Mike venait de m'appeler alors qu'il se trouvait à l'hôpital. Et nous étions toujours sur facebook alors que nous nous parlions tout de même à l'aide de nos portables. Il venait de me demander de lui dire pourquoi je n'allais pas bien. Mais je voyais les choses différemment maintenant que je savais qu'il attendait un foie. « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée... » Dis-je pour commencer puis je me suis reprise. Il avait le droit de savoir du fait qu'il venait de m'avouer pour son foie. Et quoiqu'il m'en coûte, j'allais tout lui dire... Après tout, ça ne changerait plus rien maintenant... « D'accord alors je vais te le dire... J'étais enceinte et... Et le tremblement de terre a fait que je ne le suis plus... » Rien que ça, j'en avais mal au ventre. Mais en parler ne me ferait pas de mal. Je l'espérais tout du moins...

Je savais que tout lui dire n'allait pas être chose facile. Et lorsque j'ai enfin réussi à tout lui dire, je sentais les larmes couler le long de mes joues. Et plus je réfléchissais à tout cela, plus mon coeur s'affolait, plus mes yeux devenaient humides. Je détestais ça, mais j'étais loin d'avoir tout surmonté. Et ce drame allait me poursuivre encore pendant un moment...

Mike me demanda qui était le père. Après tout, j'étais bien partie pour tout lui avouer et parler me ferait peut-être du bien ? Je n'étais sûre de rien. Mais maintenant que je pleurais, autant aller jusqu'au bout. Je faisais d'ailleurs de mon mieux pour qu'il ne m'entende pas pleurer. Je reniflais discrètement, de sorte qu'il ne s'en rende pas compte. Mais tout cela était bien trop éprouvant pour moi. J'ai pris sur moi tout en m'appliquant à dire : « On ne pense jamais que ça vous nous arriver mais si... C'est pourtant le cas... » Commençais-je par dire. « Le père est au courant et tu le connais bien, très bien même. Mais te dire de qui il s'agit ne changera rien, malheureusement... Et j'espère que ça ne t'arrivera jamais parce que c'est vraiment horrible... » D'un côté, j'avais envie de tout lui dire : de l'instant où j'ai appris que j'étais enceinte à celui où je n'avais pas encore décidé quoi faire pour le bébé. Mais quelque chose m'en empêchait. Et sans vraiment m'en rendre compte, j'ai continué : « Le père, c'est Matthew. Enfin, c'était... Il ne voulait pas de ce bébé et moi... Je ne savais pas quoi faire. Je l'ai perdu avant de prendre une décision. C'est horrible... Désolée de te dire tout ça alors que tu vis pire que moi en ce moment... »

C'était difficile pour moi de ne pas pleurer en parlant de "ça". Et pourtant j'étais la fille qui avait toujours su garder en elle ce qui n'allait pas. La fille qui ne pleurait jamais ou tout du moins surtout pas en présence de qui que ce soit. J'avais bien changé... J'étais devenue quelqu'un d'autre, quelqu'un qui n'avait plus rien à avoir avec la Wendy méchante et garce que tout le monde connaissait. Et je ne n'en étais pas au stade à me poser des questions sur le comment je prenais la chose. Pour le moment, tout ce que je voyais, c'était que ma vie s'effilait et partait en morceaux, chaque jour un peu plus. Savoir que Mike m'écoutait tout en répondant que perdre son foie n'était pas si important, c'était important à mes yeux. « Non, toi ne dis pas ça... » Je ne pouvais plus lui cacher. Les larmes ne cessaient d'affluer et je ne pouvais plus me retenir. Il allait falloir que j'apprenne à me retenir une bonne fois pour toute, mais je n'étais encore pas prête pour ça. « Et merci, parce que tu as dit tout ce que j'avais besoin d'entendre. Mais je ne sais pas si abuser de toi est une si bonne idée... Mais merci beaucoup d'être là, c'est déjà beaucoup. Et c'est plutôt à moi de t'aider cette fois-ci. Alors si tu veux, on s'aidera mutuellement. » Ça me faisait réellement du bien de l'entendre me soutenir comme il le faisait. Beaucoup diraient que je mérite ce qui m'arrive mais Mike n'a pas fui. Alors qu'on ne se connaissait pas plus que ça, il n'a jamais fui, c'était juste super. « Quand tu auras trouvé un nouveau foie, ce qui va très vite arriver, on se fera des soirées pour penser à autres choses... » Je voulais y croire même si le moment ne s'y prêtait pas réellement. Il allait pourtant bien falloir que je remonte la pente un jour ou l'autre. Me renfermer sur moi-même comme ça ne changerait rien à ce qui s'est passé, ça ne ferait qu'empirer les choses justement. Mais je n'étais pas encore prête à avancer. Mais parler avec Mike me faisait du bien. C'est pourquoi je n'ai pas pris congé de lui.

Je doutais tout simplement parce qu'à part un mec sur toute cette terre, ils étaient tous pareils. Toujours à vouloir coucher, toujours à vouloir "se faire la bombe" du coin comme ils disaient. Et avant "la chose", je me pliais à cela, je dirais même que j'en jouais. Mais plus maintenant. Toute cette histoire de Matt et de tremblement de terre m'a anéantie. A cause de cela, je n'étais plus la même et quelque part, ça me tuait aussi. Tout ceci faisait que je courrais droit à ma perte. Mais je n'étais pas prête à faire autre chose pour sortir la tête de l'eau. Alors je me contentais de pleurer, indéfiniment... Et entendre Mike parler de la sorte me mettait du baume au coeur. Je ne savais rien de ses intentions, j'avais simplement envie de parler, avec lui qui plus est. C'était étrange de ressentir une telle chose quand on sait qu'on a fait connaissance à une fête et qu'on ne s'est jamais revus depuis. Mais lui parler me permettait de décompresser, chose hautement étrange. Mais passons. Il fallait que je lui réponde et les larmes dans ma voix ne me permirent pas de dire grand chose. Cependant, j'ai tout de même pu articuler correctement ces quelques mots : « Alors faisons ça. Mais promet-moi une chose... Je sais que ça peut paraître égoïste de ma part mais je connais la gente masculine et j'en ai assez de jouer au chat et à la souris. Alors promet-moi qu'on ne couchera jamais ensemble. Après ça, on pourra s'aider mutuellement. » Je ne voulais pas gâcher le lien qui s'installait petit à petit entre nous. Je voulais juste m'assurer que tout était clair, j'en avais besoin pour avancer. Quant à sa réponse au sujet de son humoristique, j'ai souri et répliqué : « Il va te falloir déployer tout ton don alors, parce que l'humour n'est pas ce qui caractérise mes journées en ce moment. Et j'ai compris, t'inquiète, ne t'en fais pas. »