C'est la fête, c'est la fête, service garantie impec'...
Pourquoi ce satané refrain ne voulait-il sortir de l'esprit de notre jeune et intrépide héros ? Allez savoir. Alors que lui-même ne résistait plus à la tentation et commençait à fredonner ces quelques paroles à haute et intelligible voix, ses camarades autour de lui firent simplement la sourde oreille et imaginèrent qu'il s'agissait d'une vieille formule antique ou d'un extrait d'un poème russe oublié de tous. Personne n'aurait jamais cru que Eros, le Eros, Eros aux Optimals qui pleuvaient sur ses devoirs, puissent simplement chantonner le refrain d'un dessin animé. Et pourtant. Comme quoi. La culture, après tout, c'est comme la confiture. On en trouve parfois même au fin fond du placard de la cuisine.

Ses yeux papillonnant d'un élève à un autre, le jeune homme n'était pas vraiment attentif à ce qui se passait autour de lui. Quoi, la Salle Commune des Serdaigles avait été inondée, ils allaient devoir partager celle des Serpentards ? Et alors ? C'était génial, non ? Que pouvait-on espérer de mieux ? Non seulement c'était magnifique, mais en plus de cela on avait réussit à échapper à une nouvelle guerre entre sorciers en séparant les Gryffondors des Serpentards. Pour l'heure, de toutes manières, c'était la fête. Et il comptait bien en profiter.

Pas d'alcools forts, mais ce n'était pas grave. En réalité, c'était même mieux ainsi, il ne serait pas tenté. Non pas qu'il risquait de faire ressurgir des tendances alcooliques des tréfonds de son passé secret au Mexique, mais au contraire, il risquait de boire pour impressionner une jeune donzelle et il tomberait dans un coma éthylique à la première gorgée. Pas la peine, donc. Par contre, les petits-fours, cacahuètes et autres olives noires lui faisaient de l'œil sur le buffet. La direction assistée de son estomac prit le relai et il s'y retrouva en moins de deux. Il enfourna trois toasts d'un coup dans sa grande bouche sans remarquer le regard de dégoût que lui lançaient quelques élèves autour, et remonta ses lunettes qui glissaient dangereusement vers sa bouche, elles aussi apparemment fortement attirées par la nourriture. Deux poignées de cacahuètes et une Bièraubeurre plus tard, le directeur sembla avoir enfin finit son discours, si l'on en croyait la rumeur de la foule qui commençait à s'élever et le nombre croissant de personnes se rapprochant du buffet à leur tour.

Fourrant sauvagement quelques réserves dans ses poches et chopant au passage une autre bière, Eros se détacha à regret de ce lieu paradisiaque et partit sans se retourner de l'autre côté. Il n'aimait pas la foule. Avait toujours été ainsi, avait toujours aimé les gens, tous les gens, mais séparément. Pas ensemble. Ensemble, pour Eros, ils étaient un danger. Allez savoir pourquoi. Quoique. Se retourna quand même, histoire de lancer un dernier regard à la nourriture, soupira, se retourna à nouveau, dans le bon sens, cette fois, et se prit quelqu'un en pleine face.

« Et merde ! » Eros, toujours gentil, toujours adorable, vraiment, et d'une galanterie à couper le souffle. Mais ne lui demandez pas de surveiller son langage. « Bordel de merde, putain, et ma... Ben oui, oui, ma veste est foutue. » « Oh désolé. Je suis vraiment désolé. Excusez-moi, je... euh... » Eros soupira. « T'inquiète, va, c'est pas ton verre, c'est le mien. C'est ma putain de saloperie de bière, ouais. C'est pas... » Il renifla. « Ta vodka. C'est bien de la vodka, non ? » Ne lui demandez jamais non plus de reconnaître des alcools.

L'autre était à moitié par terre, puis il se releva, marmonna un « Recurvite » et leva enfin la tête vers Eros. Qui en oublia immédiatement sa veste. « Waw. » Oups. Marche arrière, Eros, tu ne vas pas lui demander le mariage comme ça, quand même ? Attends un peu. Cherche une entrée en matière. « J'veux dire, euh. C'pas grave. La b-boisson, tout ç-ça. Le plus important, c'est t-t-toi, moi, le mo-moment présent, quoi. On s'com-comprend ou p-pas ? » Tu t'embrouilles, tu t'embrouilles, t'es débile, t'es ridicule, mais mon Dieu que ce mec est sexy. Et doux. Oh oui, doux, ça se voit dans ses yeux. Et t'as vu le mouvement de sa main quand il a nettoyé le sol d'une formule magique ? La grâce incarnée. Il était pas là les années précédentes... Un nouveau ? Ok, il est à moi. Mon Dieu, mon Dieu, je l'aime. « M-moi c'est Ero-Eros. » Et arrête de bégayer, bordel ! « Et toi ? C'est quoi ton p'tit nom ? » Oh oui, là, oui, c'est bien, je t'aime, toi, tu sais, ça Eros ?