je n’ai pas l’impression de l’avoir fait avec vous. J’ai pas l’intention de me faire parler sur ce ton par un type qui ne me connaît pas, et encore moins mes frères. »

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Keith avait toujours cette insulte en travers de la gorge, c’était son côté rancunier qui prenait le dessus sur la raison. Cependant, il ne s’énerva pas, ce serait trop facile. Il savait qu’être trop bon n’apportait pas toujours ce que l’on souhaite. Dans le cas de Megan, le biker voulait juste la savoir en sécurité, et surtout qu’elle ne se sente pas inquiète pour une raison quelconque. Les histoires de son père l’effrayaient, et elle l’avait bien prouvé au blond qui ne pouvait pas se permettre de la laisser comme ça. Le monde du crime dans cette ville était dirigé par des gangs, et dans ce domaine, les Scavengers avaient une bonne influence. En conflit avec d’autres, ils étaient pourtant de bonne réputation, et tout le monde savait qu’il ne valait mieux pas leur chercher des ennuis. Lorsque Trevor avait apprit pour les affaires du père de Megan, il s’était empressé de s’en mêler, pour une seule raison : personne ne s’amuse à buter des gens dans sa ville. Choix judicieux, et Keith se servait de ce prétexte pour protéger son amie. Dans le sens, tout le monde était gagnant dans l’histoire. L’homme en face de lui était pourtant toujours aussi têtu, carrément butté. Le biker soupira de lassitude. Le Prospect, toujours près de son scooter –n’ayant pas le droit à une vraie bécane de par son statut-, tendait l’oreille pour écouter la conversation. « Et vous ne la protégerez pas longtemps en amenant des emmerdes ici justement. » répondit le biker du tac au tac. Il sortit son paquet de cigarettes de la poche intérieure de son blouson, et en cala une entre ses lèvres. « Vous auriez du la voir quand elle m’a parlé de vous… » Il alluma la cigarette et rangea le Zippo dans sa poche. « Elle est vraiment morte d’inquiétude à votre sujet, et pour vos amis aussi. Je ne lui ai pas proposé notre aide pour me mêler de vos affaires, ce n’était pas mon intention. Je voulais seulement aider, je ne vois pas où est le mal. Libre à vous de considérer ça comme une menace. » Il haussa les épaules et tira sur sa cigarette. « Ces types, ceux qui vous en veulent, s’ils viennent foutre le bordel ici, beaucoup de personnes seront impactées. Pas seulement vous, ou Megan. »

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La vanité, la soif de pouvoir et de notoriété étaient les fils conducteurs du club. Ils ne s’étaient pas installés en Californie pour se la couler douce, mais pour étendre leur influence. Le Texas était déjà sous leur contrôle, et toutes les activités criminelles qui s’y produisaient ne passaient pas entre les mailles du filet. Ici, ils faisaient leur nid mais n’étaient pas les seuls. D’autres gangs sévissaient ici et là, mais chacun se donnait corps et âme dans cette guerre de territoire comme si rien d’autre ne comptait. Ils avaient tous leurs façons d’agir, mais les Scavengers étaient uniques en leur genre. Inutile de harceler des innocents ou se montrer menaçant avec tout le monde. Ils préféraient obtenir des faveurs en échange d’un service, un respect mutuel qui portait ses fruits. Il arrivait que certaines personnes soient plus en confiance avec eux qu’avec la police. Pour ça, les bikers pouvaient se vanter. De fil en aiguille, les affaires du père de Megan pouvaient un tant soit peu les concerner. Si des hommes mal intentionnés foutaient les pieds ici, ils devraient répondre de leurs actes. Inutile d’attendre que le pire soit passé, il fallait anticiper, et Trevor l’avait bien comprit lorsque Keith lui avait déballé ses arguments. Il ne s’attendait pas à ce que le paternel de sa meilleure amie accepte et était prêt à jeter l’éponge, en se disant que tout ça finirait très mal.
A la question de son aîné, le blond tira une longue bouffée de sa cigarette et cracha la fumée vers le ciel. Il ne voulait pas parler ouvertement de ça en pleine rue, il se montrerait donc subtil. « Éliminer la menace. » C’était clair. Il n’était pas décisionnaire au sein du groupe, mais il savait que son président voudrait trouver ces types pour les mettre hors d’état de nuire, d’une manière barbare probablement, mais c’était la meilleure chose à faire. « Je me doute bien que vous êtes des hommes… compétents dans votre domaine. Nous ne voulons qu’une chose : qu’ils disparaissent. » Il tira une autre bouffée de sa cigarette et passa une main dans ses mèches blondes. « Et moi, je veux que Megan soit rassurée, qu’elle soit soulagée à l’idée que son père ne risque rien. »

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Keith ne savait trop sur quel pied danser avec cet homme, s’il devait se méfier ou simplement lui montrer qu’il était prêt à lui offrir son aide quoi qu’il en coûte. Ce n’était pas chose facile, mais en ayant face à lui un type difficile à cerner, le biker préférait rester sur ses gardes et ne pas trop s’avancer. Megan avait accepté d’en parler avec son père, tout comme elle avait vu l’aide du club comme une sorte d’avantage. Ce n’était pas l’avis de tout le monde manifestement, mais allez savoir, peut-être que les choses changeraient. A la réponse de son aîné, le blond fut d’abord surprit, et comprit alors qu’il y avait un semblant d’espoir. Il hocha doucement la tête. « Entendu, nous vous attendrons là-bas. » Alors qu’il prononçait cette phrase, Clyde sortit de l’armurerie en compagnie de Buck. Ils vinrent vers Keith, et le quarantenaire s’autorisa un bref regard en direction de John, avant de plier un papier qu’il tenait entre les mains et de le ranger dans la poche intérieure de son blouson. « J’ai ce qu’on voulait. On ferait mieux de rentrer. » dit-il avant de se dirigea vers sa moto. Le blond soupira et reporta son attention sur le père de Megan, avant de lui adresser un léger signe de la tête, par pure politesse. Il jetta sa cigarette par terre et l’écrasa avec la pointe de sa chaussure. Il tourna ensuite les talons et alla vers sa propre bécane, qu’il enfourcha en mettant son casque. Les quatre bikers démarrèrent, et chacun quitta le bord du trottoir en file indienne pour s’engager sur la route.

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Une fois ces dernières paroles échangées, Keith et les trois autres bikers quittèrent les lieux pour revenir au club. Ils avaient d’autres affaires à régler, et Trevor attendait les informations depuis quelques temps déjà. Une fois au bar, les quatre hommes garèrent leurs Harley près de l’entrée et poussèrent la porte. Comme d’habitude, il n’y avait aucun client, pas besoin de toute façon. Carrie se tenait derrière le bar, et leur adressa un sourire lorsqu’ils contournèrent le comptoir pour se rendre dans le grand salon, là où devait probablement attendre leur président. Clyde fut le premier à entrer, et sortit immédiatement le papier de sa poche pour le donner à Trevor, affalé sur sa chaise en bout de table. Les autres bikers entrèrent, et tous s’installèrent, la réunion pouvait commencer, et cette discussion se devait d’être extrêmement sérieuse.

Alors que le débat battait son plein, quelqu’un frappa à la porte et ouvrit. C’était Carrie, elle observa les hommes d’un air gêné, avant de porter toute son attention sur Keith en souriant nerveusement. « Il y a un homme qui demande à te voir… » Le blond fronça les sourcils et tourna la tête vers Trevor. Ce dernier se leva de sa chaise, ainsi que tous les autres membres. La quinzaine de bikers sortit de la pièce en file indienne, Keith en tête, et lorsqu’ils arrivèrent au bar, il reconnu immédiatement l’homme. Il s’approcha de lui et lui tendit la main. « Merci d’être venu aussi vite. » dit-il tandis que Trevor avançait à son tour. Ses camarades restaient en retrait et observaient la scène en silence, alors que Carrie reprenait ses activités sans s’occuper de ce que les hommes faisaient. « Venez. » Keith lui fit un signe de tête et retourna dans le salon, où tous les hommes revinrent aussi. Trevor alla s’installer à sa place habituelle, certains s’assirent aussi, alors que d’autres restaient debouts. Keith indiqua une chaise vide à John. « J’aurais une simple question avant de commencer : avez-vous l’intention d’accepter notre aide, ou non ? »