Mon nom est Keith Dixon, fils de Grant et Abigail Dixon. Je suis né au Texas, à El Paso plus précisément et suis fils unique. Je ne saurais trop quoi vous dire concernant mon enfance, si ce n’est qu’elle fut la plus banale possible, à quelques détails près. J’étais un enfant comme les autres, je grandissais, éprouvais une curiosité certaine pour le monde qui m’entourait et avait mes envies, mes passions et mes admirations. Depuis tout petit, je suis un grand fan de musique. J’ai été élevé avec de grands groupes de rock, des artistes qui ont fasciné et inspiré mes parents dans leur jeunesse. J’ai appris à jouer d’un instrument très tôt, de la guitare plus précisément. J’ai commencé à l’âge de sept ans en tant qu’activité extrascolaire, ainsi que le dessin et la peinture. J’ai toujours aimé avoir un crayon et une feuille de papier, observer le monde qui m’entoure et immortaliser des scènes. Je me suis trouvé mes passions très tôt et ne les ai pas quitté. A l’école, je n’étais pas un enfant prodige, je faisais le strict minimum pour que l’on soit assez fier de moi et je ne voulais pas en faire davantage. Cependant, j’avais un avantage que certains considèrent comme un inconvénient : mon père avait un boulot assez spécial. Il faisait partie d’un club, mais attention, rien à voir avec un club de golf, un country club ou le club de lecture du quartier non. Il faisait partie de ceux qu’on appelait les Scavengers, un gang de bikers réputé au Texas. Il en était le vice-président, et les revenus qu’il gagnait grâce à ça permettait à ma mère de rester à la maison et de se la couler douce. Tout le monde me connaissait comme le fils de Grant Dixon, le biker impitoyable. Personne ne le cherchait, personne ne tentait de lui mettre à l’envers, et encore moins de me faire du mal. J’étais immunisé contre tout, et je n’avais pourtant à l’époque aucune idée de ce que le statut de mon père signifiait. Je vivais en toute innocence en étant persuadé que mon paternel était juste un mec classe sur une Harley.

C’est à l’âge de treize ans que ma vie a basculé. Sans savoir réellement ce que mon père pouvait trafiquer tous les jours avec son club, j’ai malheureusement été témoin de ce dont il était capable. Il y avait une rumeur à El Paso comme quoi un homme traînait autour des écoles et essayait d’aborder les gosses. On me disait d’être prudent, ce que je fis, jusqu’à ce jour de septembre. Un type m’a demandé de l’aide pour se repérer, je lui ai indiqué la route, mais il a été bien trop rapide pour moi : embarqué dans sa voiture, il a démarré au quart de tour, et je savais pertinemment ce qu’il avait l’intention de faire. Manque de bol pour lui, un des membres des Scavengers passait par là, il a immédiatement averti les autres, et une vingtaine de types en Harley ont débarqué et lui ont bloqué la route quelques kilomètres plus loin. Mon père faisait partie du groupe, et il lui a fait subir la mort la plus longue et douloureuse que je connaisse. Il a mit longtemps à crever, sous les coups des bikers, savaté de tous les côtés. J’ai lu la haine et la folie dans les yeux de mon père, mais il m’a sauvé la vie. Je n’oublierais jamais ça, et surtout, je savais ce que je voulais faire plus tard : suivre les traces de mon paternel.

Mon ambition ne m’a jamais quitté, et je suis entré chez les Scavengers à mes dix huit ans. Scolarité terminée, je ne voulais plus faire machine arrière. J’ai prouvé mes compétences et ma loyauté en accomplissant toutes les tâches que l’on me demandait sans broncher. Certes je n’ai pas eu de traitements de faveur, mais j’ai toujours fait de mon mieux. Au fond, nous sommes des hors-la-loi, mais nous ne faisions jamais de mal aux innocents, c’était hors de question. El Paso n’était pas seulement notre territoire, nous nous étendions au Texas entier, et nous avions une réputation de protecteurs. Nous faisons toujours en sorte que notre nom soit connu dans chaque ville, que personne ne tente jamais de nous nuire, quitte à enfreindre la loi… logique non ? Nous étions aussi polyvalent, embarqué dans plusieurs commerces illégaux. Trafic d’armes, de drogues, proxénétisme… mais dans les règles de l’art. La drogue ne doit pas tomber entre les mains d’enfants, de femmes enceinte par exemple, et nos prostituées devaient toujours être consentantes. En somme, nous avions beau être des criminels, nous savions respecter les vies humaines qui s’étaient liées à nous. Au fil des années, j’ai pris de l’assurance, jusqu’à devenir un membre à part entière et être respecté de tous les membres du club. On ne me voyait pas comme le fils de Grant, mais comme Keith, la recrue qui a su montrer de quoi elle était capable.

A mes 23 ans, le président du club m’a fait partir en Californie, le club devait se diviser et nous devions poser notre marque dans un autre état. J’ai accepté sans hésiter et ai fait mes valises avec d’autres membres pour me rendre là-bas. Nous représentons les Scavengers avec fierté, et nous continuons nos activités sans crainte. En 6 ans, notre réputation nous précède, et bien que nous puissions avoir des conflits avec d’autres gangs locaux, on arrive quand même à se faire une place et à montrer que nous ne sommes pas des amateurs. A notre arrivée, les autres membres m’ont affublé du nom de BlackBird, en référence à mon tout premier tatouage sur les côtes : un corbeau. Je l’ai adopté, et les organisations criminelles du coin me connaissent uniquement sous ce pseudonyme. Et bien que je sois un hors-la-loi, je n’en reste pas moins un être humain, ne l’oubliez pas.




© _Viviie.