Un vendredi soir, en solitaire. Je sais que ça peut sembler très déprimant, mais pas pour moi. Je vois les choses d'un tout autre angle. Tout d'abord, je tiens à ma solitude, alors je ne m'en plains pas. Détrompez vous, je ne suis pas une âme esseulée, simplement je pense que pour mieux apprécier la compagnie d'autrui, il faut savoir aussi apprécier leur absence. En plus, en général, je ne reste jamais seule bien longtemps. N'y voyez pas là de la prétention, mais c'est vrai. Souvent, on m'aborde et c'est en soirée que je me fais le plus d'amis. J'espère secrètement que ça sera le cas aujourd'hui. Je me prépare, dans ma chambre d'étudiante. Dans mon placard, je sélectionne une robe bleue, bustier et cintrée, bordée de noir. Je l'associe à des ballerines à hauts talons compensés. Pour aller danser, je joue la carte de la sécurité, et du confort. Les aiguilles, je les réserve pour les sorties mondaines, là où on reste assit la plupart du temps. Je relève mes cheveux en chignon lâche, et laisse flotter quelques mèches rebelles autour de mon visage. Enfin, je maquille mes yeux, et ma bouche, très légèrement. Je ne suis pas un pot de peinture, je ne l'ai jamais été. J'ai toujours préféré le naturel.
Une demi heure plus tard, je suis assise au bar du DragonFly, devant un Sex on the Beach. C'est soft et doux pour commencer une soirée. Je résiste bien, même très bien à l'alcool mais tout de même, je préfère y aller doucement. Non loin de moi, un jeune homme commande deux shooters de Vodka. Je l'observe, sans faire réellement attention, plus machinalement que consciemment. Finalement, il remarque mon regard persistant. Je ne rougis pas, je n'éprouve aucune honte, et il n'y a pas a en avoir après tout. Je lui sourie, et lui m'invite à danser. Je finis mon verre d'une traite avant de prendre sa main. Ne l'avais-je pas prédit ? La musique ralentit, et c'est maintenant un slow qui résonne. Pas déroutée pour le moins du monde, je m'approche de lui, et danse plus près, comme le veut la tradition. Ma tête dans le creux de son cou, je peux sentir son odeur. Et mon Dieu, il sent vraiment très bon. Je suis particulièrement portée sur les parfums, depuis petite j'aime bien les gens qui sentent bon, c'est tout de suite bon signe. Quand la musique change à nouveau, je monte sur la pointe des pieds et lui dis, dans l'oreille pour qu'il m'entende : Je vais prendre quelque chose à boire, tu viens? Je lu sourie, et ne lui laissant pas trop le choix, je le tire avec moi par la main jusqu'au bar.

Je lui chuchote quelques mots à l'oreille. A cette vision, certains auraient pu avoir des idées un peu déplacées... Mais non. Et c'est bien pour ça que j'agis de la sorte. Je joue avec tout le monde dans la salle, sauf mon cavalier. Quand on me regarde on peut émettre des tas d'hypothèses, mais seul l'inconnu que je tire désormais par la main sait vraiment ce qu'il me passe par la tête. Il me sourie, puis commande un whisky. J'hésite quelques instants puis opte pour une vodka Tagada. Comme son nom l'indique, c'est de la vodka dans laquelle on a fait macérer des fraises tagada. J'aime bien cette boisson parce que de un, elle est forte, et de deux, elle a un goût spécial, très sucré et en fin de compte, très féminin. Il boit d'une traite sa boisson et m'observe boire la mienne. Je ne change absolument pas d'attitude, je suis plutôt une fille assurée et assumée. C'est à son tour de se pencher pour me demander mon prénom. Alors qu'il allait s'éloigner, je le retiens par la nuque, pour lui répondre : " Jeanne. Je m'appelle Jeanne ! Oh, et je t'en prie, ne me vouvoie pas, je ne suis pas si vieille que ça ! A qui ai-je l'honneur ?" Je parle sur le même ton que lui, un peu amusée. Il veut bien faire, c'est mignon. En gentleman il paye nos deux consommations.
Je le regarde un peu. Je n'ai pas encore eu le temps de le détailler, dans la pénombre du Dragon Fly. Maintenant que nous avons échangé nos places par rapport à tout à l'heure, je le vois mieux. Je peux vous dire qu'il est intéressant, très intéressant même. C'est tout à fait mon type de garçons, brun mystérieux. Je sais que c'est vague comme définition mais mes limites le sont aussi donc... Je suis prise d'une irrésistible envie de l'embrasser, sans savoir pourquoi. Je me mords le coin de la lèvre, mais ne fais rien. J'attends qu'il fasse le premier pas, ou bien d'avoir quelques verres de plus dans le nez. A partir du moment où je pourrais prétendre ne plus répondre de mes actes, ce qui sera surement faux. Il faut que je boive vraiment beaucoup pour être bourrée, à proprement parler. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est en tout cas, très pratique.

Il s'appelle Théodore... C'est un prénom vachement poétique quand même. Ca sonne bien, romantique mais en même temps pas trop. Et puis, on peut l'appeler Théo, et c'est joli Théo. Alors que je l'observe, je me mords doucement le coin de la lèvre. Je crois qu'il a remarqué ce petit détail... Il s'approche de moi, sensuellement. Au ralenti, il effleure ma joue et la commissure de mes lèvres de sa bouche avant de me demander si on allait danser. Je lui réponds avant d'éclater de rire : Ou quoi...? Je rentre dans son petit jeu, qui je dois dire me plait beaucoup. Des frôlements, et rien de plus. Alors que je m'approche, comme pour finalement l'embrasser, ce qu'il doit surement penser, je m'éloigne et le tire avec moi, par la chemise. En quelques secondes nous sommes au plein coeur de la piste de danse. Ce soir, je suis provocatrice, séductrice et je compte bien profiter. Nous dansons au rythme des musiques qui défilent. David Guetta, Les Black Eyed Peas, Jennifer Lopez, Shakira et la liste est encore longue... Je suis une artiste, j'ai le rythme. Bon, je suis d'accord, le cinéma c'est mon domaine mais je chante aussi. Et je joue de la guitare... Quand j'étais au Lycée je faisais souvent des concerts lors des évènements... Une musique douce interrompt les battements effrénés de la House. Ils passent une vielle chanson... Your song, originalement chantée par Elton John, reprise par Ellie Goulding. J'adore cette chanson. Nous repartons donc en slow. Vers le milieu de la chanson, alors que nous nous rapprochons peu à peu, je prend mon courage à deux main, me mets sur la pointe des pieds et colle mes lèvres contre les siennes. Je ne suis pas trop du genre à trop me laisser désirer. J'agis et réfléchis après. Enfin, ce n'est pas valable dans toutes les situations mais quand ce n'est pas très important, je laisse mon coeur et l'énergie du moment me guider.

Your song. L'une de mes chansons préférées. Je murmure les paroles en même temps qu'Ellie Goulding, imperceptiblement. Vers le milieu de la chanson, je décide finalement de l'embrasser. Ça fait quelques temps que j'en ai envie, mais je n'avais pas encore fait le premier pas. Ma petite taille mon contraint à me mettre sur la pointe des pieds pour ça, mais j'en ai l'habitude. J'ai une taille particulièrement petite mais ça ne me gène pas, enfin souvent ce n'est pas le cas. Au moment où nos lèvres se touchent, pour de bon cette fois, je ressens comme un petit contact électrique, une alchimie. Papillons dans le ventre et compagnie... Je dois avouer que ça fait longtemps que ça ne m'était par arrivé. Le baiser est franc et long, ce qui n'est pas pour me déplaire. Autour de moi, le temps semble avoir considérablement ralenti. Nos lèvres se frôlent, nos langues se cherchent, mes bras autour de son cou resserrent leur étreinte. Alors qu'il rompt notre étau, il me demande si je veux toujours danser... Sa bouche est encore à quelques centimètres de la mienne, je sens son souffle chaud contre ma peau. Je lui réponds, un grand sourire malicieux aux lèvres : Pourquoi, tu as quelque chose de mieux à proposer ? Question ouverte, mais pleine d'arrières pensées. Je laisse libre cours à mon imagination ou plutôt à la sienne dans ce cas là. A la seule vue de cette soirée, il pourrait penser que je suis ce qu'on pourrait appeler une fille facile, une Marie couche toi là, mais ce n'est pas la cas. S'il apprend à me connaître, il se rendra compte a quel point c'est faux, et s'il n'essaye pas, ou ne veut pas, ça sera tant pis pour lui. Ce qui est sur c'est que je ne suis pas une fille prise de tête. Sincèrement, je ne suis que peu jalouse, ce qui est plutôt rare de nos jours. Quand je m'engage avec quelqu'un, j'estime que la confiance doit être maîtresse, sinon, à quoi bon...?

Cette sensation est bizarre. Je me sens incroyablement bien mais j'ai également l'impression que tout va trop vite. Habituellement, je m'en fiche, je suis majeure et vaccinée mais là c'est différent. Ce soir, je sens quelque chose de spécial, assez inexplicable. Je sais, je me fais sûrement des idées, mais je ne peux pas lutter contre les pressentiments. Il veut qu'on aille chez lui... Evidemment que je sais ce que ça veut dire, je ne suis pas tombée de la dernière pluie. Avant que je n'ai eu le temps de rétorquer quoi que ce soit, il m'attire avec lui vers l'extérieur. Puis il me dit que nous allons devoir marcher un peu... Je lui sourie en ouvrant la pochette qui est accrochée à mon épaule depuis le début de la soirée et en tire un jeu de clefs. J'ai une autre solution... Toujours la main dans la main, je l'emmène avec moi devant... mon scooter. Je sais, c'est inhabituel de voir une fille, surtout en robe et talons conduire une moto mais premièrement j'adore ça et deuxièmement je n'ai pas les moyens de me payer une voiture. Dans le coffre placé sous le pièce, je cache toujours une paire de ballerines pour les jours où je marche en talons. Je troque mes chaussures contre celles de secours puis range les escarpins dans ledit coffre. Je n'ai pas de casque, habituellement j'en porte un mais mes cheveux étaient coiffés et la résidence des Beta Psi n'est pas très loin du Dragon Fly, alors j'ai jugé inutile de le prendre, je suis prudente de toutes façons. En général, les mecs qui voient des filles en scooter trouvent ça très sexy... J'enfourche l’appareil et invite Théo à faire de même. Faut juste que tu m'indiques la route ! Je dis ça en souriant puis dépose un baiser furtif sur ses lèvres avant qu'il n'ait eu le temps de répondre.

Au moment où il pose ses mains sur mes hanches, je ressens encore le même genre de décharge électrique que tout à l'heure. Les Epsilon Kappa? Bien sur que je connais... Je suis une Bêta Psi ! J'aime bien ma sororité, les filles y sont sympas et les gens nous aiment bien en général. Les pimbêches stupides sont les Alpha Zeta, et nous sommes les filles sympas mais qui bossent. Enfin bien sur, ce n'est qu'un cliché débile, ce n'est pas ce que je pense, mais c'est ainsi que c'est voulu. Je suis fière de dire que je suis une Beta. Heureusement, le campus est près du DragonFly, on y est très rapidement. Le vent dans les cheveux, Théodore derrière moi, je me sens bien. Je coupe le contact arrivés devant la résidence des Epsilon Kappa. Je connais bien le campus maintenant, et la maison Kappa est tout au bout de la rue, près du grand portail. Soit disant pour la liberté. Sur le perron, je l'embrasse à nouveau. Je sais, je suis très tactile. Je l'ai toujours été, peut être un défaut, ou bien une qualité, ça dépend de la personne qui est en face de moi.Rompant le baiser, je demande en murmurant, toujours à quelques centimètres de lui : T'es sur qu'il n'y a personne ? Chez les filles, il y a toujours quelqu'un... donc ça dépend sur qui on tombe. Je me mords le coin de la lèvre inférieure. C'est quelque chose que je fais souvent. Ca n'a pas forcément de raisons, c'est juste une habitude.

Je suis partagée entre deux parties de moi. D'un côté, mon penchant naturel qui me pousse dans les bras de ce bel homme. Et puis de l'autre les valeurs des Beta Psi, déjà ancrées dans mon esprit. Ca ne fait peut être que très peu de temps que je fais partie de la sororité, mais je m'y sens déjà à l'aise. C'est dans les moments comme ça que je suis contente d'avoir fait ce choix. Je dois l'avouer, j'ai longuement hésité entre les Beta et les Alpha Zeta, mais j'ai finalement choisi les premières en grosse partie pour Audriana et puis parce que je préfère être vue comme une travailleuse acharnée que comme une fêtarde sans honte... Même si je suis les deux. Comme souvent dans ces cas là, c'est mon moi naturel qui l'emporte... Et puis c'est aussi bien ainsi. Je ne peux pas laisser les autres décider pour moi. Je me sens libre de mes choix et n'ai pas de comptes à rendre, à personne. Si les Bêta ne sont pas contente, c'est triste à dire, mais je ne pense pas que je changerais... Je suis comme ça. Love me as I am, or watch me as I go.
C'est parfait alors Je dis ça au creux de son oreille, avant de l'embrasser à nouveau, à pleine bouche. Je le sens me soulever.Je me laisse porter, sans rien dire ni rompre le baiser et enserre sa taille de mes jambes fines. Je passe ma main furtivement dans ses cheveux, ébouriffant sa tignasse brune.