Chaque personne est différente. Chacun a son propre caractère, son propre tempérament, ses principes, ses idées fixes, ses objectives, ses rêves. Je me suis toujours promis de ne jamais tomber amoureuse et de ne surtout jamais succomber aux délies de l'amour. Je ne connaissais que trop bien les conséquences qui en résultaient. Dans le meilleur des cas, une séparation à l'amiable. Mais la tristesse est toujours là. Et dans le pire des cas, la trahison fait partie de l'équation finale. Et là, c'est pire que tout. Je pouvais en parler pour en avoir fais les frais. Et maintenant, j'étais pourtant en couple avec Luke. Ça s'était fait naturellement, bien qu'assez difficilement. Mais je pouvais ressentir le bonheur, ce bonheur que j'ai trop longtemps renié et laissé de côté. Je ne voulais plus avoir à ne plus le sentir en moi. Je voulais rester près de Luke aussi longtemps que possible. Je savais qu'il ne me supporterait pas très longtemps, j'ai un tempérament de feu, mais je profitais au maximum du temps passé à ses côtés. Depuis Halloween, chacun a sa manière de faire face aux choses. Personnellement, je ne parle à personne de ce qui s'est passé. Et du fait que je me trouvais dehors, je n'étais pas à plaindre. J'avais peur pour Luke et ma sœur, qui se trouvaient à l'intérieur, là où l'horreur faisait rage. Mais Luke non plus n'a pas l'air de vouloir en parler et je ne veux pas le brusquer ou l'obliger à me confier des choses dont il ne veut pas parler. Il est si doux, si attentionné et si gentil que c'est pour toutes ces raisons que je le soupçonne d'être un ange. A cela, il répondit que c'était peut-être une image qu'il se donnait. Qu'au fond, il pourrait être le vrai dur et surtout un vrai méchant. Mais j'étais certaine qu'il plaisantait. Je voyais bien qu'il jouait avec moi. Et même si ça n'avait pas été le cas, j'aurais tout de suite su qu'il mentait. J'en ai connu des mecs méchants et Luke n'avait pas la carrure pour l'être. Aussi bien moralement qu'au niveau du caractère. Et c'était pour ça que je l'aimais. « Mais bien-sûr. Et comme je sais que ce n'est pas le cas, je n'en pense rien du tout. Tu ne peux pas être méchant. C'est dans ta nature d'être gentil et attentionné. » Mais contrairement à lui, j'étais loin d'être un ange. Il accepta le défi qui consistait à faire de moi un membre de son groupe. Je doutais fortement d'être capable de devenir un ange, mais libre à lui d'essayer. Et grâce à cela, je pourrai passer plus de temps en sa compagnie, c'était tout bénef comme on dit. Il ponctua sa phrase par un « ma chérie » qui me donna des frissons. Jusque là, j'avais été la seule à utiliser ce genre de qualificatifs affectueux. Luke s'en était abstenu. Je ne lui en voulais pas. Mais j'étais heureuse qu'il ait réussi à le dire. Le sujet des cartes de vœux clos, il m'embrassa. Puis nous voilà parti à parler de nos relations passées. De mon côté, ce fut rapide, en sachant que je n'en ai eu aucune. Ou presque... En revanche, Luke n'était pas dans mon cas et à chaque fois qu'il sortait avec une fille, c'était la fille qui le plaquait. Je trouvais ça idiot. Je ne savais pas ce que ces filles avaient dans la tête, mais elles ne devaient certainement pas l'aimer suffisamment pour lui avoir fait subir une chose pareille. Quelque part, je pouvais les en remercier. Sans elles, je ne serais pas là aujourd'hui, en train de jouer au bowling avec mon nouveau petit ami. Quant à ma réputation, j'avais plus peur pour celle de Luke que pour la mienne. « Vu sous cet angle, je suis d'accord. Toutes les filles seront jalouse de me voir au bras du plus bel apollon de l’État. » Je ne plaisantais qu'à moitié. Il fallait bien avouer que Luke était beau garçon et que son charme ne pouvait pas nous laisser indifférentes, nous les filles. Lorsqu'il reprit à mon sujet, j'ai senti mes joues s'enflammer, comme lui un peu plus tôt. « Je ne sais pas si tu m'as bien choisie, mais une chose est sure : je suis bien avec toi. Et si je suis capable de faire sortir ce joueur qui est en toi, c'est tant mieux. Soi toi-même et tout ira bien. » Un baiser pour agrémenter le tout et tout était parfait.
La suite des événements ne fut pas si réjouissante. Nous avons commencé à conter nos histoires personnelles, et autant dire qu'il y avait de quoi sortir les mouchoirs. Luke avait peur de la réaction qu'auraient les autres en apprenant toute la vérité sur sa vie. A dire vrai, j'étais l'opposé de Luke pour ça. Je me fichais pas mal de ce que pouvait autrui, ce qui était loin d'être le cas du beau blond. J'ai donc fait de mon mieux pour le rassurer quant à l'effet qu'aura la révélation de son histoire face au monde. Il sembla rassurer même si ses paroles trahissaient toujours une certaine insécurité que je comprenais mieux que personne. « Personne n'a besoin de le savoir. Si ton histoire vient à se savoir, les autres en penseront ce qu'ils voudront, ça ne les regarde absolument pas. Tu n'auras qu'à leur dire que ça ne concerne que toi et personne d'autre, c'est tout. » Pour moi, c'était simple de penser comme ça. Je n'avais pas le passé douloureux de mon petit ami à porter tous les jours de l'année sur mes épaules. Je mesurais difficilement comment il faisait face à cela, chaque jour, chaque instant de sa vie. A sa place, j'aurais préféré tout refouler, mais ce n'est pas non plus une solution. J'étais contente qu'il ait partagé tout ça avec moi. Il semblait l'être également, dans une certaine mesure. Il m'embrassa langoureusement et ce fut le plus beau baiser après celui de mon retour des toilettes. Ses mots me donnèrent des frissons. J'aurais voulu pouvoir lui répondre la même chose. Je me suis contentée de l'embrasser une nouvelle fois. Il tenta à son tour de me consoler, mais même si ses mots étaient rassurants, on ne pouvait pas m'enlever de l'idée que j'étais une mauvaise mère. Je ne voulais plus en parler, c'est pour quoi je lui ai répondu : « J'aimerais te croire... Je vais faire comme si tu avais réellement raison. » Je me suis efforcée de sourire jusqu'à qu'il reprenne le jeu où nous l'avions laissé. La chance nous avait quittés. Je n'espérais plus réussir de strike ou même de spare ou de coup gagnant en tout genre. Mais Luke semblait encore croire en cette chance que je croyais évanouie. Et il avait raison d'y croire puisqu'il réussi un coup gagnant. Il revint vers moi avec la ferme intention d'écouter ce que j'allais lui révéler. J'ai réfléchi un moment avant de dire : « Alors, alors... » Plus de lamentations, ça aurait fait trop en une seule journée. Mais ma vie en était remplie. Malgré tout, j'ai réussi à trouver quelque chose qui ne nécessiterait pas de pleurer. « Alors, je déteste le mensonge, la trahison, les lentilles, les personnes qui se croient supérieures aux autres, Belinda Donovan lorsqu'elle parle des confréries, sinon je n'ai rien contre elle, Matthew Rider, lui c'est tout le temps par contre et pour finir, mon père. Voilà. Sinon, j'adore le chocolat, ô mon dieu que j'aime ça ! J'aime aussi les sucreries, les frites, la photographie, et le plus important de tout, mon fils. » J'avais délibérément omis Luke dans mon énumération. J'ai donc fait exprès de me lever pour aller jouer ma boule et comme par magie, le strike se fit connaître. De nouveau près de lui, j'ai repris : « J'ai oublié quelque chose dans mon énumération, ou plutôt quelqu'un, mais je ne sais plus vraiment qui... » J'ai rapproché son visage du mien et je l'ai embrassé. « Ça y est, je m'en souviens maintenant. » Je l'ai de nouveau embrassé avant de reprendre : « A toi maintenant de tout me dire ! »

J'ai toujours dit ce que je pensais. Je ne voyais pas l'intérêt de mâcher mes mots alors que la vérité devait être découverte, tôt ou tard. Alors pourquoi faire traîner les choses en faisant comme nombre de personnes qui prenaient leur temps pour ne pas blesser leur interlocuteur. Bien sur, les choses étaient différentes avec Luke. Je ne faisais pas semblant mais je prenais mon temps pour m'exprimer. Je ne voulais pas le blesser, je tenais bien trop à lui pour ça. Et j'étais certaine que jamais il ne deviendrait comme ses parents. Des êtres noirs et vils comme eux, c'était loin d'être dans le tempérament de Luke. Bien sur, cela ne faisait pas si longtemps qu'on se connaissait mais ces choses là s'apprennent très vite. J'ai tout de suite senti qu'il n'était pas comme les autres. Il était un garçon timide et gentil, comme peu de représentants de la gente masculine à ce jour. Jamais il ne deviendrait comme eux, sinon je me ferais une obligation de le lui faire remarquer. Mais j'étais certaine que jamais ça n'arriverait. Il était gentil et attentionné, chose que j'admirais chez lui. C'est pour quoi je ne me suis pas gênée pour lui répondre sincèrement : « J'ai toujours raison, tu sauras. » Le sourire aux lèvres je l'ai presque perdu en ajoutant : « Ce n'est pas parce que les gens me traitent de garce que j'en suis forcément une au fond de moi. C'est juste compliqué... A force d'entendre dire que j'en suis une, j'ai fini par le devenir, je crois. Bien sur, je n'ai jamais été un ange, c'est une évidence. Mais tu n'en sortiras pas indemne, si tu restes avec moi. » Je n'ai jamais été aussi sincère de toute ma vie avec qui que ce soit. Sauf peut-être avec Joshua, et encore. C'était tout à fait différent. Je ne voulais pas faire de mal à Luke mais je ne voulais pas non plus lui cacher la vérité. Les gens parlent, et lorsque les langues se délient à mon sujet, ça peut faire mal. Je ne voulais pas laisser mon petit ami dans l'ignorance. Je ne savais pas réellement comment une relation de couple fonctionne, mais je mettais toutes les chances de notre côté, pour que la nôtre ne prenne pas terme de si tôt. Et pour le lui prouver, j'ai même dit qu'il était le plus bel apollon de l’État. Il ne m'a pas cru, comme je m'y attendais. Ses joues se sont enflammées et sa réponse traduisait la gêne qu'il ressentait. « Je l'ai décrété et comme mon vote est très important, il compte pour l’État entier. » Répliquais-je le sourire aux lèvres. Pour ce qui est de la partie « sois toit-même avec tout le monde », je ne pensais pas en être capable. Les gens me connaissaient très bien sous mon enveloppe de garce et de mangeuse d'hommes. Je ne voulais plus qu'ils me voient de cette façon mais le mal était fait. Et même si j'essayais de ne plus être cette fille qu'ils croyaient que j'étais, je n'arriverai pas tout de suite à le leur prouver. « Je ne pense pas qu'ils veulent savoir qui est la véritable moi. Ils ont déjà leur petite idée là-dessus. » Répondis-je à ce sujet. Je ne voulais simplement pas que Luke en pâtisse.
Puis vint le temps des révélations. En entendant celles de Luke, mon cœur s'est serré. J'avais mal de savoir qu'il a vécu tant d'horreurs à un âge si précoce. Mais au diable ce que penseront les gens en apprenant la vérité ! Luke n'arrivait pas à se faire à cette idée et pourtant il s'est allié à mon jugement en le criant haut et fort. Un sourire timide accroché à mes lèvres, j'ai répliqué : « Exactement ! C'est ton histoire, personne n'a le droit de la juger. » J'aurais aimé que cela fonctionne réellement de cette façon. Mais tout le monde a toujours un avis bien tranché sur tout. C'est la vie et ce n'était pas prêt de changer malheureusement. Puis vint le temps de parler de mon fils et de tout ce qui l'entourait. Luke voulait le rencontrer et j'étais flattée qu'il le propose. Je n'avais encore jamais présenté aucun homme à Michael. J'ai toujours pensé que l'amour n'était pas pour moi et que jamais je n'aurais à lui présenter qui que ce soit. Mais la preuve que la roue tourne, puisque Luke était là et que ce que je ressentais pour lui était bien réel. Cependant, c'était encore trop frais et jeune pour que je m'avance en lui présentant Michael. Je pouvais toujours le faire en l'introduisant comme un ami et non comme mon petit ami mais Luke le prendrait certainement mal. Alors pour lui répondre, je me suis contentée de dire : « Pourquoi pas. Un jour, je te le présenterai alors. » Ça ne m'engageait à rien de le dire comme ça. Un jour, c'était vague. Je verrai bien avec le temps comment ma relation avec Luke évoluerait. Il fit d'ailleurs un strike, ce qui lui permit d'apprendre que j'étais accro au chocolat. Il ne releva pas au sujet de sa chef de confrérie, et je suis partie jouer à mon tour en oubliant volontairement de ne pas le citer dans mon énumération des choses que j'aime. J'ai même poussé le bouchon un peu plus loin en faisant semblant de ne pas me rappeler qui je n'avais pas cité. Luke se ficha de moi et je lui ai tiré la langue lorsqu'il cita ma mémoire de poisson rouge. Puis, strike se faisant, ce fut à son tour de m'avouer quelque chose à son sujet. Le sourire aux lèvres, j'ai attendu qu'il parle. « Mmm que de points communs mon cher Branner. » Fais-je en souriant. Il se leva pour aller jouer une nouvelle fois et fit exprès de me rappeler qu'il n'avait rien oublier dans sa déclaration. J'ai fait mine de bouder à l'aide d'une grimace pas très flatteuse. Mais lorsqu'il se reprit pour parler de moi, j'ai souri et j'ai attendu qu'il revienne pour l'embrasser. Il venait de faire un strike et voulait que je lui parle de mon premier amour. Je ne savais pas si c'était une bonne idée mais il m'a bien parlé de ses ex petites amies alors je pouvais bien lui parler de Joshua. Je n'ai pas eu trente six coups de foudre dans ma vie. Ils pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Mais c'est à cause de Joshua que j'ai mal tourné, si on considère mon comportement comme inapproprié. J'ai pris une bouffée d'oxygène avant de me lancer. « Tu sais déjà de qui il s'agit ou tout du moins ce qu'il m'a fait... Il s'appelait Joshua et j'étais folle amoureuse de lui. On était tous les deux au lycée et je suis tout de suite tombée amoureuse de lui. Mais on n'avait pas la même définition de l'amour. Il m'a trompé avec ma meilleure amie de l'époque et je suis devenue... Enfin tu sais ce que je suis devenue. Après lui, je me suis promis de ne plus jamais tomber amoureuse. Mais on ne peut pas contrôler ces choses-là et te voilà. » J'oubliais le père de mon fils dans l'histoire. Mais il s'agissait encore là d'une autre histoire. « Si je gagne ce coup-là, tu m'avoueras tout sur la fille que tu as le plus aimé dans ta vie. » Repris-je en me levant pour jouer mon coup. J'ai réussi à faire tomber toutes les quilles, comme quoi la chance était parmi nous ce jour-là. « Allons-y, je suis toute ouïe. » Dis-je en revenant m'asseoir à ses côtés.