Lorsque rupture il y a, certaines règles sont à respecter. Elles ne sont pas fondées, elles ne sont écrites nulles part, mais elles vont de soi, elles sont logiques, et normalement, elles sont suivies de façon naturelles, sans se poser la moindre question, parce que c'est ce qu'il faut faire, sans aucun doute. Sans le savoir, Barbie obéissait à la plupart de ses règles sans vraiment s'en rendre compte. Victime d'un ex-copain infidèle, elle avait tout fait en son pouvoir pour s'éloigner du moindre souvenir de leur couple et de ce qu'ils avaient été. Et depuis ce temps, elle s'en était très bien sortie, elle avait même oublié cette relation totalement désastreuse et destructive. Après quelques semaines, voir mois, elle s'était retrouvée, elle avait changée, et elle était heureuse dans sa peau.

Un jeudi matin où elle ne travaillait ni à l'agence, ni au bar, elle se leva tôt, nourrit le chat, se lave, et se prépare un bol de céréale. C'est une journée totalement banale. Le genre de truc qu'elle fait tout le temps, sauf que ce matin là, il n'y avait plus de lait, et que ce matin là, elle avait dû se rendre dans cet épicerie de l'autre côté de la ville, celui où elle allait toujours depuis cette rupture, et ça, juste pour du lait. Mais comme une journée de routine est sujette aux changements, elle se rendit compte que cette épicerie où elle allait pour cette dite rupture était fermée pour réparation. Changement de plan total, mais elle n'en fait pas de cas, parce qu'elle n'y pense déjà plus. C'est donc tout naturellement qu'elle se dirige vers celle qui se trouve beaucoup plus près de chez elle, sans se poser la moindre question à savoir pourquoi elle allait si loin, et elle se surprend même à penser qu'à l'avenir elle ne fera plus tout ce chemin, surtout juste pour du lait. Elle oublie, elle se complaît dans cette nouvelle vie, cette nouvelle elle-même, et en entrant dans le magasin, une étrange nostalgie l'envahit par petite vague. Ce n'est rien du tout. Absolument rien, et elle se souvient de chaque rangée, de chaque emplacement du moindre petit truc, et naturellement, elle se dirige vers la rangée des produits laitiers.

Les boutiques qu'elle fréquentaient était l'une des choses dont elle avait dû se séparer. Un mal pour un bien. Tout ça pour une règle non-écrite, pour éviter à son cœur d'avoir des palpitations si elle le croise, pour éviter de se sentir mal, d'avoir une conversation gênante et de se rendre compte qu'elle est ridicule...

En se rendant aux caisses, elle se promet de ne plus éviter certains endroits pour une raison aussi stupide, mais quelque chose inattendue se produit. Le truc qu'elle avait voulu éviter, le truc qui la faisait changer de quartier dès qu'elle voulait quelque chose à manger. CE TRUC, ce Caleb, ce mec.
Elle se fige avec sa ridicule boîte de lait. Cheveux défait, t-shirt trop grand, mini-short en jeans, l'air d'une gazelle se faisant surprendre par un lion. Elle ne bouge pas de sa rangée, elle le fixe et espère vainement qu'il ne tournera pas la tête dans sa direction, mais ça y est. Et ce qu'elle avait voulu éviter pendant des mois la frappa en pleine gueule. Palpitation et tout le tralala. Ça la fait chier de le voir. C'était son quartier, son épicerie, et fuck les règles de rupture. Ignore-le, et c'est tout....Mais ce n'est pas aussi facile.

Alors qu'il murmurait son nom de façon tragique et presque soufflé (murmure qu'elle entendit quand même), Barbie, prise de la même surprise de le voir, échappa son carton de lait qui explosa à ses pieds. Comme elle était un peu au ralentie, elle baissa doucement la tête pour voir ses affreuses baskette. inondée de lait, et pour finalement remonter la tête pour regarder Caleb. Non seulement elle avait l'impression de s'être pisser dessus, mais en plus, c'était la totale humiliation. Ils ne s'étaient pas vu depuis un bout de temps, et maintenant elle donnait l'impression d'être une moins que rien qui arrivait à peine à tenir un carton de lait. Elle avait deux choix. Soit elle partait en courant dans la direction opposée en souhaitant de tout cœur qu'il l'ait confondue avec quelqu'un d'autre, soit elle l'affrontait, faisait comme si de rien était (malgré l'odeur de lait), et lui disait bonjour, comme si il ne s'était jamais rien passé. La deuxième possibilité était la moins engageante. Mais elle avait passé à autre chose, même si le regardait lui nouait l'estomac.

Elle ignora le carton de lait et la flaque et se dirigea vers lui dans une marche qu'elle voulait classe et volatile, seulement, elle dérapa légèrement dans la flaque qu'elle avait oublié deux secondes auparavant, se rattrapa de justesse à une étagère qui vacilla avec elle, mais qui ne tomba pas, encore heureux. Enfin, lorsqu'elle revient sur pied, elle lève les yeux, et il la regarde encore. Il aurait pu regarder ailleurs, l'ignorer, continuer son chemin, mais non, son regard continuait de peser sur elle, la jugeant de haut en bas, et n'ignorant pas la pathétique posture où elle se trouvait.

Elle opta quand même pour la deuxième option. Elle se redressa, passa une main dans ses cheveux pour les replacer, puis fit un pas prudent vers Caleb, avec un sourire extrêmement forcé, mais bien présent. «  Hey...Caleb non?»  Ok, faire semblant d'avoir partiellement oublier qui il était n'était pas crédible vu ce qu'ils avaient vécus, mais c'était quand même un bon départ. « Comment tu vas depuis le temps? Toujours sportif à ce que je vois!» Elle lui donne une petite tape sur l'épaule, feignant une familiarité, une fausse complicité, au moins pour se rendre elle-même plus à l'aise, sauf que ça ne marche pas tellement. Elle garde quand même la tête droite. Elle n'est plus la même qu'avant, et étrangement, elle ressent la forte envie de lui prouver quelque chose.

Je ne pouvais rien dire d'autre. Tout ne me revenait que maintenant. En une minute je n'avais pas vue défiler ma vie devant moi comme soit disant ceux qui allait mourir, mais toute ma relation passé avec Barbie et surtout la manière dont elle avait fini. Normalement à ce jour on était toujours ensemble. Après une énième dispute on s'était barré chacun de notre côté. Moi j'étais rentrais chez moi, elle je ne sais où et je peux vous dire qu'à ce moment je m'en tapais. Je m'étais retrouver sur le canapé à fumer avant de voir Robbyn débarquer. Attendre plus d'une heure ma sœur qui n'était jamais venu, d'ailleurs. Puis jusqu'à la faire me rejoindre et passer la nuit avec elle. A ce moment je devais avouer avoir complètement oublié Barbie, ca avait été si dingue quand je m'étais retrouvé auprès de Robbyn, je ne pensais plus rien, et à partir de cette nuit ça avait toujours fonctionné ainsi. Le lendemain je m'étais levé et direction l'Afghanistan. Et voila que des années plus tard je me retrouvais face à mon ex avec qui je n'avais jamais rompu. Et à qui je en savais même plus quoi dire, a part souffler son prénom tant j'étais surpris de la voir. Alors qu'aucun de nous avait déménager. Mais on s'était plus revu. Mince excuse. Je la regardais de haut en bas, elle n'avait pas vraiment changer, son visage était juste passer de poupin à plus adulte, amis elle dégageait toujours la même chose avec peut être plus d'assurance. Tu m'étonnes après tout avec le coup de merde que je lui avais fait. Sans le vouloir en plus. Je pouvais même jurer la dessus. Pourtant quand elle fit éclater les cartons de lait au sol, je doutais de sa confiance. Ou bien peut être que c'était moi qui l'avait déstabilisé autant que moi je l'avais été en me retrouvant face à elle ?  Puis lentement elle se rapprochait de moi. Je ne bougeais pas pour autant. De toute manière qu'est ce que je pouvais faire de plus à part l'attendre sagement comme un con. Je ne savais pas à quoi me tenir et ne préférais rien provoquer. Sait-on jamais. J'affichais un léger sourire à sa maladresse, non elle n'avait pas changer, c'est vrai. Ca en était presque rassurant si j'y réfléchissais bien. Je percevais chacun de ses gestes qui tentaient de lui redonner une certaine constance, ou confiance en elle. Alors que je ne faisais rien à part sourire, comme d'habitude. A croire qu'un sourire pouvait tout cacher. Surtout ce foutu malaise qui me prenait et que forçais à masquer. "Bonne mémoire, c'est déjà" soufflais je ne pouvant m'empêcher d'être moqueur, après tout c'est elle qui avait débuter avec son foutu doute. Donnant, donnant ma belle. Bon je n'en rajoutais pas, au moins elle essaye de parler Contrairement à moi. Sérieux je flippais quand même, et il y avait de quoi franchement. Bordel c'était tellement bizarre tout ça. Jamais je ne me serais imaginer ça. Je ne savais même pas qu'un moment aussi gênant pouvait exister, à part dans les films, ou aux autres. Mais je n'étais pas les autres merde. Wow ça me gonflait tout ça en fait. Le pire c'est de ne pas savoir agir en fait. On ressemblait à ses cons des feuilletons merdiques qui se retrouvaient face à face sans oser échanger un mot."euh bien, et toi ?" Sérieux c'est quoi cette hésitation dans ma voix. Je me racle la gorge, parce que franchement pitoyable le type. Je laisse échapper un sourie et me reprend aussitôt. "Faut bien non?" Puis je lui souris, encore, oui. et Tente une petite blague "Et toi toujours aussi, maladroite" Fallait bien détendre l'atmosphère avant de crever l'abcès. D'ailleurs comment le crever ce bordel ? Puis pas en pleins supermarché. Je devais faire quoi l'invité à la maison ? Sûrement pas. Aller boire un café avec elle ? C'était déjà plus envisageable.

C'était dans de drôles de circonstances que le couple s'était terminé. Enfin pas si drôle. Ils s'étaient engueuler, mais c'était maintenant quotidien. C'était une habitude, alors elle n'avait pas fait attention, elle ne s'était pas inquiéter plus que ça lorsqu'il était partie pour la énième fois, mais cette fois, il n'était jamais revenu, et elle savait que c'était de sa faute. Or, comme elle est extrêmement mature (sarcasme), elle le détestait quand même. Il aurait pu appeler, lui dire qu'il partait, qu'il ne revenait pas. Lui écrire, n'importe quoi. Parce qu'elle s'était inquiéter comme une folle pendant des mois, et il n'avait jamais rien dit. Pour Caleb, leur relation s'était sans doute terminée lorsqu'il était partie pour la dernière fois, mais pour Barbie, ça avait été des mois d'enfer à pleurer, souffrir, et ne plus savoir quoi faire, car il était à l'autre bout du monde. Elle savait que c'était sa faute si il était partie, mais ça avait été inhumain de ne rien lui dire. Ils avaient tous les deux leur part de faute, mais pour le moment, et depuis qu'elle savait qu'il était revenu, elle le détestait pour mourir. Et elle avait beau sourire, faire semblant d'être heureuse de le voir, sa fausse joie commençait à craqueler.

Et elle remarqua qu'il était encore plus mal à l'aise qu'elle. Et elle avait cette impression de ne pas devoir être là. Ça le faisait chier qu'elle vienne lui parler comme si de rien était. Ça le dérangeait qu'elle soit dans le magasin où il avait l'habitude d'aller. Qu'elle apparaisse sans prévenir, qu'elle le regarde, qu'elle respire et qu'elle sourit bêtement, et elle le sentant comme une onde électrique à travers son corps frêle.

Mais il fait aussi bien semblant qu'elle, malgré son sourire et son air crispé. Ils ont l'air de deux idiots. Et elle aurait dû partir dans la direction opposée lorsqu'elle l'avait aperçue. Elle se trouvait stupide. Très stupide. «  Oui..Ça va, et oui, je suis maladroite. Enfin, j'étais surprise de te voir, d'où le décès de ce pauvre carton de lait qui n'avait rien demandé, je peux dire adieu à mes céréales. Je vais sans doute devoir le rembourser... » Et lorsqu'elle était nerveuse, elle avait cette tendance à trop parler, à dire n'importe quoi. Elle voit un commis s'approcher pour nettoyer et chercher le coupable des yeux, elle rougit, puis regarde Caleb, et son futur achat. Un maillot de bain pour fille?...C'était bizarre comme achat, mais elle n'allait quand même pas poser de question. « Écoute, je ne voulais pas te déranger...Je te laisse acheter ton..maillot de bain (elle regarde encore une fois pour voir si il s'agit bien d'un maillot pour fille, puis sourit, amusée.), et..bonne baignade hein! Ça fait plaisir de te revoir. » Et sur ce super mensonge, elle s'éloigne pour informer le commis qu'elle est la coupable de cet accident terrible, et elle sort monnaie pour repayer, trop embarrassée pour retourner au coin des caisses, et aussi parce qu'elle n'a absolument pas envie de devoir recroiser le regard de Caleb qui au fond, doit s'en foutre comme pas possible.

C'était étrange. Vraiment étrange, de se recroiser là, dans un magasin où ils allaient auparavant, à deux.  Encore plus étrange pour ne pas dire paniquant que j'aurai pu y être avec Robbyn. Comment aurai-je réagi avec elle, et face à Barbie .Est ce que j'aurai ignoré la blonde ? Sûrement pas, j'aurai certainement douté mais de la à le faire, c'était peu probable. Comment l'aurai je présenté à ma copine ? Hey bébé j'te présente Barbie, avec qui j'étais le jour où je t'ai chopé, et au fait, on est toujours ensemble parce que depuis je ne lui ai donné aucune nouvelle de moi. Tout comme je ne t'ai jamais parlé d'elle. Mais le pire dans tous ça c'est que j'avais  réellement tout oublié jusqu'à maintenant. C'était affreux, et véritablement dégueulasse. Mais qu'est ce que je pouvais bien y faire, à part faire semblant et sourire. Sourire comme d'habitude pour faire croire que ça va. Pour supprimer cette foutu gêne qui te prend mais que tu ne veux surtout pas révélé. Parce qu'il vaut mieux garder la tête haute qu'avouer qu'on a merdé non ? Je me sentais vraiment minable et ce stupide sourire en coin n'empêchait rien  part me faire me sentir encore plus coupable encore de tout ce bordel. Je passais une main dans mes cheveux en me retenant de soupirer et ne répondais pas à ses premières paroles sachant pertinemment qu'elle ne s'attendait pas à une réponse. Son tic de parler d'un coup restait bel et bien présent et ce genre de petites choses montraient qu'pars tout ce temps rien n'avait changé. Avant on ne se comprenait pas et aujourd'hui c'était la même, bien même si les raisons étaient totalement différente il restait tout de même ce malaise. Mon maillot de bain ? D'un seul coup je suivais son regard et reprenais conscience du pourquoi j'étais ici. Putain Lison, je l'avais complètement oublié. Je lâchais un faible rire, gardais cette moue soit disant souriante. "C'est pour ma petite sœur" Parce que je me justifiais ? Qu'est ce que ça pouvait lui foutre à qui s'était, après tout ça faisait un an. Je lui devais rien, pas après la misère qu'on a vécu ensemble. Je ne renie rien, encore moins les bons moments. Mais les mauvais étaient tellement plus imposants qu'à ce moment il m'était plus facile de me focaliser sur les mauvaises choses, ça en était presque rassurant d'ailleurs. Sans même m'en rendre compte elle se met à disparaitre. D'un seul coup je la rattrape, sors un bien que je lâche au commis pour les cartons de lait. Un lâche un second pour la caissière et ce maillot. "Oh, attend !" soufflais je presque brusque en attrapant le poignet de Barbie "Te barres pas comme ça" C'est moi qui disait ça ? Belle ironie. Je la forçais à se stopper en pleins milieu du centre commerciale. J'enfonçais le vêtement dans un sachet puis la regardai à nouveau  cette fois pleins d'assurance. "Viens on va dans un café" Et sans attendre de réponse je la tirais déjà dans le premier que je voyais. Pas prêt à la laisser fuir. Après tout je lui devais bien ça.